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Prof - threads d’Histoire et de Géopolitique plus longs que les livres qu’ils résument - fuit la politique sur Twitter.

Aug 20, 2019, 15 tweets

Deuxième fil de notre thread sur 1789, Les derniers jours de Versailles.
Prenons la température à la Cour début 1789 :
« La Cour, barque trouée sur un long fleuve tranquille » (oui, ce titre est confirmé)
(—> Lien du premier fil : )

On est littéraire ou on ne l’est pas. Le 1er janvier 1789, le marquis de Bombelles écrit : « Nous entrons dans une année qui sera bien remarquable pour l’histoire de France. C’est dans son cours que se balanceront, que se heurteront, que se traiteront les plus grands intérêts ».

... Louis XVI le même jour, dans son journal, écrit simplement (certes tenu par devoir et non par plaisir) : « Grand couvert, neige ».

Le 1er janvier donc, le roi, frigorifié, passe son début de matinée dans sa bibliothèque (construite à sa demande) de 8000 volumes traitant d’histoire, de sciences, d’arts, et de langues étrangères (il lit l’anglais, l’italien et l’espagnol).
Voici la pièce en question :

Messe, puis « dîner » (équivalent de notre déjeuner), et l’après-midi, visites diplomatiques diverses.
Le travail gouvernemental reprend les jours suivants, avec de réguliers conseils tenus en présence des ministres.

Le 4, une comtesse est présentée aux souverains. Elle doit suivre un protocole particulier de préparation :

- Se faire friser par le coiffeur de la reine ;
- Habiller par une marchande de mode connue, Mlle Bertin ;
- Apprendre sur place la révérence prévue avec un spécialiste.

Le tout lui coûte la bagatelle de 1500 livres (environ 15 000 euros actuels).
Heureusement, aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus simples.

Fin mars, le roi manque tomber avec son échelle lors d’une promenade sur les toits du château. Un ouvrier rattrape l’échelle et sauve ainsi le souverain d’une chute certainement mortelle.
Il est récompensé d’une pension de 1200 livres.

9 avril : jeudi Saint. Comme les prêtres chaque année, imitant le Christ la veille de sa Passion, le roi lave les pieds de treize petits garçons pauvres (la reine en fait autant avec treize gamines), et leur sert un repas.

Les conseils s’enchaînent, les petites réceptions aussi, surtout quand le soleil revient. On invite à « dîner » (vous avez compris) des nobles, on fait des jeux de société l’après-midi. Rien à voir avec les énormes fêtes de Louis XIV, qui laisseraient de glace son successeur.

Politiquement, la famille royale est divisée. D’un côté, les tantes du roi, Madame Adélaïde et Madale Victoire, sont conservatrices. Le comte d’Artois se montre très actif en ce sens, notamment contre Necker, ministre des finances (pour résumer), plutôt libéral, que voici :

Quant au cousin du roi, le duc Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres, puis d’Orléans, est résolument libéral (futur « Philippe Égalité »), et s’agite avec les réformateurs les plus farouches. Peut-être en vue d’obtenir la couronne...

À retenir pour la suite : le dauphin (8 ans), Louis-Joseph de France, héritier de la couronne, est gravement malade. On l’emmène à Meudon pour recevoir plus calmement des soins ; ses parents, très affectés et inquiets, lui rendent régulièrement visite.

« On ne conçoit pas qu’un corps si frêle, si fatigué de douleurs et de remèdes, puisse lutter aussi longtemps contre la mort » (Bombelles).
Il est le second, après Marie-Thérèse, avant Louis-Charles (Louis XVII) qui a quatre ans, et Sophie, morte à moins d’un an en 1787.

C’est la fin, moins réjouissante, de ce deuxième fil. Le troisième arrive bientôt : nous verrons comment, en-dehors de cette cour attristée, le pays s’agite dangereusement...

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