Langue & Culture Kabyles 🏔 Profile picture
#KabylianHeritage

Mar 17, 2021, 22 tweets

💜 Sur le lien consubstantiel entre métissage et capacité de sursaut national :

"Plus une race (un peuple dirait-on aujourd'hui) est mélangée, plus il est compliqué de s'entendre sur le chemin à suivre, et adopter les mêmes résolutions"

Il illustre cette incapacité de cohésion et de mobilisation face à l'ennemi, avec le fait qu'en 1830, tandis que l'armée française posait ses bottes sur les côtes algériennes, la défense militaire d'Alger, puisque rattachée à l'Empire ottoman, était composée de janissaires turcs.

L'armée "officielle" de l'Algérie n'étant ainsi pas composée de ses enfants "de sang", il fut aisé aux Ottomans de "vendre" l'Algérie à la France.

Le métissage faciliterait la capitulation d'un peuple, proportionnellement à son niveau d'incohérence (d'homogénéité) ethnique.

💜 Sur la stratégie des Kabyles en 1830 face aux velléités coloniales françaises :

"Certains Kabyles voulaient que la France rentre pour que les turcs sortent".

= Stratégie de triangulation :
Affaiblir l'armée turque de la Régence d'Alger avec l'armer française et inversement.

💜 "Ma kecmend nfeɛnaɣ, ma qqimen ččan-aɣ, ma ṛuḥen wwin-aɣ !", ou la clairvoyance des Kabyles face à la colonisation :

Explicitations ⤵️

⚔️ "Ma kecmend nfeɛnaɣ"

= S'ils (les Français) entrent, nous y avons un intérêt.

➡️ cf. stratégie triangulaire : affaiblir l'armée turque de la Régence d'Alger avec l'armer française, et inversement.

⚔️ "Ma qqimen ččan-aɣ"

= S'ils (les Français) restent, ils vont nous manger.

➡️ Il est dans l'esprit de tout Kabyle qu'il faut participer à chasser l'armée française, et non se contenter de la stratégie de triangulation.

La Kabylie dépêche 25000 hommes dès 1830 à Sidi Fredj.

⚔️ Ma ṛuḥen wwin-aɣ !

= S'ils (les Français) partent, ils nous prendront avec eux.

Cette parole a de quoi étonner tant elle semble prémonitoire. Les Kabyles pressentaient visiblement que rien ne serait plus comme avant.

La Kabylie perdra effectivement sa souveraineté en 1857

🪖 L'armée coloniale à At Yenni :

"L'armée française a pris un mois pour conquérir At Yenni. Par la suite, les Français posèrent une règle de distanciation d'un mètre entre les Kabyles et les Français".

"L'armer française coupa les arbres les plus grands qu'elle disposa au sol pour faire passer ses carrosses plein d'armements".

"Les hommes Kabyles s'en allèrent au village de Lexmis g Isser afin de lever une armée.

Et c'est à l'occasion de la rencontre entre Lḥusin AT LḤAǦ AΣṚAB (qui lui est originaire du village de Tqiccuṛt), et les gens de Lexmis g Isser que restera ce fameux échange :

- "Nṭeq a bab n bʷakal !" dit Lḥusin AT LḤAǦ AΣṚAB, prenant la parole pour les At Yenni.

- "Ala, nṭeq a bab n bʷawal !" lui rétorqua son hôte de Lexmis g Isser.

Traduction ⤵️

Traduction :

- "Exprime-toi, Seigneur de cette terre !"

- "Non, toi exprime-toi, Seigneur de la parole !"
(car c'est toi qui est venu à moi et non l'inverse)

💜 "Tlata teryalin" ou une anecdote sur Σebdslam AT WAΣṚAB, illustrant le courage de nos maquisards.

Quand l'armer française vint à lui, ses proches lui suggérèrent de porter une robe afin de se fondre parmi les femmes et s'échapper...

Ce à quoi il rétorqua :

- "Je suis Σebdslam AT WAΣṚAB, je préfère mourir en homme, plutôt qu'avoir à porter une robe de femme".

Capturé par les français, ils posèrent comme conditions à sa non-exécution qu'il paie "3 réaux" (monnaie de l'époque) et séjourne 3 jours en prison.

Ce à quoi Σebdslam AT WAΣṚAB rétorqua :

- "Ni je ne paierai vos 3 réaux, ni n'accepterai de faire 3 jours de prison. Tuez-moi sur le champs !
Cependant, je vous demanderais une chose : tirer moi dessus en face, et non dans le dos, qu'on ne dise pas de moi que je me suis enfui"

Σebdslam AT WAΣṚAB est mort martyr à At Yeɛla.
Il fut exécuté selon ses souhaits de trois balles dans la poitrine.

Il laisse ce poème à la postérité :

Aqli-yin deg At Yeɛla,
Je me trouve à At Yeɛla,

S wemger i la ḥedfeɣ tirni,
Faucille en main je suis à la tâche, 1⃣/2⃣

Σebdslam si Degnana,
Abdeslam de Degnana,

I-tuṛqed deg-s uṚumi,
Le Français l’a pris en chasse,

Aɛdawen-iw ǧǧiɣ-ten-in,
Je pars et laisse mes ennemis (qui m’ont vendu),

Nek wekleɣ-asen Sidi Ṛebbi.
Leur sors à Dieu je le confie.

Fin. 2⃣/2⃣

💜 Un autre exemple : Dda Σli AT WEΣLI.

Parti faire des papiers à Michelet en 1945-47, l'Administrateur des Services civils lui demanda son âge.

Il lui répondit avec ironie que lors de la Révolte de 1971, il était adolescent et ravitaillait les maquisards à Iceṛṛiḍen.

En 1955, étant âgé et ayant perdu la vue, il demanda a sa femme d'ouvrir la porte aux soldats français qui toquaient à la porte de son domicile, mais avant ça, de cacher une faucille sous un tapis en nattes tressées.

Elle guiderait ensuite un soldat jusqu'à lui, prétendant le souhait de son mari de le saluer d'une poignée de main.

C'est à ce moment qu'il pourrait emporter l'âme du soldat par un bref coup de faucille ! et par la même occasion arracher son salut avant qu'il ne soit exécuté.

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