Francois-Marie Bréon Profile picture
@ENS_Ulm. Physicien-climatologue. Vélotaffeur fréquent et alpiniste occasionnel. Porte-parole de l'@afis_science. Tweets perso (i.e. n'engagent pas l'AFIS)

Apr 16, 2021, 15 tweets

Quelles sont les émissions de CO2 associées à la consommation électrique en France ? On “sait” que, grâce au nucléaire, elles sont plus faibles que dans la plupart des autres pays. Mais plus précisément ?

On peut faire simple : On connaît les émissions des centrales fossiles (Gaz, Charbon, Fuel) en France et on divise par la consommation électrique totale. Avec ce calcul, on arrive à qqchose de l’ordre de 45 gCO2/kWh (en baisse tendentielle)

Cette estimation n’est pas satisfaisante car (i) il ne tient pas compte des émissions associées au “cycle de vie” (construction, maintenance, extraction des combustibles…) (ii) il ne prend pas en compte les émissions associées à l’électricité importée

Pour le (i), ll faut donc estimer les émissions des différents moyens de production sur l’ensemble du cycle de vie (CdV). Pour le Nuke, ça prend en compte la construction, la mine de l’uranium, l’enrichissement, la déconstruction et le traitement des déchets...

Le chiffre qui fait consensus est 12 g/kWh. Pour le parc 🇫🇷, des travaux indiquent plutôt 6, mais je vais rester sur 12. Des analyses similaires existent pour les autres moyens. Je retiens (GIEC, 2014) : Gaz: 490 ; Charbon: 820 ; Fuel: 650 ; Eolien: 12, Solaire : 45, Hydro : 24.

Pour les calculs, j’utiliser les chiffres de RTE qui donnent les consommations, productions et imports/exports heure par heure. J’ai analysé les séries temporelles sur les 9 dernières années et généré les totaux annuels (ici en TWh). Pump, c’est le pompage des STEP

Avec les chiffres CDV, en divisant les émissions CdV de la production électrique par la consommation Française, j’arrive à des valeurs entre 74 gCO2/kWh (2012) et 59 (2018 et 2019).

MAIS, une fraction (≈10%) de la production Française est exportée. Il ne faut pas affecter toutes les émissions à la seule consommation Française, mais diviser les émissions CdV par la consommation « nette » (conso+exports-imports). On trouve alors entre 68 (2012) et 51 (2020).

MAIS les imports ? On entend souvent que la France importe en hiver une électricité très carbonée pour compenser la demande du chauffage électrique. Et oui, les imports/exports avec nos voisins sont importants. Je trouve entre 5 et 22 TWh d’imports selon les années,

, et 57 et 74 d’exports.
Pourtant, les périodes pendant lesquelles la France est importatrice net sont rares. Dans la plupart des cas, on importe (un peu) d’un pays et exporte (beaucoup) vers un autre. La France fait implicitement du transfert mais n’est pas en “besoin”

Si on regarde en Net Import/Export, il y a des années sans aucun import (2014, 2015) et le total des imports nets n’a pas dépassé 3,6 TWh (2017). A l’inverse, les exports nets varient entre 44.6 (2016, 2017) et 67.7 TWh (2014). Ce sont ces chiffres net que j’utilise dans la suite

Que faire de ca ? On peut ajouter les émissions des imports (avec une hypothèse à 490 gCO2/kWh: gaz) et les comptabiliser dans la consommation nette. Mais, vu que les imports sont très faibles, cela a très peu d’impact sur les émissions moyennes qui restent entre 53 et 73 g/kWh.

A l’inverse, on peut considérer que nos exports permettent de limiter les émissions de nos voisins en réduisant leur consommation de gaz. La production offre ainsi un crédit carbone que on peut défalquer des émissions Françaises.

Dans ce cas, les émissions de l’électricité consommée en France devient très faible (<33 gCO2/kWh) et même négative certaines années (2014, 2015, 2018, 2019) !

Mais objectivement, il n’y a pas de raison d’affecter ce “crédit carbone” aux consommateurs d’électrique plutot qu’aux automobilistes (ou autre).

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui

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