Brendan Chabannes ⏚ Profile picture
Professeur de français en lycée. Syndicaliste à @UnionSolidaires, représente @sud_education au CSA ministériel. Syndiqué @sommesud

Sep 10, 2021, 20 tweets

Le livre de #Blanquer qui vient de sortir, consacré essentiellement à :
- vanter ses propres mérites durant la crise sanitaire.
- diffuser sa vision du monde, autoritaire et rétrograde
- imposer un récit alternatif à la réalité de sa gestion de la crise sanitaire.
Allons-y ⤵️

2/ En raccourci :

- je - je - je - je -je
- je - je - je - je -je
- je - je - je - je -je
- je - je - je - je -je
➡️ 20× “je” dans les 4 1ʳᵉˢ pages. Le reste est à l’avenant mais jette une lumière crue sur le projet ministériel ⤵️

3/ Le ministre publie une sorte de récit alternatif (on y reviendra c'est important), dans lequel il se dépeint en héros, un génie, un homme hors du commun. Un être “habité”.

4/ Le livre est structuré par le lexique militaire : “décimés”, “guerre”, “monter au front” (tel un poilu en 1916), “war room” (mauvais téléfilm).

5/ C’est bien commode le vocabulaire martial : on peut aisément se donner le rôle du chef, de l’homme providentiel. Et un peu de la gloire du chef rejaillit sur le bon “officier”, qui peut même conduire une voiture tout seul (un homme formidable).

6/ Cela permet aussi de s’appuyer sur son autorité pour asseoir ses arguments. C’est bien simple, il n’a jamais tort, ce qui provoque l’envie des grincheux et des aigri⋅es. #calimero

7/ D’ailleurs, comment le chef pourrait-il mentir ? Ça ne lui arrive jamais. JA-MAIS.

8/ Les effets délétères de ce discours post-vérité sont palpables. Il reproche ainsi aux membres de la communauté scientifique de répandre des fake news car elle le contredit !

9/ Ainsi, le chef entretient un rapport direct avec ses subordonné⋅es. Il ne respecte pas l’État de droit en publiant des circulaires : il diffuse des vidéos pour donner des consignes.

10/ Mais plus grave, ce lexique martial procède d’une rhétorique de l’ennemi intérieur. Ainsi Blanquer se demande “depuis de nombreuses années” ce que deviendrait le pays en cas de guerre, et s’inquiète des “lâchetés” qui l’entraîneraient à sa perte. Air connu.

11/ Évidemment, il a aussi en ligne de mire les “forces hostiles” de “l’islamo-gauchisme” qui feraient le lit du “fascisme”. C'est une constante chez Blanquer que de s'attaquer à celles et ceux qui luttent pour l'égalité.

12/ Dans une période telle que celle-ci, où les mouvements d’extrême droite multiplient les violences de rue et répandent plus que jamais leurs discours de haines racistes et antisémites, le silence du ministre a un sens.

13/ Car pour le ministre, le vrai problème, le danger, c’est…



le “communisme”.

14/ Tout est à l’avenant : le ministre prétend avoir tout anticipé, avoir organisé le télétravail, largement en amont dans un récit qui n’entretient qu’un rapport ténu à la réalité. Un exemple parmi bien d’autres : ⤵️

15/ “On est prêt”. Chaque personnel de l’éducation vit la répétition ce mensonge comme une insulte. Rien n’a fonctionné, les masques manquaient, les personnels se sont organisés seuls le plus souvent, sans matériel ni formation.

16/ Pour mémoire, le ministre affirmait le samedi 14 mars que la moitié des personnels serait contrainte de se rendre sur le lieu de travail. Dimanche 15, l’intersyndicale lui répondait qu’il ne fallait pas prendre ses rêves pour des réalités.

17/ Pour le reste, ce sont de longues tirades destinées à convaincre notamment qu’il est féministe. Problème : elles produisent l’effet inverse. Il faut rappeler que le ministère a des années de retard en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

18/ N’oublions pas d’autres tirades teintées du mépris de classe dont le ministre est coutumier, insinuant que les confinements ont surtout été une bonne occasion de paresser pour les élèves des classes populaires en lycée professionnel.

19/ Et ce résumé ne saurait être complet sans rapporter le mépris pour le professionnalisme des personnels qui pratiquent au quotidien la pédagogie et à qui Blanquer veut imposer unilatéralement ses préconceptions.

20/ Au fond, alors qu’il croit s’esquisser en petit César franchissant le Rubicon, le ministre se donne à voir pour ce qu’il est : un autoritaire, libéral au plan économique, et réactionnaire qui abîme sans honte le service public d’éducation.

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