Manon Aubry Profile picture
Tête de liste @franceinsoumise aux élections 🇪🇺 • Présidente de la gauche au Parlement 🇪🇺 • Ex porte-parole d'ONG contre les inégalités, toujours activiste

Nov 17, 2021, 21 tweets

L'image qui reste de l'Europe pendant cette crise sanitaire, c'est celle d'une désorganisation totale.

Nous avons été incapables de produire des masques, alors nous nous les sommes volés sur les tarmacs d'aéroports. Ce n’est pas notre conception de la solidarité.

@TribunesESCP

La Commission européenne a renoncé face aux laboratoires pharmaceutiques !

Les prix des vaccins sont toujours trop élevés, des calendriers de livraison n'ont pas été tenus et surtout, les contrats ne sont toujours pas rendus publics.

On ne pourra pas vacciner l'ensemble de la planète tant qu'on ne lève pas les brevets sur les vaccins.

Les brevets ne bénéficient qu'aux grands labos qui réalisent des produits exceptionnels en gardant la main sur la recette de production des vaccins.

Le montant du plan de relance européen est insuffisant. Le Parlement a demandé trois fois plus que ce qui a été obtenu au final.

Cette relance n'est pas à la mesure de l'impact économique de la pandémie et la chute de PIB que nous avons connu.

L'essentiel du plan de relance européen est versé sous forme de prêts. Les États devront rembourser les aides perçues !

Il aurait fallu privilégier les subventions pour ne pas créer de difficultés supplémentaires pour des États qui ont déjà bien souffert de la crise.

Le plan de relance aurait dû être assortis de ressources propres ambitieuses pour justement ne pas peser sur le budget des États.

Sauf que la plupart des ressources propres proposées, dont une taxe sur les entreprises et sur les transactions financières ont été abandonnées.

Les États frugaux ont fait du chantage au plan de relance en exigeant qu'en échange, l'Union européenne leur accorde des rabais budgétaires.

Résultat, 53 milliards d'euros sur 7 ans de rabais à leur contribution au budget de l'Union européenne. Belle solidarité européenne.

Le plan de relance européen a été adossé au mécanisme de contrôle budgétaire du semestre européen.

En pratique, cela veut dire que les États doivent mettre en œuvre des réformes structurelles pour toucher l’argent. En France, c’est la réforme de l’assurance chômage par exemple.

A l’inverse, il n’y a pas de contreparties sociales ni climatiques ! Et le résultat est déplorable : des plans de relance financent les énergies fossiles.

C’est le cas de la France, dont 40 % des fonds de la relance dédiés à l’énergie vont aux énergies du passé.

Face à la pandémie, l’UE a décidé de suspendre nombre de règles pourtant au fondement de sa gouvernance économique : la règle des 3 % de déficit, de 60 % de dette, du contrôle des aides d’États.

Le cadre budgétaire actuel n’est pas adapté aux urgences d’aujourd’hui.

Même la BCE a dû dévier de ses règles habituelles, en particulier pour racheter de manière préférentielle de la dette des États les plus touchés.

Une démarche bienvenue, et qui s’apparente de plus en plus à du financement monétaire, en principe interdit par les traités.

Le cadre budgétaire européen a une responsabilité dans cette crise. Depuis la création du semestre, à 63 reprises la Commission a demandé la privatisation ou des coupes budgétaires dans la santé.

Une politique dont on a pu constater les impacts dramatiques pendant la pandémie.

De même, les réformes structurelles exigées de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie ont fragilisé ses États, attaqué les petits salaires et la consommation populaire, cassé le droit du travail.

Ces dogmes ont réduit notre capacité à faire face à la crise.

Il n’y a toujours pas d’harmonisation fiscale en Europe. Un Etat est libre de fixer un taux 0 d’impôt sur les sociétés ou sur le capital.

Résultat, une course vers le bas, lancée par quelques pays qui se sont mués en paradis fiscaux pour tirer leur épingle du jeu.

La réponse européenne à la course au moins disant fiscal a été de laisser faire.

Cela, en grande partie en raison de la règle de l’unanimité en matière fiscale, qui donne un droit de véto aux paradis fiscaux européens contre toute mesure d’harmonisation.

Il faut sortir de
l’immobilisme.

Il faut que des États montrent la voie et montre que c’est possible en mettant en place, unilatéralement s’il le faut, une transparence totale sur les activités et impôt des multinationales et une véritable liste de paradis fiscaux.

Il y a une mesure en particulier qui peut être mise en place unilatéralement et entrainer d’autres États : l’impôt universel.

Si la France impose les profits délocalisés des grandes entreprises, de nombreux États seront rapidement tentés de faire de même.

Nos dettes sont impossibles à rembourser. Même si on faisait 1,5 point de croissance par an, on mettrait 240 ans à rembourser la dette française.

Avec un excédent budgétaire de 10 milliards d'euros, on mettrait quand même 270 ans.

En temps de crise, on redécouvre le levier monétaire.

Nous voulons aller plus loin en permettant l’achat direct de dette des États par la BCE.

Il faut aussi remettre la politique monétaire sous contrôle démocratique, avec des votes sur les grandes orientations.

Les règles budgétaires actuelles sont le fait d’une autre époque qui n’avait pas conscience des risques liés au dérèglement climatique.

Ce cadre est plus que jamais obsolètes, et de nombreux économistes y compris libéraux se mettent à le dire.

La taxation des plus riches, cela s'est fait dans l'histoire face aux crises, Biden l'a mis en débat, d'autres pays le font face à la pandémie.

Il faut financer la réponse à cette crise, et pour cela, utiliser le levier monétaire comme fiscal.

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