Magali Reghezza Profile picture
@magalireghezza.bsky.social Géographe. Environnement, risques et catastrophes, résilience et adaptation. Compte personnel.

Jan 11, 2022, 21 tweets

‼️2 milliards d’êtres humains ont soif, alors que l’eau douce est en quantité suffisante à la surface du globe. Le changement climatique augmente la pression sur cette ressource vitale. Petit fil.🧵
bonpote.com/la-guerre-de-l…

En 2020, selon le WRI, ¼ de la population mondiale (1,7 milliards) vit dans des pays en situation de stress hydrique (< 1700 m3/an/personne). 1/20

En 2020, une personne sur quatre dans le monde n’a pas accès à de l’eau potable à son domicile et près de la moitié de la population mondiale est privée de services d’assainissement. 2/20

2,6 millions de gens (5 personnes/minute) meurent chaque année de maladies liées à l’eau (choléra, dysenterie, typhoïde) 1,6 millions d’enfants (un toutes les 90 secondes) décèdent pour la même raison. Eau = une des premières causes malnutrition infantile et de mortalité. 3/20

Pour l'ONU-Eau, le monde n'est pas en mesure de réaliser l'accès universel à l'eau potable et à l'assainissement (ODD 6) d'ici à 2030 : seuls 81 % de la population mondiale aura accès à de l’eau potable à domicile et 67% à un service d’assainissement fiable. 4/20

Le flux d'eau douce renouvelable est en théorie de 16000 l/ personne/jour. Il devrait donc y avoir assez d’eau pour tout le monde.
🔴 Pour comprendre la pénurie d'eau, il faut examiner la disponibilité, le ratio offre/demande, l’accès. 5/20

Géographiquement, l’eau douce est très inégalement répartie. 9 pays détiennent 60 % des ressources mondiales. Cette eau douce n’est pas toujours potable (pollution naturelles ou humaines). 6/20

Pourtant, les pays les mieux dotés en ressources en eau ne sont pas forcément à l’abri des pénuries et l’accès à l’eau potable peut y être difficile. 7/20

Comme souvent, l’échelle nationale n’est pas la bonne pour saisir la complexité du problème. Il existe par exemple de très fortes inégalités à l’intérieur des États en fonction des catégories sociales, de l’âge, du genre, etc. 8/20

La pénurie d’eau n'est pas juste un problème de disponibilité. Elle résulte d’un déséquilibre entre la disponibilité et la demande. Les causes sont diverses : croissance de la population, diversification des usages, etc.
‼️La démographie est loin d’être la seule en cause. 9/20

La demande en eau se répartit entre agriculture (69%, avec une augmentation constante), industrie (20%) et eau domestique (12%), avec cependant de gros écarts selon les États et les régions du monde. 10/20

Comme pour les GES, il faut aussi raisonner en termes d’empreinte (ou d’eau virtuelle selon l’expression de A.J. Allan). Un Français dépense par ex., en moyenne, 4 900l/j par jour pour se nourrir et s’habiller. 11/20

L’agriculture a ainsi une très forte empreinte. Ceci pose la question de l'adaptation de l'agriculture à la disponibilité et la variabilité de la ressource hydrique, mais aussi de l'alimentation et des usages des produits agricoles (vêtements, carburants, etc.). 12/20

Si l’on raisonne en termes d’empreinte, une nouvelle carte de l’usage mondial de l’eau se dessine. 13/20

Le principal problème reste cependant l’accès. La ressource peut en effet exister en qualité et quantité suffisantes, mais être inaccessible pour des raisons économiques et financières, juridiques, techniques, socio-culturelles. L’eau est aussi une arme géopolitique. 14/20

Dans un contexte déjà préoccupant, le changement climatique, en réduisant la disponibilité de la ressource dans certaines zones, sera un facteur de déstabilisation supplémentaire, dans des territoires déjà très vulnérables, car instables socialement et/ou politiquement. 15/20

🔴🔴Pour ces raisons, il est important de coordonner les politiques sur l'eau et sur le climat. 16/20

Dans un climat qui change, assurer l’accès à l’eau potable deviendra d’autant plus compliqué qu’une partie des solutions constituent soit des mal-atténuations (dessalinisation), soit des mal-adaptations (retenues et pompages). 17/20

📌 Conclusion : Bien plus qu’une question de « déterminants naturels », la « crise de l’eau » est avant tout un problème politique. 18/20

La sécurité hydrique dépend et dépendra de la capacité des pouvoirs politiques à garantir un accès équitable à l’eau en quantité et qualité suffisante. C’est donc d’abord un enjeu de souveraineté, de partage et de gestion coopérative 19/20.

🔴Sans réflexion sur la consommation, les besoins, et les conditions d'accès, le focus sur l’innovation technologique ou l’injonction individuelle comportementale ne résoudront rien, faute de traiter les causes profondes du problème. 20/20

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