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Piéton de Barbès, la Goutte d'Or. (Bloqué par David Belliard et Isabelle Balkany, suivi de près par la mairie de Paris.)

May 15, 2022, 21 tweets

Grande nouvelle !

Vous ne voyez rien de spécial dans cette photo de la rue La Vieuville à Montmartre ? Et pourtant, elle montre un événement drôlement édifiant.

Joyeux thread #saccageparis...

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C'est l'histoire d'un restaurateur du 18e, implanté à Montmartre depuis quelques années. Un homme fort sympathique d'ailleurs, rigolo et très entreprenant.

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Il est vite devenu la coqueluche de la classe politique locale, tout particulièrement des PS-EELV de la mairie du 18e, de Ch. Girard, et d'Anne Hidalgo elle-même.

Saisi par le militantisme, il est entre autres signataire de "l'appel des écologistes pour A. Hidalgo".

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Il a inventé un truc, le "chapotelet". Les pots de fleurs colorisés à poser sur les potelets à 150 balles pièce qui ont colonisé nos rues.

Pas vraiment inventé d'ailleurs, mais bon il a perfectionné l'idée, trouvé le nom et créé 2 sociétés pour les commercialiser.

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Et il a essayé de placer son produit. Dans l'espace public, forcément, ce qui implique des autorisations.

Au début ça ne s'est pas très bien passé. Son idée était portée par la droite. Le Conseil municipal présidé par @EricLejoindre s'y est très fermement opposé.

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Un des problèmes soulevés était que la Ville et la mairie n'avaient pas à faire la promotion d'une entreprise privée.

Mais cela, c'était en janvier 2019, et ça allait vite être arrangé...

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Car il se passait quelque chose : une "histoire d'amour" (sic) était née entre la maire de Paris (toujours sensible aux gadgets et à la courtisanerie), et Le Chapotelet.

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Le restaurant de M. Cachelin est aussi devenu un must hidalguien. Sa promo est même faite dans un des clips "Paris en commun" de la campagne des Municipales.

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Donc l'Hôtel de Ville est passé par dessus la tête de la mairie du 18e.

Restait un petit problème : le code des marchés publics.

Qu'à cela ne tienne, il suffisait de faire financer par un sponsor. Hidalgo en personne a arrangé cela avec Decaux...

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Decaux, en affaires avec la Ville de Paris, a dû trouver cela génial. Il a payé.

Et l'inauguration a eu lieu, sous la pluie mais avec grands flonflons et articles dithyrambiques dans la presse, saluant ce génie de l'embellissement écologique.

Avec un E. Lejoindre ravi.

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Fini les préventions de la mairie du 18e envers M. Chapotelet, depuis fin 2019 c'est le parfait amour.

D'ailleurs M. Lejoindre a même commandé à cette société un distributeur de gel ultra-performant siglé "Mairie du 18e", en janvier 2021 (😁).

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Tellement le parfait amour que parfois quand on pose une question au maire du 18e c'est M. Chapotelet qui répond. 🙃

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Fin 2019, la mairie du 18e a installé un panneau promotionnel à la gloire des Chapotelets à la place d'un banc public, juste à côté de son fameux chiotte ascenseur à 200 000 balles.

(Le panneau était provisoire, le banc n'est jamais revenu, l'ascenseur est en panne.)

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C'est devenu un phare du green-washing et de la customisation des rues de Paris façon école maternelle.

Christophe Girard, alors en charge de la culture des pots de fleurs, s'est fait lyrique : "Entrrrre ici, Chapotelet !!!".

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Toujours zélée, la mairie du 10e s'y est mise, en choisissant cette rue du 18e pour ses voeux 2020. Pas si surprenant, car cela incarne bien l'idéal esthétique fantasmatique de cette mairie.

(Avec une photo de M. Delmestre, autre entrepreneur militant fort dynamique.)

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Dans la com officielle de la mairie, la rue aux Chapotelets (TM) payés par Decaux est devenue une rue décorée par les enfants des écoles.

Quel mignon children-washing, tout en délicatesse...

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paris.fr/pages/quand-le…

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Mais bien sûr nulle part il n'était question du coût de ces merveilles embellissantes qui sauvent le climat.

En cherchant, on pouvait le trouver : autour de 240 € pièce pour le Chapotelet nu, sans décoration ni plantes. Soit plus de 20 000 euros pour ce bout de rue.

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La question des mauvais esprits était "combien de temps le bouzin va-t-il tenir" ?

Plus que d'habitude. Car c'était une vitrine, la seule réalisation de la société Le Chapotelet, qui pouvait s'en servir de carte de visite.

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Donc ça a tenu 27 mois.

Mais l'arrosage participatif, ça a ses limites. Et il est probable que la vitrine n'a pas généré les retombées commerciales escomptées.

Exit les pots flashys, la rue a retrouvé ses couleurs parisiennes.

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La morale de l'histoire, vous la connaissez.

Un résumé de la gestion de la mairie de Paris : du flan, de la com, mix d'intérêts privés et politiques... Même dans une opération aussi anodine et souriante.

Et surtout, toujours, du ni fait ni à faire.

#saccageparis

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