Nicolas Goldberg Profile picture
Partner chez Colombus Consulting @Colombus | Respo Energie @_Terra_Nova | ex-@PoliteiaUnipop @centralesupelec. Passionné d'énergie, engagé pour le climat

Jun 7, 2022, 30 tweets

[Roman photo] Avec une délégation de @colombus, nous avons été invités à visiter l'usine d'@OranolaHague, où sont entreposés les combustibles nucléaires usés et les déchets ultimes. Je vous propose ici un roman photo de ce qu'on y trouve avec quelques anecdotes #Adérouler

L'usine est grande (300 hectares et plus de 5 000 personnes qui travaillent sur place), mais 80% de l'usine est située sous le sol, à la fois pour des questions de sûreté et car il est + simple d'utiliser l'axe vertical pour manipuler les matières et permettre les écoulements

Pour visiter l'intérieur, il faut porter une tenue adaptée et laisser la quasi totalité de ses vêtements au vestiaire. Le style est très discutable mais au moins, pas de risque de devoir y laisser ses vêtements si une poussière s'est accrochée

A chaque sortie de zone contrôlée, il faut vérifier que nous n'embarquons pas de poussières radioactives avec nous. L'un de nous avait également un dosimètre pour contrôler les (faibles) doses reçues.

Mais que fait-on à la Hague? Et bien on y récupère des barres de combustible usé, ici placées dans un "château" pour en permettre le transport par train.

En arrivant à Cherbourg par train, on peut voir de ces "châteaux" attendre leur chargement pour rejoindre l'usine

Le déchargement du combustible se fait dans ce type de salles. Evidemment, hors de question d'y entrer. Personne n'y entre depuis la création de la salle. Nous n'avons pu la voir qu'au travers un hublot. Le reflet est jaune en raison du plomb présent pour stopper la radioactivité

Cette pièce étant totalement fermée (comme bien d'autres), tout ce qui n'est pas automatisé se fait par télémanipulation. Ces bras mécaniques permettent d'actionner d'autres bras esclaves de l'autre côté du mur pour permettre les manipulations

Dans le Hall d'Essais et Formations, nous avons pu nous exercer avec ces bras mécaniques... et c'est très physique en plus de demander de la précision.

Ici l'exercice clé : passer la balayette de riz. Il y a aussi d'autres ateliers type Playschool

Une fois déchargé, le combustible usé est mis dans des paniers entreposés ici dans la fameuse piscine de la Hague.

Il y a ici des combustibles usés français et étrangers dont Orano n'est pas propriétaire. Attendent ici aussi du MOX usé pour l'instant sans débouché en France

C'est d'ailleurs un sujet dont nous avons beaucoup parlé avec l'équipe qui nous a fait la visite : la saturation à venir de la piscine du fait du retraitement de combustible ralenti et le MOX usé actuellement sans débouché. Le sujet est sérieux sciencesetavenir.fr/nature-environ…

Plusieurs pistes pour éviter la saturation :
1) Densifier temporairement les piscines pour y entreposer plus de combustible
2) Construire une nouvelle piscine

Le timing est serré car le sujet n'a pas été pris en main suffisamment sérieusement par les pouvoirs publics...

Pour terminer cet aparte, deux problèmes aussi identifiés sur le retraitement :

1) Des ouvrages qui corrodent avec le temps et qui doivent être remplacés d'ici peu
2) Des rebuts de combustible un peu en hausse suite à un changement de processus asn.fr/l-asn-informe/…

Tout cela nous a été expliqué en toute transparence par les équipes d'Orano. Je regrette sincèrement qu'on n'en parle pas plus. Car "trop technique", "trop compliqué"... Dommage. Mais revenons à l'usine pour la suite de ce roman photo

Derrière ces vitres, c'est là que le combustible est (en parti) retraité. Car c'est une opération majeure à l'usine de la Hague : le combustible usé est retraité pour séparer les déchets ultimes du plutonium et de l'uranium de retraitement

L'uranium de retraitement est séparé du reste pour être entreposé sous forme solide en attendant son réenrichissement (stoppé depuis 2013, en cours de reprise avec un opérateur russe dans la chaîne pour ré-alimenter les réacteurs français à partir de 2023)

Le plutonium, lui, doit absolument être réutilisé dans un nouveau combustible : le MOX. La France n'a en effet pas le droit d'accumuler des stocks de plutonium séparé pour des raisons de non prolifération. Donc si on sépare le combustible, il faut assurer d'utiliser le plutonium

Enfin, il y a la partie déchets du combustible. Les déchets HA et les déchets MAVL (issus de la gaine du combustible). Les déchets français sont entreposés à la Hague avant d'être descendus un jour sous terre dans Cigéo. Les déchets étrangers sont renvoyés à leur propriétaire

Ici, en maquette coupée, voici un fût de déchets haute activité. Les déchets sont en fait mélangé à un niveau atomique avec du verre avant d'être coulés de cette façon. Ici, en réalité, vous avez 20% de déchets et 80% de verre.

En coupe ici, les déchets moyenne activité vie longue. Ce sont essentiellement les déchets issus de la gaine de combustible qu'on compacte pour qu'ils prennent moins de place.

Normalement, c'est uni à l'intérieur pour faire une vraie galette homogène. Là, c'est juste une démo

Ces colis de déchets sont entreposés dans cette salle. Chaque colonne entrepose un an de déchets HA et MAVL de tout le parc français. L'enjeu n'est pas tant le volume que leur durée de stockage/entreposage et les procédés utilisés

On retrouve dans cette salle un pont de manip'

Instant humour. Dans la salle d'entreposage, on retrouve (comme dans beaucoup de salles) un téléphone filaire à l'ancienne. Cela avait surpris Hugo Clément lors de son reportage dans une centrale nucléaire mais c'est en fait standard en installation industrielle

Lors de notre visite, nous avons croisé très peu de salariés. De fait, beaucoup de processus sont téléopérés et les salariés sont pour beaucoup dans des salles de téléconduite comme celle-ci

Voici pour ce roman photo. C'est toujours un plaisir pour moi de visiter une installation industrielle de pointe et d'y aller avec les équipes de @colombus. Et là, BONUS, nous étions dans le Cotentin donc nous avons prolongé...

Car après la Hague, nous avons prolongé le week-end pour visiter le musée de la mer (avec ici le "Redoutable", 1er sous-marin nucléaire français), la magnifique côté et acheter un parapluie de Cherbourg en souvenir de la région

Pour terminer ce roman photo, je voulais remercier @c_neugnot, @MJozeauMarigne et leur collègue Sylvain pour cette superbe visite. Merci d'avoir répondu à nos (nombreuses) questions. C'était passionnant et très instructif.

Disclaimer : je n'ai pas été payé (ni moi, ni Colombus) ni pour faire cette visite, ni pour faire ce thread. Pour Orano, c'est de la transparence. Pour nous, c'était une visite culturelle. Le week-end s'est d'ailleurs fait à nos frais.

Ensuite, j'ai pu faire des erreurs techniques. N'hésitez pas à compléter, je suis du genre à corriger ;).

Je remercie aussi @TristanKamin pour ses bons plans et @maxcordiez pour l'idée du musée de la mer.

*légère correction : sur cette photo, nous sommes à l'aval de tout le processus, là où le combustible est déjà séparé et où il ne reste plus que les déchets HA pour vitrification

On me signale également quand dans ce Hall, il n'y a que les déchets HA, pas les MAVL qui sont entreposés dans un autre bâtiment. Chaque colonne a un an de déchets HA seulement.

Deux corrections dans ce fil :

1) Dans le hall de déchets que nous avons visité, il n'y a que les déchets HA (pas les MAVL)
2) Le dernier atelier visité est la partie vitrification des déchets du processus (aval de tout le processus de retraitement)

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