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Historien militaire du dimanche - Avocat à la Cour d’Aix en Provence - IHEDN 223

Jun 15, 2022, 50 tweets

« Pour le meilleur et pour le pire »

Perso je trouve que le pire est arrivé un peu vite…

Au rythme de ladite (non) prise en charge, je vais mourir de faim avant d’être guéri.

Hospital style

« Il faut emmener le Monsieur du Box 12 au bloc ! »

*Regarde subrepticement mon numéro de Box

Bonjour, je suis le docteur (nom slave), je vais vous examiner… sur une échelle de 1 à 10, comment situez-vous votre douleur ?
- 1, un demi même

« Allez un petit coup de bistouri et il sort »

Il vient de parler de moi, là

Mon analyse était donc exacte…
#Soupirs

Comment dit-on en Russe ou Ukrainien ou Serbe :
JE VEUX UNE ANESTHÉSIE GÉNÉRALE !
C’est urgent

Je fais le mariole mais ils sont tous sortis et j’aime pas trop ça…

Pourquoi personne ne revient ?
Ils sont tous partis où ?

« Monsieur, il faut lâcher ce téléphone maintenant, on y va »

Mein Lieber Kamerad quelle affaire !

Impossible à ce stade de se livrer à une prospective ou même une analyse car le brouillard de la guerre est trop grand.
On peut toutefois relever quelques points d’attention (et de suture) à observer dans les prochains.

(Oui je me moque de moi-même, et alors ?)

D’abord j’ai mal.
Très mal.
Vraiment.
Je viens d’avoir un cachet de ce truc et ça fait à peine effet.

La preuve que j’ai mal, c’est que je me mets à parler allemand.
Ça c’est mauvais signe.
Très mauvais signe.

Ensuite la scène a été épique.
Un médecin croate qui a piqué une infirmière avec la seringue de l’anesthésique avant de donner un coup de bistouri à une autre, puis de revenir me demander tout penaud « Vous êtes vacciné contre l’hépatite ? ».
#TrueStory

Imaginez les infirmières sortir une après l’autre la main en sang du Box pendant que je lui demandais une AG en Russe et en Ukrainien et qu’il me répondait « Je ne comprends pas, parlez en Français ».

Si j’avais pas autant mal, j’aurais trouvé cela cocasse. Digne d’un @E_Dorsay

« Mon Dieu mais ça saigne encore ! »

Exclamation d’une infirmière venue contrôler le bazar.

Je sens que je vais pas sortir tout de suite…

Et je précise que je n’ai pas encore demandé quand est-ce que je sortais.

Juste des antalgiques, des calmants…

Tramadol, Advil, Ibuprofene, Diantalvic, Doliprane, livre de Raoult ou Branco… n’importe quoi qui m’assomme et me fasse perdre toute conscience de la douleur.

Je sens ma dernière heure arriver (comme tout homme exposé à une douleur supérieure ou égale à 2/10 sur l’EN).

Je réclame ma robe pour mourir dedans.

Et j’ai envie de champagne.

comme tout bon avocat.

« Pourquoi il est encore là ?
Il faut partir Monsieur, c’est fini… »

Je pisse encore le sang.

« Ok je vous prescris des compresses stériles et du sérum physiologique »

#TrueStory

En route pour la pharmacie de garde.

Dont l’adresse est tenue secrète « pour des raisons de sécurité » sauf si on appelle un numéro surtaxé.

J’ai un sujet pour le prochain bac de philo :
Tout ce qui est plus coûteux est-il forcément plus moderne ?

Sachez que je viens de maudire l’inventeur des ralentisseurs jusqu’à la 33eme génération.

Encore un coup des Russes. Obligé.

Point d’étape : à H+2 je saigne encore.

C’est grave docteur ?

Évidemment je tombe sur la pharmacienne qui a 2 de tension…

On finit par récupérer le sac en papier et pouvoir (enfin) rentrer.

J’ai taché le fauteuil de la voiture de Madame. De sang.

No pain challenge.

C’est le moment de ressortir ce célèbre GIF

Je rends l’antenne.
À vous Cognacq-Jay !

En vrai, un grand merci à toute l’équipe médicale ; les personnels de santé font un métier pas évident mais irremplaçable.
Bravo et merci à vous toutes et tous de veiller sur nous et nos êtres chers.

Acte II Scène 1

Mes points de suture sont manifestement moins résistants que les points d’appui ukrainiens.
La percée a été faite mais nous espérons empêcher l’exploitation par l’engagement de réserves.
Arriveront-elles à temps ?

Je me sens un peu las.

Je ferais bien une petite sieste s’il n’y avait ce petit bip régulier.

Oui ça saigne toujours.

Ça n’a pas cessé de saigner même.

Traverser un hôpital en brancard, croiser tous ces gens qui sont de l’autre côté de la barrière invisible.

Celle qui sépare les personnes biens portantes des malades.

Je suis entouré de vieux messieurs très âgés.

Sortez-moi de là.

« Il faut réouvrir.
- Là ? maintenant ? Tout de suite ?
- Ben oui, On va pas attendre… »

Elle est sortie chercher une seringue.

Je connais déjà l’histoire.

Ich möchte hier und jetzt sterben !

C’est fini.

Des nouveaux points tous neufs.

Pourquoi ils me remettent avec les (très) vieux ?

J’ai faim.

Je choisis lequel ?

J’ai envoyé plein de messages à ma femme mais elle a oublié son téléphone dans mon sac (d’où les bip réguliers, suivez un peu).

Ma femme est un boulet comme moi.

C’est pour ça que je l’aime.

Bon, c’est pas tout ça mais j’ai du boulot.

Et j’ai faim.

Nouveau passage à la pharmacie : "Vous faites une carte de fidélité ?"

Et là.

Soudain.

Le drame.

Comme si je n'avais pas assez souffert.

« Attention, avec ce médicament il est formellement déconseillé de boire de l’alcool.
- pardon ? Pendant toute la durée du traitement ?
- oui. Et même 48 heures après. »

Et quel est l’effet en cas de consommation d’alcool ?
- cela peut aller d’une hyper ivresse très rapide à un effet antabuse.
- un effet quoi ?
- Antabuse.

*Cherche sur Google.

Même un petit peu ?
- Même une faible consommation. L’alcool est formellement proscrit.

J’ai. Déjà. Envie. De. Champagne.

Je suis au bout de ma vie...

Tchin-tchin !
Santé !

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