Thread by @CapHornier_

#LeSaviezVous ?
Lors de la WW2, le 1er bombardement sur Berlin fut effectué par la @MarineNationale .
En pleine débâcle, le 7 juin 40, pour l'honneur, alors que l'armée de l'air est décimée, le CC Dalliere pilota l'unique bombardier français à bombarder Berlin
#thread 🔥

Juin 1940. Depuis plus de 15 jours, le front est percé par l'armée allemande. Dans le haut commandement français, c'est la stupeur. Pire, le 3 juin, la Luftwaffe bombarde violemment la banlieue de Paris.
Pour l'état major, il faut répliquer et bombarder Berlin !

Mais sur les sur les 420 engagés entre le 10 mai et le 25 juin 1940, 370 seront mis hors de combat. L'armée de l'air n'a aucun moyen d'escorter une telle mission.
Qu'importe , la Marine a un moyen!
En 1939, l'aéronavale avait réquisitionné trois avions Farman pour les militariser

Ces quadrimoteurs de 23 mètres de long et de 34 mètres d’envergure sont considérés comme de possibles bombardiers longue distance. Leur capacité d’emport est considérable pour l’époque : 6 à 8 tonnes de fret. L'un d'entre eux est renommé le "Jules Verne"

Mais pour bombarder Berlin, voler en ligne droite depuis la Bretagne est impossible. Le CC Dalliere décolle pour Bordeaux Mérignac le 6 juin, seule piste libre assez longue pour faire décoller l'avion avec tout l'emport de carburant et de bombes pour aller jusqu'à Berlin.

Le 6 juin, Dalliere décole avec ses 18.000 litres d’essence et ses 8 bombes de 250 kg ainsi que 80 bombes incendiaires de 10 kg. Sans escorte, vitesse limitée à 200 km/h en raison de son poids, et avec une seule mitrailleuse, le Jules est une cible de choix pour la Luftwaffe.

Il fallu donc ruser. Ainsi, décollant le 7 à 15h30, le plan de vol prévoit de longer les côtes Belges néerlandaises, la Mer du Nord, le Danemark afin d'arriver sur Berlin de nuit par le nord.

Jamais repéré, l'avion arrive au nord de Berlin en découplant ses moteurs afin de faire croire que plusieurs avions sont en l'air. Lors de l'approche, la DCA ne bronche pas, la surprise est totale.
Les ordres sont formels : aucun objectif civil, uniquement des usines.

Toujours pas repéré et mimant une approche difficile de l’aéroport du Tempelhof, l’équipage peut prendre du temps pour localiser ses cibles. Les usines de banlieue sont alors déjà sous l’appareil français

Le CC Daillière largue les bombes de 250kg, tandis qu’à l’arrière, le mécanicien et le mitrailleur jettent par la porte les bombes incendiaires.
Les Allemands se rendent alors compte de la supercherie : Des dizaines de projecteurs se balaient le ciel de Berlin !

Echappant à la DCA allemande déchaînée contre l’appareil français, et les chasseurs allemands qui ne le retrouvent pas, le Jules Verne reprend de l'altitude et entame son retour vers la France par le Rhin.

Après 13h40 de vol, le « Jules Verne » se pose à Orly pour refaire le plein et repart ensuite vers sa base de Lanvéoc-Poulmic.
Le Maréchal Goering avait claironné que jamais Berlin ne serait bombardé, mais même dans une situation catastrophique, les français sauvèrent l'honneur

La presse allemande et française parla d'une « escadre française » qui avait bombardé Berlin. La ruse des Français avait fonctionné même si les dégâts furent limités. Les usines touchées purent reprendre leur production au bout de quelques semaines

Promu capitaine de frégate (octobre 1941), le commandant Dalliere commande en décembre l'aéronautique navale d'Afrique-Occidentale mais est tué à bord d'un avion de reconnaissance au large de Freetown le 11 octobre 1942. Il est alors nommé capitaine de vaisseau à titre posthume.

Deux tweets se sont intervertis... Désolé

Précision, puisque la fatigue prend le pas en ce moment...
Le Jules Verne décolle le 6 de Lanvéoc Poulmic vers Bordeaux où il décolla le 7 pour Berlin