On accuse régulièrement une UE prétendument ultralibérale (alors qu'elle est de + en + centralisée) de vouer un culte à la concurrence. On cite l'exemple de l'énergie pour diffuser l'idée que c'est la concurrence qui est à l'origine de nos problèmes. C'est faux
#MiniThread
2/13 En réalité, plus que la concurrence, c'est la notion de concurrence en droit européen qui est en cause. Selon cette notion, la position monopolistique d'un acteur, qu'il soit privé ou public, n'est pas souhaitable. Les oligopoles doivent être évités eux aussi
3/13 Il est d'ailleurs assez cocasse de noter que cette UE techno, de par la quantité de réglementation qu'elle émet et, peu adepte de subsidiarité, par le lobbyisme qu'elle suscite, aboutit précisément à l'inverse : entretenir des marchés de plus en plus oligopolistiques.
4/13 Mais pour l'énergie, cette vision de la concurrence se transpose ainsi : parce qu'EDF était potentiellement extrêmement dominant sur le marché européen de l'énergie en création, il fallait créer une concurrence artificielle.
5/13 En l'espèce, cette fausse concurrence fut subventionnée par un mécanisme de fixation des prix totalement arbitraire et administré, et financée, d'une certaine manière, par le contribuable français. Rien de très libéral dans le principe même de prix administrés.
6/13 En revanche, dans la théorie libérale et notamment pour l'école autrichienne, d'où sont issus les économistes et philosophes libéraux les plus fameux du XXème siècle, la notion de concurrence n'est pas du tout la même.
8/13 Ici, la position monopolistique n'est pas un problème dès lors que le service rendu convient au consommateur, dès lors que le monopole ne repose pas sur des prérogatives de puissance publique et dès lors qu'il est facile de rentrer sur le marché pour un éventuel outsider
9/13 En un sens, la théorie de la concurrence en droit de l'UE repose sur une déification de la concurrence comme un état à atteindre en soi, alors que dans la théorie libérale, la concurrence n'est que le moyen de satisfaire le client, ce qui impose d'établir des règles justes
10/13 Pour en revenir à EDF et à l'énergie, la théorie libérale classique aurait admis la position potentiellement très dominante d'EDF, dès lors que d'éventuels énergéticiens avaient la possibilité de continuer à entrer sur le marché et dès lors que EDF était privatisé
11/13 Compte tenu de la puissance d'EDF à l'époque, notre intérêt était donc bien de privatiser EDF pour aller à la conquête de ces marchés, mais jamais la 🇫🇷 n'aurait du accepter que ce mécanisme de prix administrés ne soit mis en place.
12/13 Pourquoi l'a-t-il été ? Cela me dépasse, mais sans doute n'avions nous déjà plus, à l'époque, le poids diplomatique et économique suffisant pour imposer nos vues à une Allemagne qui voyait d'un mauvais oeil le fait que nous leur fournissions trop d'énergie
13/13 Dans tous les cas, l'UE n'est ici que l'instrument d'une lutte de pouvoir entre deux états-membres. Nous aurions pu avoir gain de cause ou au pire, ne pas rentrer dans ce marché européen de l'énergie, mais pour cela, il fallait avoir la capacité de dire nein à l'Allemagne..
14/13 C'est cette capacité que nous avons perdue depuis une dizaine d'années, enferrés dans notre monceau de dettes et nos besoins en financement de plus en plus importants.
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