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"Nous y sommes enfin... La grande bataille de notre temps" — Gandalf le Blanc, après avoir lu le rapport du GIEC

Nov 17, 2022, 42 tweets

Venez avec moi, je vais vous faire découvrir des installations nucléaires si exceptionnelles qu’à la fin vous devriez avoir dit au moins 2-3 fois "woah c’est un truc de fou".

#Thread (avec cadeau à la fin)
⬇️⬇️

Mais avant de visiter, un peu de pédagogie :
Vous le savez peut-être déjà, le soleil n’est pas une boule de feu mais une boule de plasma, et il brille grâce à la fusion nucléaire (sans fusion nucléaire point d’astronomie).

Il faut bien comprendre la distinction avec les réacteurs nucléaires actuels sur terre, qui eux utilisent la fission, c’est à dire qu’ils cassent un gros atome en deux (genre l’uranium) et paf ça fait plein d’énergie.

La fusion c’est l’inverse, on prend deux petits atomes (genre l’hydrogène) on les rapproche et boom ça fait encore plus d’énergie.

La fusion nucléaire c’est un peu le meetic de l’hydrogène, pour que ça fusionne il faut :
1- les rapprocher (gravité)
2- chauffer l’ambiance (température)
3- les faire rester longtemps ensemble (temps de confinement)

Sauf que la terre c’est pas une étoile et on a pas assez de gravité pour que les atomes d’hydrogène fusionnent tout seul, donc on va compenser en les chauffant encore plus que dans le soleil : environ 100-150 millions de degrés 🤯

Il n’existe pas de récipient qui résiste à ces températures, donc on va faire le confinement avec un champ magnétique qui sera fermé sur lui-même : un tokamak

Pour avoir un champ magnétique assez puissant il faut des aimants supraconducteurs.

Ce sont des matériaux qui n’ont aucune résistance électrique, mais pour ça ils doivent être refroidis à une température proche du zéro absolu, avec de l’hélium liquide.

Tout ça à coté du plasma d’hydrogène qui rayonne à 100 millions de degrés 🤯

Il faut aussi que l’hydrogène soit le plus pur possible sans autres particules, donc tout ça doit se faire dans une chambre à vide.

Et puis il faut arriver à chauffer le plasma pour atteindre les 100 millions de degrés.

Et puis le plasma c’est très instable il faut arriver à le maintenir assez longtemps.

… etc etc vous l’avez compris la fusion nucléaire c’est super compliqué.

Il y a eu plein de tokamaks construits dans le monde pour explorer un peu tous ces aspects là avec différentes tailles, différentes technos, …

Il se trouve qu’en France on est pas mauvais dans ce domaine, et c’est là que la visite commence : au centre @CEACadarache !

Voici la maquette du tokamak Tore Supra (renommé WEST il y a une dizaine d’années).

Le plasma c’est le boudin blanc au milieu, et les cercles verts autour sont les aimants pour assurer le confinement magnétique.

(Il y a un bonhomme transparent pour donner l’échelle).

Le champ magnétique des aimants créé des lignes de champs qui modèlent le plasma selon cette forme là.
Boudin un peu écrasé donc.

(l’avantage c’est que ça donne des jolies photos, on dirait un œil ou une plaque de cuisson).

Tore Supra est un des plus gros tokamaks au monde en volume de plasma, et il détenait jusqu’à il y a peu le record mondial de durée de plasma : 6 minutes et 30 secondes !

Oui "seulement" 6min30, quand je vous disais que la fusion c’était compliqué… 😕

Et voici l’installation en vrai ! 😎

C’est assez rigolo car finalement il est relativement petit, et tout tient dans une salle de dimension modeste (l’espace visiteur du bâtiment est presque plus grand que la salle du tokamak).

Vue de l’intérieur du tokamak avec un vrai bonhomme pour se rendre compte de la taille (on a pas pu rentrer dedans mais en réalité virtuelle je me cognais la tête au plafond)

Après cette mise en jambe, on a ensuite complètement changé d’échelle.

Voici un des plus grands projets scientifiques au monde : ITER

ITER est un projet de recherche international pour démontrer que la fusion nucléaire contrôlée peut produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme.

Quelques chiffres pour donner le vertige car tout est hors norme, c’est vraiment vraiment impressionant 🤯🤯
iter.org/fr/mach

Le tokamak et ses systèmes mesurent 30m de haut et 30m de diamètre, mais il parait assez petit une fois qu’on le voit intégré avec tous les autres bâtiments du complexe autour.

(cette maquette 3D ferait une excellente map dans Counter Strike 😋)

Évidemment on est allé voir le chantier de l’intérieur… 🤗

Ici le hall d’assemblage (60m de haut et 100m de long), c’est là où sont assemblés les gros morceaux du tokamak par tranches de 1200 tonnes, qui seront transférés par pont roulant dans le bâtiment au fond.

Voici une des tranches en cours d’assemblage : elle mesure 17m de haut et contient 2 aimants supraconducteurs de 360 tonnes chacun 💪

L’aspect brillant c’est le bouclier thermique qui va protéger les aimants de la chaleur et des neutrons.

L’intérieur du bâtiment tokamak, avec une des tranches déjà montée (oui mon téléphone date un peu j’ai pas de grand angle 😓)

Au milieu à la place du grand cylindre sera installée une méga bobine supraconductrice de 1000 tonnes qui générera le courant de chauffe dans le plasma.

(le photographe du dimanche à droite c’était @TristanKamin, photo prise juste avant que @CEA_Officiel ne casse la passerelle… 😌)

Je ne vais pas plus m’étendre sur ITER, mais si vous voulez en savoir plus sur le projet, l’organisation, la technique, la science, … allez faire un tour sur leur site il y a plein d’infos : iter.org/fr/proj/inafew…

Et vous pouvez poser toutes vos questions à @Gregdt1 😊

Le lendemain, direction le centre @CEAMarcoule, avec des problématiques plus terre à terre.

Car figurez-vous qu’à Marcoule ils ont plein de trucs rigolos à gérer 🥰

(la photo c’est G2 et G3, la 1ère génération des centrales nucléaires françaises)

Un de ces trucs rigolos sont des déchets nucléaires produits par le retraitement du combustible à partir des années 60, dont la composition est en partie inconnue, qui ont été coulés avec du bitume dans des fûts puis entreposés assez diligentement dans une douzaine de casemates.

Il faut bien dire ce qui est : autres temps autres mœurs, la gestion des déchets nucléaires à l’époque était assez rudimentaire (attention c’était pas non plus catastrophique hein n’allez pas vous faire des films).

La gestion des déchets nucléaires s’est énormément améliorée et structurée depuis, mais du coup maintenant ces fûts de bitumes moisis de Marcoule personne n’en veut tant qu’ils sont dans cet état.

Il faut donc les récupérer et les reconditionner un à un dans un sur-fût en inox pour pouvoir les entreposer en toute sûreté en attendant de les mettre définitivement en stockage géologique profond #Cigéo.

C’est là qu’arrivent les problèmes.

- Le 1er problème, c’est que des fûts comme ça, en tout il y en a 60.000 à récupérer… 🤯

- Le 2ème problème, c’est qu’une bonne moitié de ces fûts est assez irradiante (et on ne connaît pas leur composition exacte).

(Un grand fan de ce projet de reprise et conditionnement des fûts bitumes c’est @e_punctatus, donc n’hésitez pas si vous avez des questions #PassionBitume)

Les fûts les moins irradiants et en bon état ont déjà été retiré (environ 12.000, entreposés dans les alvéoles EIP voir la photo 3 tweets plus haut) avec une espèce de Fenwick blindé de 19 tonnes appelé la Rascasse.

Cette rascasse est conduite par un humain et a quelques inconvénients : visibilité réduite, manœuvrabilité pas ouf dans les casemates exiguës, et qui limite le temps d’utilisation à 1h30 par jour.

Donc pour remédier à ça et manipuler les autres fûts moisis en évitant l’irradiation des personnels, voici la Murène !

11 tonnes tout électrique sur batterie, piloté à distance avec caméras, LIDAR et géolocalisation, made in France par @Bouygues_C Expertise Nucléaire.

La Murène est bardée de capteurs pour se déplacer (vitesse max 1 km/h) et saisir les fûts un par un avec son bras télescopique.

Dans la démo qu’on a vu, enlever un fût a pris environ 10 minutes, ce qui explique que la reprise de tous les fûts s’étale sur une vingtaine d’années.

Un truc bien sympa à voir ce sont les roues avec des petits boudins, qui permettent à la Murène de se déplacer en crabe, et donc d’avoir une manœuvrabilité excellente.

Pour terminer ce thread en dansant, voici la Murène en action 🦾
(la légende dit que c’est suite à ça que Zucchero a écrit la chanson Baila Murena)

Les visites se terminent ici, j’espère vous en avoir fait profiter au moins un petit peu ☺️

Un grand merci au @_GIFEN pour l’organisation, @CEA_Officiel @iterorg @CEACadarache @CEAMarcoule pour les présentations et les visites, et aux copains @TristanKamin et @buchebuche561 pour leur compagnie (et grâce à moi vous connaissez maintenant l’histoire du tréteau 🤗)

Allez C’EST L’HEURE DE LA SURPRISE !! 🎁🥳

Tous les 100 RT de ce thread, un des twittos sera tiré (quasi) au sort pour faire la prochaine visite avec nous ! 😊

(ils ne le savent pas encore mais ce sera très certainement chez @OranoMelox 😁😇😌)

Et maintenant je vous laisse avec le live de Zucchero : Baila Morena 😁
Bonne soirée tout le monde ! 😘

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