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Jan 6, 2023, 27 tweets

đŸ§” « Je m’appelle Diha. Je vis au Cameroun, au cƓur de la forĂȘt Ă©quatoriale. On nous appelle les « pygmĂ©es », mais nous nous voyons juste comme des ĂȘtres humains amoureux de la forĂȘt. »

tract.sn/2023/01/tribun


#Diha « Nous avons toujours vĂ©cu en symbiose avec la biodiversitĂ©. Nous la connaissons, nous la chĂ©rissons, nous l’intĂ©grons Ă  notre sociĂ©tĂ©. Nous avons une quinzaine de termes pour dĂ©signer l’élĂ©phant en fonction de son Ăąge, de son sexe, de son caractĂšre.

La biodiversité nous nourrit, nous soigne, nous accompagne dans nos pratiques quotidiennes. En retour, nous contribuons à la dynamique de régénération naturelle, nous la protégeons. Lorsque nous récoltons des ignames, nous en laissons toujours aux éléphants car ils en raffolent.

Nous chantons en cueillant, nous chantons pour les animaux, pour les plantes, nous chantons autour du feu le soir pour accompagner les contes, nous chantons pour accueillir un nouveau-né, bercer nos enfants, aider un malade à guérir ou adoucir la route de nos morts.

Mais tout ça, c’était avant. Car le WWF a crĂ©Ă© avec les autoritĂ©s du Cameroun des Aires protĂ©gĂ©es sur nos terres et a recrutĂ© des gardes forestiers armĂ©s jusqu’aux dents. Il parait que c’est pour ‘conserver la nature’. Nous n’avons pas Ă©tĂ© consultĂ©s. N’est-ce pas surrĂ©aliste ?

Nous avons Ă©tĂ© expulsĂ©s de nos terres. Lorsque nous essayons d’accĂ©der Ă  notre forĂȘt et Ă  nos sites ancestraux, des « écogardes », avec leurs armes et leurs 4X4 estampillĂ©s WWF, nous battent, nous humilient, nous torturent, au nom de leur mission, protĂ©ger la forĂȘt, clament-ils.

Nous avons Ă©tĂ© condamnĂ©s par un État corrompu, des multinationales cupides et des ONG peu scrupuleuses Ă  subir l’expropriation et Ă  regarder nos forĂȘts ĂȘtre anĂ©anties pour en extraire le bois, crĂ©er des plantations industrielles et faire leur greenwashing avec des crĂ©dits carbone

Ces Aires ProtĂ©gĂ©es ont fait de nous des criminels et des intrus sur nos propres terres. Nos droits humains, nos droits Ă  la terre et Ă  l’autodĂ©termination, nos savoir-faire ancestraux dans la gestion durable de notre Ă©cosystĂšme, sont bafouĂ©s et mĂ©prisĂ©s au quotidien.

Les gardes forestiers ont confisquĂ© nos instruments Ă  percussion. Nous n’avons plus notre tambour, l’enzeko, ni notre harpe, le geedale-bagongo, ni notre arc Ă  une corde, le mbela. N’est-ce pas de la persĂ©cution ?

Nous sommes dĂ©sormais contraints de vivre dans des huttes prĂ©caires en bordure de routes loin de la forĂȘt de nos aĂŻeuls. Nous subissons la famine, le soleil nous brĂ»le la peau, les maladies explosent, nous mendions parfois pour survivre, nous qui avons toujours vĂ©cu en autonomie.

VoilĂ  une nouvelle annĂ©e qui pointe son nez. Le bourdonnement des abeilles nous manque, il fait partie intĂ©grante de nos chants comme les cris d’animaux. Nos terres et notre libertĂ© nous manque. Laissez-nous retrouver la forĂȘt, notre douce et belle compagne de toujours.

Laissez- nous juste vivre notre vie comme avant, avec les grands singes, les Ă©lĂ©phants, les abeilles, et nos chants. ChassĂ©s de notre forĂȘt, oĂč sommes-nous supposĂ©s vivre, survivre ? Sommes-nous donc vraiment des « sous-hommes » vouĂ©s Ă  disparaĂźtre ? »

-

#Contexte : Le Cameroun, dirigĂ© par Paul Biya depuis 40 ans, est habitĂ© par des communautĂ©s autochtones Baka, Bedzan, Bakola et Bagyeli reprĂ©sentant ≈ 120.000 personnes subissant le mĂȘme sort que Diha. Elles sont souvent dĂ©signĂ©es par le nom de ‘PygmĂ©es’. survie.org/publications/v


« PygmĂ©e » est un terme occidental dĂ©prĂ©ciatif utilisĂ© par les occidentaux pour dĂ©signer un ensemble hĂ©tĂ©rogĂšne de peuples animistes, semi-nomades et chasseurs-cultivateurs d’Afrique centrale. journals.openedition.org/africanistes/4


Au Cameroun, la plupart des Aires protĂ©gĂ©es ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es sous la supervision du @WWF qui en gĂšre la majoritĂ© en fournissant hommes et matĂ©riels, et qui organise un systĂšme opaque de primes versĂ©es aux fonctionnaires d’Etat pour favoriser ses projets. lemonde.fr/planete/articl


En 2016 @Survival a portĂ© plainte auprĂšs de l’OCDE contre le @WWF pour expulsions illĂ©gales, violences, viols, meurtres et humiliations rĂ©pĂ©tĂ©es perpĂ©trĂ©s contre les Baka par les Ă©cogardes des Parc Nationaux du Cameroun gĂ©rĂ©s par le WWF depuis 1991.

survivalinternational.fr/actu/11131

Fait sans prĂ©cĂ©dent, l’OCDE avait jugĂ© recevable cette plainte, la premiĂšre contre une ONG (le WWF), et a organisĂ© une mĂ©diation. Seules les multinationales Ă©taient jusqu’alors amenĂ©es Ă  justifier leurs pratiques devant l’OCDE. lemonde.fr/afrique/articl


En 2017, la mĂ©diation a Ă©chouĂ© car le @WWF a refusĂ© de soumettre ses projets au consentement des communautĂ©s autochtones et paysannes concernĂ©es, conformĂ©ment aux principes mĂȘmes du WWF.

@Survival a donc été contrainte de rompre le dialogue avec le WWF. survivalinternational.fr/actu/11804

En 2020 les crimes et violations rĂ©pĂ©tĂ©es des droits humains contre les Baka en RDC et au Cameroun ont Ă©tĂ© confirmĂ©s par une enquĂȘte de l’ONU survivalinternational.fr/actu/12341 et un rapport interne du WWF survivalinternational.fr/actu/12503.

@Survival appelle alors à la démission du Président du WWF.

Aujourd’hui, Ă©cocides et ethnocides continuent au Cameroun avec le soutien actif du WWF. Les multinationales dĂ©truisent plus de 100.000 ha de forĂȘt par an et les peuples autochtones sont de plus en plus ostracisĂ©s au nom de la protection de la nature. lemonde.fr/afrique/articl


Les Baka sont accusĂ©s de « braconnage » parce qu’ils pratique une chasse de subsistance. Pendant ce temps, de riches occidentaux viennent pratiquer la chasse aux trophĂ©es dans les Aires protĂ©gĂ©es gĂ©rĂ©es par le WWF.
- survivalinternational.fr/videos/baka-ch

- reporterre.net/Le-WWF-accuse-


Ce sont les multinationales nord-amĂ©ricaines, asiatiques et europĂ©ennes qui font le + de dĂ©gĂąts avec la complicitĂ© de l’État et des populations locales qui gĂšrent des plantations, comme certains Bantous qui rĂ©tribuent les Baka en riz ou cigarette pour des travaux aux champs.

La société de négoce de bois Rougier a déforesté le Cameroun pendant des années, y compris les terres autochtones, en partenariat avec @WWFFrance et @AFD_France, avant de céder sa filiale en 2018.
- survivalinternational.fr/actu/11284
- survie.org/billets-d-afri

- amp.france24.com/fr/20180606-fo


La mĂȘme annĂ©e, la sociĂ©tĂ© #Camvert, contrĂŽlĂ©e par le milliardaire Aboubakar al Fatih, un proche du pouvoir, obtient une concession au Sud Ouest du Cameroun, en territoire Bagyeli.

@Greenpeace alerte sur ce projet
-greenpeace.org/africa/fr/publ

-pages.greenpeaceafrica.org/camvert_fr?_ga


Camvert a acquis de l’État le droit d’exploiter la zone UFA09025, qui faisait partie du Parc National de Campo Ma’an gĂ©rĂ© par le WWF, et compte en extraire le bois prĂ©cieux et y constituer une palmeraie de 60.000 ha.

2000 ha. ont déjà été défrichés. themusebaproject.org/a-la-une/agro-


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