C.R. (ancien compte) Profile picture
Nouveau compte : @clementrenard_

Jan 17, 2023, 27 tweets

đŸ§” DĂ©colonialisme ou Extinction

Un fil sur les Ă©tudes dĂ©coloniales et l’urgence de faire sociĂ©tĂ© par delĂ  les rapports de domination

#AbolirLesDominations

La dĂ©colonisation est une lutte menĂ©e partout dans le monde pour la restitution de leurs terres et de leur capacitĂ© d’auto-dĂ©termination aux survivants de la (nĂ©o)colonisation, cette entreprise Ă©cocidaire, ethnocidaire et gĂ©nocidaire qui a permis la globalisation du capitalisme.

Le dĂ©colonialisme rassemble des courants de pensĂ©e issus des SHS qui analysent les structures de pouvoir et les rapports de domination opĂ©rant Ă  l’échelle globale, tout en tĂąchant d’intĂ©grer Ă  leur dĂ©marche les personnes et les pensĂ©es rendues invisibles par la (nĂ©o)colonisation.

DĂšs 1962, Levi-Strauss thĂ©orisait la pensĂ©e sauvage : la puissance sauvage de toute pensĂ©e, prĂ©sente en toute personne, tant qu'elle n'a pas Ă©tĂ© domestiquĂ©e Ă  des fins de rendement ; en opposition Ă  la rationalitĂ© savante mise au service de l’accumulation du Capital et de l’État.

En 1976, inspirĂ© par son travail de recherche en AlgĂ©rie, Bourdieu rĂ©flĂ©chissait Ă  la maniĂšre dont le passĂ© de la science coloniale constitue un des obstacles Ă©pistĂ©mologiques principaux Ă  la « vĂ©ritable dĂ©colonisation de la science sociale d’une sociĂ©tĂ© rĂ©cemment dĂ©colonisĂ©e »

Au mĂȘme moment, le sociologue Syed Hussein Alatas enseignait Ă  ses Ă©tudiants qu’ils Ă©taient des ‘esprits captifs’ prisonniers de concepts et de thĂ©ories Ă©laborĂ©s en Occident et qu’ils les reproduisaient en devenant eux-mĂȘmes des ‘esprits captateurs’ pour de futurs esprits captifs

Dans les années 1980 ont émergé les études postcoloniales avec des chercheurs comme Edward Saïd, Gayatri Spivak ou Homi Bhabha, qui, inspirés par Frantz Fanon et la French Theory, proposent une critique des représentations et des discours coloniaux eurocentristes.

En Inde, les subaltern studies impulsĂ©es par Ranajit Guha ont rĂ©analysĂ© des moments de l’histoire indienne depuis la base, depuis le regard des groupes dominĂ©s, Ă  l’encontre des rĂ©cits nationalistes et colonialistes.
-indomemoires.hypotheses.org/21436
-cairn.info/revue-geneses-


L’anthropologie a montrĂ© les limites du dualisme Ă©pistĂ©mologique nature/culture et la nĂ©cessitĂ© de le dĂ©passer en s’inspirant des Ă©pistĂ©mologies des sociĂ©tĂ©s autochtones.

đŸ“»
-
📰
-terrestres.org/2018/10/11/le-

-terrestres.org/2019/12/20/lig

-laviedesidees.fr/L-Anti-Narciss


Les Ă©tudes dĂ©coloniales ont Ă©mergĂ© dans les annĂ©es 1990 sous l’impulsion de chercheurs sud-amĂ©ricains qui ont Ă©largi la critique postcoloniale en s’intĂ©ressant aux luttes des groupes sociaux dominĂ©s et aux rapports de domination qui se sont systĂ©matisĂ©s avec la colonisation.

Les chercheurs dĂ©coloniaux ont constatĂ© que c’est Ă  partir de la colonisation de l’AmĂ©rique —l’exploitation de la main-d’Ɠuvre de personnes autochtones et/ou rĂ©duites Ă  l’état d’esclaves depuis leur dĂ©portation des pays africains— que la subalternisation s’est globalisĂ©e.

AnĂ­bal Quijano Ă©crit qu’avant 1492 l’idĂ©e de ‘race’ au sens moderne n’existait pas. Les colonisateurs ont codifiĂ© les phĂ©notypes de façon Ă  faire de l’identitĂ© raciale un outil de classification sociale permettant de systĂ©matiser l’exploitation capitaliste Ă  l’échelle globale.

La colonisation des AmĂ©riques a ainsi installĂ© le capitalisme comme le centre systĂ©mique autour duquel les rapports de domination et d’exploitation entrent en concordance pour les besoins d’un marchĂ© global qui les renforcent en retour. scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/ch


Selon Quijano, la matrice coloniale (ou colonialitĂ© du pouvoir) s’est globalisĂ©e en se fondant sur 4 piliers :

- l'exploitation de la force de travail
- la domination ethno-raciale
- le patriarcat
- le contrÎle des formes de subjectivité usherbrooke.ca/philosophie/fi


Cette matrice coloniale structure, maximise et reproduit le processus d’accumulation de capital et les inĂ©galitĂ©s inhĂ©rentes. Sur cette base, et en recourant Ă  une extrĂȘme violence, s’est formĂ©e une structure d’oppression si puissante qu’elle reste en vigueur jusqu’à aujourd’hui.

Constatant que de nombreuses sociĂ©tĂ©s autochtones des AmĂ©riques sont animistes, matriarcales et a-hiĂ©rarchiques, M. Lugones a dĂ©veloppĂ© la notion de colonialitĂ© du genre et analysĂ© la maniĂšre dont la colonisation a globalisĂ© l’oppression de genre. decolonial.hypotheses.org/2056

De maniĂšre remarquable, les chercheurs travaillant sur des groupes aussi Ă©loignĂ©s que les peuples autochtones d’Amazonie et les milieux queer convergent vers des constats similaires comme la nĂ©cessitĂ© de dĂ©passer le dualisme Ă©pistĂ©mologique raison/Ă©motions.

L’écologie dĂ©coloniale montre que la crise Ă©cologique est la continuation logique du colonialisme, de son Ă©conomie extractive et de ses plantations industrielles qui engendrent la destruction des mondes Ă©pistĂ©miques, ontologiques et Ă©cologiques des Suds. laviedesidees.fr/Decoloniser-la


L’intersectionnalitĂ©, proposĂ© par K.W. Crenshaw, constitue un outil de grande valeur pour distinguer les diffĂ©rents rapports de domination systĂ©miques (classisme, racisme, sexisme, validisme, homophobie, transphobie
) et analyser comment ils affectent les individus en pratique.

Le capitalisme est ainsi un systĂšme par essence illibertaire, inĂ©galitaire et autoritaire, et il se perpĂ©tue par le biais de rapports de domination et d’exploitation systĂ©matisĂ©s par la colonisation en vue de maximiser l’accumulation du capital et confisquer le pouvoir via l’État

Les Ă©tudes dĂ©coloniales ont dĂ©passĂ© l'analyse marxiste en mettant en Ă©vidence un systĂšme de domination complexe Ă  l’Ɠuvre dans nos sociĂ©tĂ©s soutenue par une Ă©pistĂ©mologie hĂ©gĂ©monique qui colonise nos maniĂšres de voir, de savoir et de penser malgrĂ© les rĂ©sistances intellectuelles.

La connaissance Ă©tant toujours situĂ©e, une science dĂ©coloniale est une science qui s’autocritique et s’ouvre aux Ă©pistĂ©mologies de ceux qu’elle considĂšre historiquement subalternes jusqu’à les fondre dans les conditions de production des savoirs lĂ©gitimes de la sociĂ©tĂ© globalisĂ©e

En France, le post-colonialisme et le dĂ©colonialisme sont surtout des objets de fantasme de la droite et de l’extrĂȘme droite. Leur enseignement est encore bien rare, d’autant qu’il est transdisciplinaire, ce qui ne convient guĂšre Ă  l’enseignement supĂ©rieur cqfd-journal.org/Decoloniser-l-


Dans « DĂ©colonial », S. Dufoix appelle Ă  la pluriversalisation du monde plutĂŽt qu’à l’universalisation de l’épistĂ©mĂš europĂ©enne. Le pluriversalisme n’est pas le produit d’un contrat social ou de la rationalitĂ©, mais d’une histoire de la domination de certains groupes sur d’autres

En ce sens, il s’agit de valoriser des formes d’exister, d’éprouver et de produire du savoir sur le monde qui ont Ă©tĂ© rĂ©primĂ©es ou rendues invisibles, telles les pratiques autogestionnaires des peuples autochtones et des paysans libertaires, et d’en imaginer de nouvelles.

Le @PartiIndigenes a le mérite de faire infuser la pensée décoloniale dans la société. Si ses postures militantes sont souvent critiquées, on parle moins des effets pervers du multiculturalisme néolibéral cairn.info/revue-actuel-m
 ou du tournant fascisant du régime macroniste.

Dictionnaire décolonial scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/
Perspectives décoloniales decolonial.hypotheses.org
RED etudesdecoloniales.press
Approche dynamique des études décoloniales

➕@Malcomsun @LissellQuiroz @phamthikang @FabDecoloniale @QDecolonial @mmoirecoloniale

Share this Scrolly Tale with your friends.

A Scrolly Tale is a new way to read Twitter threads with a more visually immersive experience.
Discover more beautiful Scrolly Tales like this.

Keep scrolling