Thread by @clemrenard_

🧵 Décolonialisme ou Extinction

Un fil sur les études décoloniales et l’urgence de faire société par delà les rapports de domination

#AbolirLesDominations

La décolonisation est une lutte menée partout dans le monde pour la restitution de leurs terres et de leur capacité d’auto-détermination aux survivants de la (néo)colonisation, cette entreprise écocidaire, ethnocidaire et génocidaire qui a permis la globalisation du capitalisme.

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Le décolonialisme rassemble des courants de pensée issus des SHS qui analysent les structures de pouvoir et les rapports de domination opérant à l’échelle globale, tout en tâchant d’intégrer à leur démarche les personnes et les pensées rendues invisibles par la (néo)colonisation.

Dès 1962, Levi-Strauss théorisait la pensée sauvage : la puissance sauvage de toute pensée, présente en toute personne, tant qu'elle n'a pas été domestiquée à des fins de rendement ; en opposition à la rationalité savante mise au service de l’accumulation du Capital et de l’État.

En 1976, inspiré par son travail de recherche en Algérie, Bourdieu réfléchissait à la manière dont le passé de la science coloniale constitue un des obstacles épistémologiques principaux à la « véritable décolonisation de la science sociale d’une société récemment décolonisée »

Au même moment, le sociologue Syed Hussein Alatas enseignait à ses étudiants qu’ils étaient des ‘esprits captifs’ prisonniers de concepts et de théories élaborés en Occident et qu’ils les reproduisaient en devenant eux-mêmes des ‘esprits captateurs’ pour de futurs esprits captifs

Dans les années 1980 ont émergé les études postcoloniales avec des chercheurs comme Edward Saïd, Gayatri Spivak ou Homi Bhabha, qui, inspirés par Frantz Fanon et la French Theory, proposent une critique des représentations et des discours coloniaux eurocentristes.

En Inde, les subaltern studies impulsées par Ranajit Guha ont réanalysé des moments de l’histoire indienne depuis la base, depuis le regard des groupes dominés, à l’encontre des récits nationalistes et colonialistes.
-indomemoires.hypotheses.org/21436
-cairn.info/revue-geneses-…

L’anthropologie a montré les limites du dualisme épistémologique nature/culture et la nécessité de le dépasser en s’inspirant des épistémologies des sociétés autochtones.

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-terrestres.org/2018/10/11/le-…
-terrestres.org/2019/12/20/lig…
-laviedesidees.fr/L-Anti-Narciss…

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Les études décoloniales ont émergé dans les années 1990 sous l’impulsion de chercheurs sud-américains qui ont élargi la critique postcoloniale en s’intéressant aux luttes des groupes sociaux dominés et aux rapports de domination qui se sont systématisés avec la colonisation.

Les chercheurs décoloniaux ont constaté que c’est à partir de la colonisation de l’Amérique —l’exploitation de la main-d’œuvre de personnes autochtones et/ou réduites à l’état d’esclaves depuis leur déportation des pays africains— que la subalternisation s’est globalisée.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1502284741332115458

Aníbal Quijano écrit qu’avant 1492 l’idée de ‘race’ au sens moderne n’existait pas. Les colonisateurs ont codifié les phénotypes de façon à faire de l’identité raciale un outil de classification sociale permettant de systématiser l’exploitation capitaliste à l’échelle globale.

La colonisation des Amériques a ainsi installé le capitalisme comme le centre systémique autour duquel les rapports de domination et d’exploitation entrent en concordance pour les besoins d’un marché global qui les renforcent en retour. scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/ch…

Selon Quijano, la matrice coloniale (ou colonialité du pouvoir) s’est globalisée en se fondant sur 4 piliers :

- l'exploitation de la force de travail
- la domination ethno-raciale
- le patriarcat
- le contrôle des formes de subjectivité usherbrooke.ca/philosophie/fi…

Cette matrice coloniale structure, maximise et reproduit le processus d’accumulation de capital et les inégalités inhérentes. Sur cette base, et en recourant à une extrême violence, s’est formée une structure d’oppression si puissante qu’elle reste en vigueur jusqu’à aujourd’hui.

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Constatant que de nombreuses sociétés autochtones des Amériques sont animistes, matriarcales et a-hiérarchiques, M. Lugones a développé la notion de colonialité du genre et analysé la manière dont la colonisation a globalisé l’oppression de genre. decolonial.hypotheses.org/2056

https://twitter.com/clemnaturel/status/1614873507946532865

De manière remarquable, les chercheurs travaillant sur des groupes aussi éloignés que les peuples autochtones d’Amazonie et les milieux queer convergent vers des constats similaires comme la nécessité de dépasser le dualisme épistémologique raison/émotions.

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L’écologie décoloniale montre que la crise écologique est la continuation logique du colonialisme, de son économie extractive et de ses plantations industrielles qui engendrent la destruction des mondes épistémiques, ontologiques et écologiques des Suds. laviedesidees.fr/Decoloniser-la…

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L’intersectionnalité, proposé par K.W. Crenshaw, constitue un outil de grande valeur pour distinguer les différents rapports de domination systémiques (classisme, racisme, sexisme, validisme, homophobie, transphobie…) et analyser comment ils affectent les individus en pratique.

Le capitalisme est ainsi un système par essence illibertaire, inégalitaire et autoritaire, et il se perpétue par le biais de rapports de domination et d’exploitation systématisés par la colonisation en vue de maximiser l’accumulation du capital et confisquer le pouvoir via l’État

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Les études décoloniales ont dépassé l'analyse marxiste en mettant en évidence un système de domination complexe à l’œuvre dans nos sociétés soutenue par une épistémologie hégémonique qui colonise nos manières de voir, de savoir et de penser malgré les résistances intellectuelles.

La connaissance étant toujours située, une science décoloniale est une science qui s’autocritique et s’ouvre aux épistémologies de ceux qu’elle considère historiquement subalternes jusqu’à les fondre dans les conditions de production des savoirs légitimes de la société globalisée

En France, le post-colonialisme et le décolonialisme sont surtout des objets de fantasme de la droite et de l’extrême droite. Leur enseignement est encore bien rare, d’autant qu’il est transdisciplinaire, ce qui ne convient guère à l’enseignement supérieur cqfd-journal.org/Decoloniser-l-…

Dans « Décolonial », S. Dufoix appelle à la pluriversalisation du monde plutôt qu’à l’universalisation de l’épistémè européenne. Le pluriversalisme n’est pas le produit d’un contrat social ou de la rationalité, mais d’une histoire de la domination de certains groupes sur d’autres

En ce sens, il s’agit de valoriser des formes d’exister, d’éprouver et de produire du savoir sur le monde qui ont été réprimées ou rendues invisibles, telles les pratiques autogestionnaires des peuples autochtones et des paysans libertaires, et d’en imaginer de nouvelles.

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Le @PartiIndigenes a le mérite de faire infuser la pensée décoloniale dans la société. Si ses postures militantes sont souvent critiquées, on parle moins des effets pervers du multiculturalisme néolibéral cairn.info/revue-actuel-m… ou du tournant fascisant du régime macroniste.

Dictionnaire décolonial scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/
Perspectives décoloniales decolonial.hypotheses.org
RED etudesdecoloniales.press
Approche dynamique des études décoloniales

➕@Malcomsun @LissellQuiroz @phamthikang @FabDecoloniale @QDecolonial @mmoirecoloniale

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