Thread by @LarrereMathilde

En préparant un cours sur la république parthénopéenne (république napolitaine, 1799) j’ai découvert une femme assez extraordinaire
alors je vous partage cette découverte

Je vous présente Eleonora Fonseca Pimentel

1)Eleonora Fonseca Pimentel était membre de la noblesse portugaise, vivant d’abord à Rome où elle nait en 1752 puis s’installant à Naples.
Dans les années 1770, Eleonora elle est une des personnalités reconnues des milieux littéraires éclairés et les salons napolitains.

2)Elle épouse une espèce de brute épaisse, un militaire qui la bat au point de lui faire faire une fausse couche, et dont heureusement elle finit par se sépare

3)Dans les années 1790, Eleonora, qui était devenue bibliothécaire de la reine Marie-Caroline (qui au début était favorable aux Lumières avant que de s’en détacher, effrayée par la R° fr), est gagné aux idées portées par la Révolution française

4)elle traduit les textes révolutionnaires français en dialecte napolitain et s’implique dans les réseaux des clubs jacobins italiens, prônant le renversement de la monarchie napolitaine et défendant la République sociale (elle était proche des idées des Montagnards)

5)Ce qui lui vaut d’être emprisonnée pour jacobinisme en 1798

6)En 1799, à l’arrivée des armées fr, elle est libérée et devient immédiatement un des chefs de file de la révolution qui renverse la monarchie des Bourbons et proclame, le 21 janvier 1799, la République parthénopéenne.

7)Elle dirigea en personne (et en habit d’homme) les forces qui obtiennent la capitulation des forces royalistes en garnison au château Sant'Elmo surplombant la ville. Ce qui n’est pas rien pour une femme à cette époque

8)La république parthénopéenne fut une république sur le modèle montagnard de la constitution de l’an I, un république démocratique et sociale

9)Pendant la courte vie de cette république (6 mois) Eleonora rédigea une grande partie des articles du Monitore Napolitano , journal officiel de la république, dont elle était la directrice

10)Consciente que les classes populaires ne soutenaient pas la révolution napolitaine et se méfiaient de la République, elle rédige en dialecte napolitain de nombreux articles pour expliquer au peuple les problèmes sociaux et les convaincre des bienfaits de la république sociale.

11)Lorsque la République fut renversée en juin 1799, Eleonora fut au nombre des révolutionnaires condamnés par les simulacres de tribunaux royaux de la restauration bourbonienne.

12)Elle fut condamné à mort, et pendue ce alors qu’elle n’avait commis d’autre crime durant la révolution que de publier des articles.

13)Avant de monter sur l’échafaud une source rapporte qu’elle aurait bu un café, puis prononcé les vers de Virgile : « peut-être un jour il sera utile de se souvenir de tout ça » (forsan et haec olim meminisse juvabit)

14)Révolutionnaire et intellectuelle engagée, elle fut pourtant oubliée assez vite.
On lui préféra la figure d’une autre femme de la république parthénopéenne, Luisa Sanfélice qui avait déjouée une conjuration royaliste et qui fut comme elle exécutée au retour des Bourbons

15)Luisa Sanfélice était beaucoup moins politisée, beaucoup moins investie. Elle avait surtout déjoué la conjuration pour sauver son amoureux qui était républicain. Mais c’est elle qui devint l’icône et la martyre républicaine (not grâce au roman d’Alexandre Dumas)

16)Comme l’écrit l’historienne M. Traversier, "Luisa Sanfelice offrait une image de la femme plus conforme aux attentes (des hommes du 19e sc). Amoureuse jusqu'à préférer la vie de son amant à la sienne, mais suffisamment sage pour ne pas s'impliquer dans le combat politique"