Ici au RT 36 Théories et paradigmes sociologiques, session sur « Le processus de conceptualisation ».
On écoute Rémi Sinthon : « Départager les approches théoriques en fonction de leurs impensés : le cas des conceptions de la stratification sociale »
Le point de départ du travail de R. Sinthon : vérifier la théorie de la légitimité culturelle.
Son principe : départager les théorisations sociologiques sur le critère de leurs impensés.
Pour commencer, recensement des conceptions de la stratification et de la mobilité sociale.
Pour un autre regard sur cette session, retrouvez aussi le LT de @SocioTonyo.
Une fois le corpus de texte examiné, examen des critiques adressées aux différentes approches et mise en évidence de 6 grands impensés :
1) L'essentialisation des catégories d'analyse
2) L'analyse symétrique de la descente et de l'ascension sociale
3) L'échelle d'analyse, gouvernée par celle des outils empiriques
4) La prétention à un point de vue englobant
5) L'oubli qu'il existe plusieurs dimensions des statuts sociaux
6) Le sujet pertinent de la stratification sociale
Comment alors éviter ces impensés ? R. Sinthon recommande d'adopter une voie durkheimienne et de penser en termes de faits sociaux.
Pour en savoir plus, je vous renvoie vers l'ouvrage dont est tiré cette comm : _Repenser la mobilité sociale_ (2018)
Question de la salle : que recommande R. Sinthon pour l'innovation théorique en sociologie ?
--> lire autre chose que de la sociologie (ex : de l'histoire des sciences)
--> s'intéresser aux auteurs et promouvoir la cumulativité scientifique (= chercher les 1ers à avoir innové)
--> construire son terrain empirique sur la base de connaissances théoriques
Recommandation de lecture de la salle :
📖 _Lost in maths. Comment la beauté égare la physique_ de Sabine Hossenfelder
Deuxième intervention de cette session :
Julien Larregue et Frédéric Lebaron : « Matérialité de la pensée et résistance à l'idéalisme. Sur l'opportunité d'une interprétation sociologique des processus cérébraux »
L'enjeu est d'apporter une réflexion autour du concept d’habitus.
F. Lebaron comme par expliquer que les sciences sociales ne se sont pas suffisamment confrontées aux avancées des neurosciences depuis les années 1990.
J. Larregue souligne l'enjeu qu'il y a à incorporer les données sur le cerveau dans l'explication sociologique des processus sociaux.
Contre l'idée que la sociologie n'est pas une science cognitive et contre le débat dichotomique « pour/contre » les sciences cognitives.
--> il y a bien une sociologie cognitive.
La sociologie éclaire bel et bien des processus mentaux (acquisition des connaissances, langage, émotions, mémoire...).
Ex : Durkheim et Mauss ; B. Lahire sur les rêves ; K. Cerulo sur l'odorat (bit.ly/2L6w4ja)...
Il s'agit donc de revendiquer l'autonomie scientifique de la sociologie, mais de
remettre en cause son autonomie ontologique : il n'y a pas de processus sociaux qui soient séparés des processus cérébraux, et vice-versa.
J. Larregue souligne l'importance de la plasticité cérébrale = le fait que le cerveau est un organe qui évolue au gré des expériences sociales.
--> de là, prolonger l'hypothèse de Bourdieu = le cerveau est aussi un produit du social.
Dans ce cadre, le concept d'habitus est pertinent pour considérer les données contemporaines sur le cerveau.
En termes neuroscientifiques, l'habitus peut être défini comme une mémoire procédurale découlant d'un apprentissage du cerveau.
F. Lebaron et J. Larregue développent mtn cette approche dans une enquête sur les pianistes de jazz.
Il y a des observations cérébrales de pianistes en train d'improviser, avec des résultats contradictoires : l'activité cognitive est parfois + grande, parfois + basse en impro
Hypothèse des sociologues : les variations de résultats viendraient du fait que certains tests sont faits avec des pianistes classiques, et d'autres avez des pianistes de jazz -->
2 groupes aux socialisations bien différentes qui construisent d'inégaux rapports à l'impro.
Les intervenants concluent sur la fonction dénaturalisante de la sociologie.
Ils invitent à distinguer naturalisation et biologisation : le biologique n'est pas forcément naturel.
Naturel/biologique/social... autant de catégories encore instables dans leurs travaux.
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Ça y est, il est là ! Le livre issu de ma thèse sur la culture scientifique sort le 15 septembre aux @EdAutrement ✨
Il s’appelle *La bosse des maths n’existe pas. Rétablir l’égalité des chances dans les matières scientifiques*
@EdAutrement Maintenant que j’ai le résultat final en main, j’aime penser à toutes les personnes, collègues et ami·es qui sont représentées dans ce livre...
@EdAutrement Faire une revue de littérature, c’est un peu comme réunir un squad surpuissant pour soutenir sa démonstration…
En parler sans convoquer une montagne de clichés, c’est mieux.
Un exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire avec la mathématicienne et physicienne Émilie du Châtelet.
A (very long) thread
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Avant-propos : je ne doute pas que les ressources dont je vais parler aient été conçues avec les meilleures intentions, notamment celle de mettre en lumière des femmes scientifiques. J’ai conscience du travail bénévole nécessaire à leur production & de la facilité de ma critique.
J’espère que leurs auteurs verront derrière la polémique qui va suivre un appel à collaborer et à poursuivre les efforts pour plus d’égalité en sciences.
Après tout, leurs contributions ont le mérite de nous permettre de parler des femmes scientifiques !
L'accès aux sciences intéresse beaucoup en ce moment et de nombreuses institutions posent la question des inégalités en sciences et techniques – comment les comprendre/les réduire ?
Mais il y a des réponses qu’elles n’ont pas du tout envie d’entendre…
Comme c’est mon sujet de recherche, je suis régulièrement sollicitée par des institutions d’éducation/médiation/vulgarisation scientifique pour parler des inégalités en sciences.
J’ai fait quelques constats sur leurs attentes et leur réception de mon travail.
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1️⃣ Toutes les inégalités face aux sciences ne suscitent pas le même intérêt.
C’est OK de parler des inégalités hommes/femmes (= sous-représentation des femmes en sciences), mais les inégalités de classes sociales ou ethno-raciales, ça passionne tout de suite moins 🤔
Je suis avec les RT4 Éducation et formation et RT50 Socialisations, pour une séance sur les classements enfantins et les instances de socialisation.
Nous écoutons d'abord Julien Vitores : « Les animaux sont-ils “bons à penser” ? La socialisation des enfants de 3-6 ans aux opérations élémentaires de catégorisation ».
Comment les enfants en âge d'aller à l'école maternelle apprennent-ils à catégoriser les animaux ?
À ces âges, les animaux sont des figures omniprésentes dans les univers enfantins. En existe-il des catégorisations socialement différenciées ?
J. Vitores commence par rappeler deux approches psychologiques pour penser le développement de la catégorisation enfantine :
Après la soirée fort réussie d'hier soir, retour dans les amphis pour la 4e et dernière journée de congrès...
Aujourd'hui, je vais suivre la conférence semi-plénière consacrée à la réception des classements dans l'éducation et la formation.
La séance s'ouvre avec une intervention de Xavier Pons : « Le pouvoir des classements : une approche configurationnelle ».
Objectif : réfléchir à partir d'une sociologie de l'action publique au pouvoir des classements - à partir de la notion de « configuration ».
X. Pons défend la thèse suivante : le pouvoir performatif des classements ne repose pas uniquement sur leurs propriétés intrinsèques, mais sur la + ou - forte adéquation entre ces propriétés et les configurations d'action publique dans lesquelles ces classements sont utilisés.