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Oct 3, 2019 36 tweets 10 min read Read on X
Au procès des #bonbonnes la cour entend Sarah Hervouet, 26 ans, accusée du deuxième attentat (au couteau à Boussy-Saint-Antoine). Elle encourt, elle aussi, la réclusion à perpétuité.
Issue d'une famille catholique, Sarah Hervouet explique sa conversion : "ma vie j’avais l’impression qu’elle ne ressemblais à rien. J‘avais besoin d’un socle, d’une bonne hygiène de vie. Et la religion m’a vraiment aidée au départ. "
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "j'ai posé la question à imam au sujet de la hijra, Il m'a dit que oui, c'était obligatoire pour les musulmans d'émigrer dans un pays musulman. Après, il ne m'a pas dit : c'est obligatoire d'aller en Syrie ..."
#bonbonnes
Sarah Hervouet au sujet de son départ en Syrie : "j'ai toujours eu quelque chose avec les enfants; Et j'ai commencé à regardé des vidéos. Puis, je pouvais plus rester ici, à dormir, manger alors que d'autres souffraient."
Sarah Hervouet : "mon but c'était de partir là-bas [en Syrie ndlr] pour me marier, fonder ma famille et continuer à aider les gens."
Sarah Hervouet rencontre un combattant de l'état islamique sur Internet : "il m'a envoyé un message sur Facebook pour me dire que c'était "haram", interdit de mettre des photos de soi dévoilée. Je l'ai remerciée du rappel et puis voilà ... "
Sarah Hervouet : "j'avais déjà vu son visage sur BFM parce qu'il était dans une vidéo avec une kalachnikov à côté de lui. Ca m'a pas empêchée de discutée avec lui. Il me faisait des rappels parce que je n'avais vraiment aucune science religieuse à cette époque là."
Sarah Hervouet : "il m'a proposé qu'on se marie sur Skype. Mais j'ai refusé, je voulais attendre de le voir sur place [en Syrie, ndlr]. Il m'a envoyé de l'argent pour que je puisse prendre un billet d'avion."
Elle sera finalement arrêtée à la frontière turque.
Président : "quels étaient vos projets en partant en Syrie ?"
Sarah Hervouet : "me marier, faire des enfants et aider la population syrienne .... comme je peux, je ne suis qu'une femme."
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "j'étais amoureuse de lui [un combattant de l'état islamique], c'est peut-être bête à dire, ridicule pour vous. Je pensais qu'il allait me protéger et m'aider à apprendre ma religion."
#bonbonnes
Après son arrestation en Turquie et son retour en France, Sarah Hervouet garde contact avec le djihadiste "pour rembourser les 500 euros qu'il m'avait prêté, c'est important pour moi d'être réglo avec tout le monde."
#bonbonnes
De retour en France, elle se marie religieusement.
Président : "pourquoi avoir choisi cet homme-là?"
Sarah Hervouet : "ben, parce qu'il était dans la religion. Et on avait le projet commun de partir dans un pays musulman. Voilà."
#bonbonnes
Mais le mariage religieux tourne court. Sarah Hervouet : "c'est vrai qu'on ne se connaissait pas. On avait des caractères très différents en fait."
#bonbonnes
Ensuite, Sarah Hervouet a un nouveau projet de mariage religieux ... avec Larossi Abballa, l'auteur, quelques mois plus tard, de l'attentat de Magnanville [où deux policiers ont été tués à leur domicile].
Puis, un autre mariage est "envisagé". Cette fois, avec Adel Kermiche, auteur de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray [dans lequel le père Hamel a été égorgé].
"Mais il était un petit peu jeune dans sa tête", explique Sarah Hervouet.
Sarah Hervouet sur le fait qu'elle ait eu des relations avec deux auteurs d'attentats : "j'aimerais pouvoir dire que c'est pas de chance. J'ai bien conscience que ça soulève des questions. Mais moi j'ai jamais su qu'ils allaient faire des attentats."
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "quand on discutais, ça n'a jamais été évoqué. Larossi Aballa, c'était pas un homme violent en soi, en tous cas j'avais pas perçu ça. Mais je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il a fait [l'attentat de Magnanville ndlr].
#bonbonnes
Sarah Hervouet est aussi en contact avec Rachid Kassim, cadre de l'état islamique. "Il m'a envoyé des manuscrits et m'a persuadée que les femmes pouvaient combattre. J'ai hésité, mais j'ai fini par accepté en me disant que c'était ce qu'il fallait que je fasse."
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "je suis franche avec vous. A partir du moment où Rachid Kassim m'a démontré que les femmes pouvaient combattre, je ne me suis pas du tout refusée à cette éventualité".
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "j'ai utilisé et gaspillé énormément de mon temps dans des conversations internet. Des heures et des heures, des nuits entières."
#Bonbonnes
Quand Rachid Kassim parle à Sarah Hervouet d'un projet d'attentat : "je lui ai dis, je vais réfléchir, faire la prière de consultation. Et puis j'ai dit que je me sentais prête."
#bonbonnes.
Sarah Hervouet : "j'ai précisé à Rachid Kassim que moi les égorgements, les coupages de têtes, c'était pas mon truc."
Alors le djihadiste lui propose de prendre un maire en otage et se faire tirer dessus par la police.
#bonbonnes
Sarah Hervouet se rend alors dans la mairie de sa ville, Cogolin, envisage d'attaquer le maire, mais renonce. "Je suis rentrée chez moi, j'ai vomi. J'étais pas capable de faire ça."
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "j'étais pas capable, je peux pas [égorger quelqu'un ndlr]. Mais Rachid Kassim me disait "il faut pas que tu traînes, tu vas te faire attraper, patin, couffin ..."
#bonbonnes
C'est alors que naît un autre projet d'attentat : Rachid Kassim met en contact Inès Madani (toujours déterminée après l'échec de l'attentat des #bonbonnes ), Sarah Hervouet (qui s'est dit incapable d'égorger le maire de sa ville) et Amel Sakaou.
Sarah Hervouet : "mon but initial c'était pas de tuer des gens, mais provoquer la panique, un mouvement de foule, attendre que les policiers viennent, les viser avec un faux pistolet pour qu'ils tirent."
#bonbonnes
Quand Sarah Hervouet arrive dans l'appartement où se trouve les deux autres filles, celles-ci sont très méfiantes : "elles ont fouillé m'ont téléphone et trouvé les contacts des deux agents de la DGSI qui me suivaient depuis mon retour de Syrie. Ca a créé des tensions."
Sarah Hervouet : "elles n'avaient aucune confiance en moi. Elles ont gardé leur couteau toute la journée avec moi, même quand on priait. Mais je tiens à préciser que je ne suis pas une victime. La victime, c'est le policier que j'ai blessé. Je veux que ce soit très clair."
Finalement, les trois femmes apprennent par la fille de l'une d'elle qu'il y a des policiers à la gare. Elles quittent précipitamment l'appartement, envisagent de voler une voiture. Attaque un homme dans une camionnette, qui en réalité était policier de la DGSI.
Sara Hervouet : "j'ai pas pensé à le tuer, j'ai juste visé ce qu'il y avait devant moi. Mon cerveau était déconnecté. J'étais choquée moi-même de ce que j'étais en train de faire."
Sarah Hervouet : "j'ai passé une journée hardcore, encore une fois je ne souhaite pas qu'on me considère comme une victime, je n'en suis pas une. Mais c'était une journée horrible."
#bonbonnes
Sarah Hervouet : "j'ai pas imaginé une seule seconde qu'il y aurait une case prison, que je me ferais arrêtée. J'étais persuadée que j'allais mourir ce jour-là."
#bonbonnes
Avant de partir commettre l'attentat, Sarah Hervouet laisse des lettres à sa famille. A sa soeur, par exemple : "mon bébé, sache que je t'aime plus que tout au monde. Mon acte est un acte d'adoration envers mon Seigneur."
#bonbonnes
Après son interpellation, alors qu'elle est en détention, Sarah Hervouet demande au juge d'instruction l'autorisation de se marier avec un autre détenu, condamné pour terrorisme.
Sarah Hervouet explique avoir reçu un courrier d'un détenu après avoir entendu parler d'elle par une autre détenue croisée dans le fourgon cellulaire. "Il voulait se marier, m'a dit qu'il me soutiendrait pour la suite et ce qui m'attend est pas facile, il ne faut pas se mentir."
Sarah Hervouet : "lui il va sortir dans pas longtemps de prison et il va essayer de me soutenir. J'ai écrit au juge d'instruction pour essayer d'avoir des parloirs après. J'essaie d'avancer avec ce que je peux, ce qu'on me donne, c'est pas facile."
#bonbonnes

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Jun 14
Bonjour à tous,
C'est rare, mais ça arrive : en direct d'une audience civile aujourd'hui. En l'occurrence l'assignation en référé des Républicains par Eric Ciotti pour contester son exclusion du parti et de la présidence de celui-ci.
Ca se passe au tribunal judiciaire de Paris.
11 heures. L'audience est ouverte. Et débute l'appel des parties. Juste une question de procédure ? Et non, car premier écueil : deux avocats se présentent comme représentants des Républicains.
L'un côté Eric Ciotti, l'autre côté Annie Genevard et François-Xavier Bellamy.
“Je ne peux pas recevoir une double constitution. C’est un problème et c’est à vous de trancher”, s'agace la présidente. Sauf que personne ne lâche. Car derrière cette question de robes, il y a tout l'enjeu de l'audience du jour : qui préside encore Les Républicains ?
Read 22 tweets
Apr 25
Bonjour à tous,
Après une pause hier, le procès de la Grande mutation devant la 13e chambre correctionnelle de Paris reprend avec les dernières auditions de parties civiles. Puis viendront les interrogatoire des prévenus, à savoir six cadres de l'organisation sectaire.
Emmanuelle s'avance à la barre. Elle est l'aînée d'une des anciennes adeptes de la Grande mutation.
"Quatre enfants, enfance heureuse, une mère aimante".
C'est autour de 2005, que sa mère commence à fréquenter la Grande mutation, "emmenée par un rabatteur à Dijon".
"C'était un médecin qui était le rabatteur de la Grande mutation à Dijon. Il a été radié depuis, mais à l'époque il avait une vraie plaque de médecin", explique Emmanuelle à la barre. "Du coup, elle allait à Paris aux conférences et entretiens individuels".
Read 27 tweets
Mar 28
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Read 25 tweets
Mar 27
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
Read 29 tweets
Mar 22
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."
Read 53 tweets
Mar 19
Retour au procès dit du #VioleurdeTinder devant la cour criminelle départementale de Paris.
Salim Berrada, ancien photographe de mode, comparaît depuis hier pour les viols et agressions sexuelles de 17 jeunes femmes qu'il avait contactées pour de séances photo.
Cet après-midi les premières parties civiles témoignent à la barre. Louise (le prénom a été modifié) a tout d'abord raconté l'agression sexuelle qu'elle dit avoir subie de l'accusé. "Soudainement, il s'est jeté sur moi, il m'a embrassée avec la langue. Je ne voulais pas"
A la barre en ce moment, Caroline, maquilleuse qui a travaillé avec l'accusé.
"Avec l’affaire Salim Berrada, il y a eu un avant et un après : les gens ont commencé à parler"
"C’est un peu le #MeToo de la photographie ?" relève le président.
- C’était avant MeToo, mais oui.
Read 21 tweets

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