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Oct 16, 2019 37 tweets 16 min read Read on X
Irène Frachon explique que cette "médecine basée sur les preuves" est le principe des études préalables à la mise sur le marché d'un médicament. "Mais ces études ne concernent que quelques milliers de patients. C'est est très faible."
#Mediator
Irène Frachon : "On n'observe généralement que des effets auxquels on s'attend. C'est pour cela, qu'une fois qu'il y a la mise sur le marché, se met en place la pharmacovigilance."
#Mediator
Irène Frachon : "lorsqu'il y a une inquiétude, mais qu'elle n'est pas suffisante pour emporter la conviction, on regarde dans le rétroviseur. Il existe des méthodologies qui permettent de revenir en arrière pour des patients déjà traités, notamment l'étude cas-témoin."
#Mediator
Irène Frachon a terminé son propos liminaire. Elle tient à ajouter "et ce sera bref, je vous assure" la nécessité de la pluridisciplinarité. "Ce que je fais tous les jours depuis 30 ans. On écrit, on téléphone et on n'hésite pas à déranger de grands experts nationaux"
#Mediator
Irène Frachon revient à ses années d'internat : "lorsque j'arrive, il y a une très grande inquiétude dans le service de l'hôpital Antoine Béclère car ils voient arriver une épidémie de jeunes femmes avec cette maladie qui leur laisse 2 ans d'espérance de vie."
#Mediator
Irène Frachon explique qu'à l'époque on soupçonne un lien entre cette épidémie d'HTAP, maladie pourtant extrêmement rare, et la prise d'un médicament utilisé comme un coupe-faim : l'isoméride."
#Mediator
Irène Frachon : "près d'un quart des patients arrivants dans le services ont alors été exposé à ce coupe-faim. En 1993, les médecins vont publier une étude sur 15 cas. Mais le laboratoire #Servier qui commercialise l'Isoméride ne veut rien entendre."
#Mediator
Irène Frachon : "les autorités sanitaires sont pétrifiées et les jeunes femmes qui continuent d'arriver dans le service ne sont au courant de rien. Pourtant la force du lien est la même que celle du cancer du poumon et de l'exposition au tabac"
#Mediator
Irène Frachon : "en France, il y aura juste des restriction de prescription à 3 mois.
Et aux Etats-Unis, le médicament est commercialisé sous le nom de Redux, sans aucune restriction. Je vous passe comment #Servier a roulé tout le monde dans la farine ... "
#Mediator
Irène Frachon : "finalement, une étude conclut à l'apparition des valvulopathies. Elle a aboutit au retrait au niveau mondial de toutes les associations "fen-fen" [fenfluramine et fentermine].
#Mediator
Irène Frachon : "à l'époque, j'étais jeune, j'avais 27 ans et mon mari me rappelle que je lui en parlais tous les soirs, pendant des mois ..."
#Mediator
Irène Frachon : "à l'époque je suivais les victimes". Elle évoque Anna qui "s'est battue dix ans" face au déni "inébranlable, INE-BRAN-LABLE des laboratoires #Servier devant les alertes."
#Mediator #Isoméride
Irène Frachon :"il y a eu des recours [de #Servier] pour réintroduire l'#Isoméride sur le marché jusqu'en 2004."
#Mediator
Irène Frachon : "l'autre chose qui m'a marquée à l'époque c'est le climat d'attaques et de menaces". La pneumologue évoque le journaliste du Parisien qui a révélé l'affaire de l'#Isoméride : "il retrouvait dans sa boîte aux lettres des photos de sa fille devant l'école"
#Mediator
Irène Frachon : "en 1997, au moment du retrait de l'#Isoméride, un documentaire passe à la télévision. La veille, des référés de #Servier arrivent. Chaque fois que les jeunes femmes qui allaient mourir et qui témoignaient disaient le mot "Isoméride", il était remplacé par un BIP"
Irène Frachon parle d'un "sentiment d'impunité, voire de toute puissance" des laboratoires #Servier
#Mediator
Irène Frachon : "après ces années passées à l'hôpital Béclère puis Foch, j'ai suivi mon époux à Brest. Il fait des cartes marines et c'est un bel endroit pour les faire ... et j'ai été ravie d'arriver dans ce beau pays."
#Mediator
Irène Frachon explique avoir continué à prendre en charge des victimes de l'#Isoméride une fois à Brest : "aujourd'hui, elles sont presque toutes mortes et aucune n'a jamais été indemnisée".
#Mediator
Irène Frachon : " le fait d'être exposé brièvement, même quelques mois, à une fenfluramine implique des risques la vie durant le risque de voir développer de l'hypertension pulmonaire."
#Mediator
Irène Frachon fouille dans une sa chemise rouge cartonnée remplie de documents plastifiés : "on a beau croire qu'on a tout bien rangé ...."
#Mediator
Irène Frachon : "en 2007, nous recevons une patiente qui s'appelle Joëlle et qui souffre d'une obésité exceptionnelle. Je vérifie la liste des médicaments et constate qu'elle est sous #Mediator
Irène Frachon : "alors pourquoi je tique ? Parce que je viens d'en parler avec un collègue qui m'a parlé d'un médicament de #Servier un antidiabétique qui ne sert à rien, mais qui est un cousin de l'#Isoméride : le #Mediator "
Irène Frachon : "alors j'appelle mes collègues de l'hôpital Béclère, qui me parlent de deux cas. Moi, j'en ai trois. Donc on se retrouve avec cinq cas."
#Mediator
Irène Frachon : "et puis les mois passent, j'en parle - je suis très bavarde - à mon collègue Yannick Jobic. Il m'appelle en 2007. Il était avec Martine, une infirmière du service, hospitalisée en urgence et il découvre deux valvulopathies géantes."
#Mediator
Irène Frachon :"Martine, cela faisait six mois qu'elle était sous ... #Mediator"
Irène Frachon : "je vous avoue qu'en 2007, je n'ai jamais vu une valve cardiaque de ma vie. Mais je pense que c'est ce qui m'a permis d'échapper à un certains nombre d'idées reçues."
#Mediator
Irène Frachon : "alors, je descends au bloc et je prends des photos. Et puis je vais les comparer avec les photos publiées par les Américains [face au scandale de l'#Isoméride]"
#Mediator
Irène Frachon évoque au passe le fait que les laboratoires "#Servier organisent et participent de près à tous les congrès de pharmacologie et de pharmacovigilance de France qui sont presque ... des salons mondains."
#Mediator
Irène Frachon alerte sa référente en pharmacovigilante qui lui répond : "quand j'ai lu la note, je me suis dit que je m'étais trompée. Qu'il n'y avait pas de signal pour ce médicament aussi prescrit que la ventoline. Ca ne tenait pas la route"
#Mediator
Ce moment où Irène Frachon annone la lecture d'un article scientifique en anglais ... avec un accent français à couper au couteau.
#Mediator
Irène Frachon explique qu'après avoir reçu la fameuse note en pharmacovigilance : "je suis complètement rassurée .
Mais ..."
Elle poursuivra quand même ses lectures scientifiques.
#Mediator
Irène Frachon a aussi apporté sa clé USB pour projeter des schémas des différentes molécules évoquées.
#Mediator
Irène Frachon fait ainsi projeter sur le grand écran de la salle d'audience la photo du coeur de "Marie-Claude, décédée après six ans de #Mediator ".
Petit à petit, les cardiologues du service d'Irène Frachon prennent l'habitude de lui parler de leurs cas : "je commence à descendre au bloc, à avoir l'oeil et je suis étonnée d'en voir beaucoup."
#Mediator
Irène Frachon : "ce que je sais, en 2008, c'est que la norfenfluramine est un poison puissant, mortel. Mais je n'ai que des informations parcellaires."
#Mediator
Irène Frachon explique avoir publié un article scientifique en anglais sur le benfluorex [la molécule du #Mediator ] : "j'ai découvert avec effarement, les falsifications qu'il y a eu dans la traduction utilisée par #Servier ses responsables, ses communiquants et ses défenseurs".
Irène Frachon insiste : "j'ai été horrifiée de voir comment les traductions de ces publications ont été détournées, falsifiées par les responsables de #Servier
Cela a amené à ce qu'un grand nombre de victimes soient déboutées de leurs demandes d'indemnisation"
#Mediator

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Mar 28
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Read 25 tweets
Mar 27
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
Read 29 tweets
Mar 22
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."
Read 53 tweets
Mar 19
Retour au procès dit du #VioleurdeTinder devant la cour criminelle départementale de Paris.
Salim Berrada, ancien photographe de mode, comparaît depuis hier pour les viols et agressions sexuelles de 17 jeunes femmes qu'il avait contactées pour de séances photo.
Cet après-midi les premières parties civiles témoignent à la barre. Louise (le prénom a été modifié) a tout d'abord raconté l'agression sexuelle qu'elle dit avoir subie de l'accusé. "Soudainement, il s'est jeté sur moi, il m'a embrassée avec la langue. Je ne voulais pas"
A la barre en ce moment, Caroline, maquilleuse qui a travaillé avec l'accusé.
"Avec l’affaire Salim Berrada, il y a eu un avant et un après : les gens ont commencé à parler"
"C’est un peu le #MeToo de la photographie ?" relève le président.
- C’était avant MeToo, mais oui.
Read 21 tweets
Mar 18
Bonjour à tous,
Palais de justice de Paris, île de la Cité.
Dans la (petite) salle Diderot s'ouvre aujourd'hui le procès de Salim Berrada, ancien photographe de mode de 38 ans. Surnommé le #VioleurdeTinder , il comparaît pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes.
L'accusé, petites lunettes rondes, coupe afro, collier de barbe, est installé dans le box vitré.
Il avait été remis en liberté après un peu plus de deux ans de détention provisoire ... avant d'être réincarcéré à la suite de nouvelles plaintes pour viol.
Sur les bancs de bois de la salle d'audience criminelle départementale, plusieurs parties civiles. Ce femmes qui ne se connaissaient pas dénoncent toutes un scénario très similaire sur ces rendez-vous pour une séance photo qui ont tourné au viol.
Read 27 tweets
Feb 28
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, nous sommes au tribunal judiciaire, quartier des Batignolles. Une salle du 4e étage pour le procès de l'influenceur d'extrême-droite Papacito devant la 17e chambre correctionnelle.
Le Youtubeur toulousain encourt sept ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour provocation publique, propos homophobes et incitation à commettre une atteinte à l'intégrité physique d'une personne.
En l'occurrence, la personne visée dans 2 vidéos du youtubeur est le maire de Montjoi, village de 169 habitants où un banal litige sur l'usage d'un chemin rural a viré au règlement de compte sur les réseaux sociaux.
Harcelé et menacé de morts, le maire du village a porté plainte
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