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En complément de l'excellente analyse de la rhétorique consistant à séparer l'homme de l'artiste par @IrisBrey sur @mediapart, je voudrais expliquer en quoi le concept de "cinéma d'auteur" à la française est un dispositif de protection des prédateurs comme Polanski 👇
1/ La "politique des auteurs" a été inventée dans les années 50 par des jeunes critiques qui deviendront les réalisateurs-phares (masculins) de la "Nouvelle Vague".
2/ Il s'agissait alors d'affirmer la puissance du réalisateur pour s'affranchir des règles syndicales qui structuraient encadraient la production cinématographique et qui donnaient un pouvoir important aux scénaristes et aux techniciens
3/ C'est une prise de pouvoir symbolique : la valeur d'un film ne se mesure plus à sa qualité technique ou à son succès, mais au geste artistique du réalisateur désormais considéré comme un créateur solitaire, à la manière des peintres ou des écrivains.
4/ Cette hortodoxie "auteuriste", toujours très actuelle dans la critique comme dans les universités, est doublement problématique : non seulement elle fait reposer l'histoire du cinéma sur les "grands hommes" et leurs oeuvres,
5/ mais elle constitue aussi un redoutable dispositif de pouvoir : les réalisateurs tout-puissants font absolument ce qu'ils veulent (avec les femmes notamment), pourvu que cela serve leur génie créateur.
6/ C’est ce même dispositif qui protège les prédateurs et leur permet de continuer à harceler et agresser les femmes et les filles en étant protégés par leur statut d’artiste :
7/ Sur ce point l'article de @mediapart construit autour du témoignage d'Adèle Haenel est éloquent : tout le monde savait que ce qu'il se passait était anormal mais personne n'a rien dit (ou très peu), notamment pour ne pas interférer dans le processus de création.
8/ La croyance dans le génie et le pouvoir absolu du réalisateur-créateur était ainsi manifestement plus forte que la conviction qu’il fallait protéger une petite fille.
9/ Il est donc largement temps de repenser notre rapport au cinéma, au regard masculin (male gaze) dont il est l'expression et à l'auteurisme trop souvent mâtiné de masculinisme qui structure une bonne partie de la critique et de l'enseignement du cinéma en France.
10/ Quelques lectures pour étayer mon propos :
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