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Le matin du 26 août 1980, 2 livreurs déposèrent une photocopieuse dans un hôtel-casino du Nevada, le Harvey's Wagon Wheel. Le lendemain, le bâtiment fut désintégré. La photocopieuse s’avéra être la bombe artisanale la plus complexe jamais étudiée par le FBI. Sto-sto-story time⬇️
La bombe avait la forme d'une grosse boîte métallique surmontée d'une boîte plus petite, cette dernière étant couverte d'interrupteurs. Le tout avait été enveloppé dans une couverture portant le logo IBM, et au pied de l'engin, on avait déposé une lettre destinée à la direction.
La lettre ne laissait aucune ambiguïté sur la fonction de l'appareil : il s'agissait d'une bombe si sensible qu'il était impossible de la désamorcer, ou de la démonter. Chacune de ses vis était connectée à un détonateur, et elle était équipée de capteurs de niveau et de pression.
Pour eviter une catastrophe, disait la lettre, la seule solution était de désactiver deux des trois minuteurs automatiques, afin d'avoir le temps de déplacer la bombe, et la faire exploser dans un endroit désert.
Et bien sûr, en échange des instructions pour désactiver ces minuteurs, l'auteur de la lettre demandait qu'on lui remette 3 millions de dollars dans les 24 h. Sinon, la bombe détruirait non seulement le casino, mais endommagerait aussi sévèrement les bâtiments alentour.
Les autorités firent immédiatement évacuer le périmètre, et les experts en explosifs étudièrent la "boîte" sous toutes ses coutures. En la passant aux rayons X, ils constatèrent qu'elle était remplie de câbles et de cylindres qui ne ressemblaient pas du tout à du bluff.
Le maître-chanteur exigeait que la somme soit livrée par hélicoptère. Et le FBI décida de coopérer, ou presque : l'agent qui pilota l'hélicoptère jusqu'au point de rendez-vous emporta avec lui des sacs dont seule la couche supérieure était constituée de vrais billets.
Caché derrière le siège du pilote, un homme armé était là pour défendre son collègue en cas de problème. L'hélicoptère se posa à l'endroit convenu, et l'agent y trouva de nouvelles directives sous la forme d'une autre lettre. Puis, le plan prit une tournure imprévue.
La lettre indiquait que le pilote devait voler jusqu'à un autre lieu, où il verrait un stroboscope s'éclairer. Mais les explications n'était pas claires, et l'agent du FBI ne trouva jamais l'endroit en question. La tension monta d'un cran : il ne restait que quelques heures.
De leur coté, les experts en explosifs eurent une idée. A l'aide d'une charge creuse, ils pourraient faire sauter la tête de la bombe, et ainsi séparer les détonateurs de la dynamite qui se trouvait dans la boîte du dessous. L'option était (très) risquée, mais elle fut validée.
Par sécurité, la zone d'évacuation fut agrandie, et dans les casinos qui se trouvaient à une distance suffisamment éloignée, les joueurs pariaient sur l'issue de la situation : explosera ? Explosera pas ?

Ils furent rapidement fixés.
Le plan aurait pu marcher, mais ce que les experts ne savaient pas, c'est que le créateur de la bombe avait aussi placé de la dynamite dans la petit boîte du haut, qui ne semblait abriter que le circuit des détonateurs. En explosant, la petite boîte fit exploser la grosse.
En tout, la bombe contenait près d'une demi-tonne de dynamite. Son explosion créa un cratère de 5 étages à l’intérieur du bâtiment, et les débris de ce dernier volèrent sous les acclamations des touristes. Vous pouvez voir la scène dans cette vidéo à 1:13

Le FBI offrit 500 000 $ de récompense en échange d'une piste. Un mois plus tard, ils reçurent l'appel d'un jeune garçon qui prétendait que son ex copine était sortie avec le fils du coupable. L'information semblait foireuse, mais elle était parfaitement exacte.
Le créateur de la bombe s'appelait John Birges. C'était un ancien militaire qui avait servi comme pilote dans l'armée hongroise pendant la seconde guerre mondiale, et accessoirement, il était plutôt doué en explosifs.
Capturé par les russes dans les années 40, il passa plusieurs années au goulag avant d’être renvoyé en Hongrie, puis il immigra aux Etats-Unis en 1957. Là, il créa une entreprise d'aménagements paysagers qui le rendit millionnaire. Mais son rêve américain ne dura pas.
John était accro aux jeux. Il laissait des fortunes sur les tables de blackjack, et son lieu de perdition favori avait pour nom... Harvey’s Wagon Wheel. En tout, il y perdit près de 600 000 $. C'est ainsi que sa rancœur grandit, et qu'il commença à élaborer un plan.
Avec l'aide de sa compagne et de ses fils, John construisit ce qu'il appela la "machine". Il embaucha ensuite deux de ses anciens employés pour la livrer au casino, grossièrement camouflée en photocopieuse. Les deux hommes n'apprirent la nature du colis qu'après la livraison.
Aujourd'hui, la bombe de John est toujours étudiée comme cas d'école au FBI. Il s'agit de la bombe artisanale la plus complexe à laquelle le bureau ait été confronté, et au moment de l'affaire, c'était également la plus puissante a avoir explosé aux Etats-Unis.
Mais malgré le caractère exceptionnel de cette histoire, il semble qu'elle soit progressivement tombée dans l'oubli. D'après l'ancien agent Bill Jonkey, l'explication serait assez simple : la terrible "machine" de John Birges n'a finalement fait aucune victime.
Si le thread vous a intéressé, vous pourrez trouver des informations supplémentaires ici :
fbi.gov/video-reposito…
damninteresting.com/the-zero-armed…
en.wikipedia.org/wiki/Harvey%27…
flickr.com/photos/fbi/467…
Cette vidéo décrit les 8 mécanismes de déclenchement qui rendaient la bombe quasiment impossible à désamorcer
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