Thread by @marine_roussill

#11mai J’en vois qui préparent tranquillement une reprise scolaire au rabais pour les plus pauvres, en attendant que les conditions soient réunies pour que les autres acceptent de mettre leurs enfants à l’école.
Pourquoi c’est une mauvaise idée, et ce qu’il faudrait faire. ⬇️

C’est une mauvaise idée parce que c’est tous ensemble qu’on apprend et qu’on construit une culture commune.

Pour justifier la reprise, on nous parle de lutte contre les inégalités. Mais on ne lutte pas contre les inégalités en séparant les enfants en difficulté des autres!

Ce qui se dessine revient plutôt à contaminer en priorité les familles les plus populaires (ceux qui reprendront le travail et n’auront pas d’autre choix que d’envoyer leur môme à l’école).

Et puis un service public minimal pour les pauvres, et des solutions alternatives pour les autres (cours particuliers, enseignement à distance...), ça ne vous rappelle rien ?

C’est un vieux projet libéral dont on a vu les résultats à l’hôpital notamment.

Alors bien sûr là il s’agit d’une mesure exceptionnelle, juste le temps de l’épidémie...

Sauf que personne ne peut dire quand s’arrêtera le temps de l’épidémie. Et qu’en septembre on y sera sûrement encore.

Alors si l’éducation nationale n’est pas à la hauteur, si elle ne prend pas au sérieux la sécurité des enfants, des familles et des personnels, on s’habituera doucement à considérer qu’elle n’est une solution que pour ceux qui n’ont pas le choix.

Ceux qui peuvent iront ailleurs: dans des écoles privées offrant de meilleures garanties de sécurité, dans des cours à distance, quitte à payer cher.

Et c’en sera fini de l’école commune, de la culture commune. Quelle catastrophe pour notre société!

Alors on fait quoi ?

On prend le temps qu’il faut mais on construit les conditions d’une reprise pour tous les enfants.

Il faut des tests et des masques, du savon et des serviettes en papier.

Il faut des locaux (squares et cours de récré, gymnases...).

Et puis il faut beaucoup plus de personnels: enseignants, asem, personnels médicaux, personnels d’entretien... Il faut recruter en urgence et former.

Enfin, et rien ne sera possible sans cela: il faut reconquérir la confiance des enseignants, des personnels et des familles après des mois et des mois de mensonges et de mépris.

Un moratoire sur les réformes de l’éducation nationale est nécessaire.
Une communication transparente sur le nombre d’enseignant-e-s et de personnels contaminés ces dernières semaines.

Et sans doute faut-il aussi reconnaître que Blanquer n’est pas l’homme de la situation.

Parce que oui, nos enfants ont besoin d’école. Mais ils ont besoin d’une école commune, pour toutes et tous.