Thread by @jeredejere

On est en plein paradoxe qui peut aboutir à des ruptures graves. On veut à la fois se déconfiner et oublier ces 2 mois horribles, et en même temps on est morts de trouille. Du coup on exige du gvt qu'il nous organise un déconfinement en toute sécurité. Après tout c son taff !

Mais le gvt en est bien sûr incapable. Non seulement cette crise est pour lui encore plus que pour nous tous un monde de certitudes qui s'écroule, avec les hésitations dramatiques qui vont avec, mais surtout rien ne garantit que ça soit seulement possible !

Sur la question des écoles, il me semble qu'on a tous bien compris que :
- pour contenir le virus il ne faut pas rouvrir les écoles
- on ne peut pas garder les écoles fermées pendant 1 an ou 2 en attendant un vaccin

Cette contradiction logique, les parents la renvoient sur l'école, qui la renvoie sur le ministre, qui du coup produit un doc de 63 pages à la "mission impossible", à charge pour chq dirlo et chq maire de se démerder avec, tout en disant aux parents "faites comme vous voulez".

Mais on voit bien que :
1) Personne, pas même le ministre, ne contrôle la situation (et comment le pourrait-on, c'est un saut dans l'inconnu)
2) Tout le monde, y compris le ministre, essaye de border sa responsabilité en cas de catastrophe sanitaire ultérieure.

Tt le monde veut pouvoir dire qu'il a fait ce qu'il pouvait pour éviter 1 catastrophe, et c compréhensible. L'ennui c que cette attitude incite au statu quo du confinement, qui n'est clairement pas tenable en l'état. Ce qui nous renvoie au paradoxe de départ, et ainsi de suite…

Si vous demandez aux médecins, ils diront de rester chez vous ad vitam. Si vous demandez aux pédagogues, ils diront de rouvrir les écoles demain matin. Si vous demandez aux économistes, ils diront de relancer l'activité. Si vous demandez aux psys, etc. 🤯

C'est là qu'on voit un truc : si le rôle (et la responsabilité) du gvt est clairement fondamental, cette crise exige de nous collectivement un sursaut d'imagination dans l'organisation. Or la volonté d'écarter tout risque, notamment juridique, n'y invite clairement pas.

Sur les écoles, le gvt devrait soit dire "on ne rouvre pas", soit dire "faites au mieux" sans donner de directives. Mais la situation est ainsi faite que sa seule option est de pondre un document imbitable et inapplicable. Tenter de tout formaliser alors que c'est impossible.

Mais en théorie, il faudrait redéfinir les objectifs de l'éduc nat et réinventer des moyens de les atteindre : Le bac est-il si important ? Les programmes ? L'école doit-elle forcément se passer dans une "école" (soyons fou) ? Quelle part d'essentiel et de superflu ?

Même quadrature du cercle dans les transports publics, qui devrait nous conduire à réinterroger le mode d'organisation de la ville qui oblige des millions de gens à traverser les métropoles en long en large et en travers… tous les jours à la même heure.

Dans une ville comme Paris, ça oblige à réfléchir aux prix des logements, aux "besoins", à la localisation et à la responsabilité des entreprises, à penser la ville à l'échelle de la métropole (pas gagné vu le millefeuille administratif).

Je vais dire n'importe quoi, mais pourquoi ne pas obliger les entreprises à recruter ultra local, ou bien à loger les salariés sur zone ? Réguler le prix d'un logement en fonction du salaire d'une personne dans la zone où elle trav (en plus ça renforcerait la mixité sociale) ?

Rappel : "Oui, mais tout est de la faute du gvt" n'est pas une réponse au PB qui nous est posé. Ça peut éventuellement être un exutoire qui se résoudra aux prochaines élections ou devant la justice, mais pas un plan de déconfinement.