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EN DIRECT 🎙️ : "LE PIR FÊTE SES 15 ANS - Le PIR(e) est-il arrivé ?"

🙋‍♂️ Avec Houria Bouteldja, Youssef Boussoumah, Mehdi Meftah, Norman Ajari, Louisa Yousfi et leurs invités

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#8Mai1945 #8Mai2020

"La première réussite du PIR, c'est d'avoir imposé le terme de "race" comme concept social et politique." Wissam Xelka

"La notion d' "Indigènes de la République" est née en 2003 dans un contexte extrêmement islamophobe, celui de l'après 11 septembre, des débats sur le voile à l'école et de la création de Ni Pute Ni Soumise." Houria Bouteldja

"Se dire "Indigène de la République", c'était constater que, 20 ans après la marche pour l'égalité et contre le racisme, on étaient toujours considérés comme des indigènes dans une société raciste." Houria Bouteldja

"Au moment de l'Appel des Indigènes de la République, on a observer deux choses. D'une part, un enthousiasme fort de la part de ceux issus de l'immigration. D'autre part, des controverses fortes sur le mythe républicain, la question coloniale et l'autonomie." Mehdi Meftah

"Les émeutes de 2005, qui ont eu lieu six mois après notre Appel, avaient des revendications non seulement sociales mais aussi "décoloniales". Les jeunes brandissaient leurs cartes d'identité en disant "elles ne nous servent à rien !"." Houria Bouteldja

"Lorsqu'on est un enfant de l'immigration et qu'on rencontre pour la première fois le discours du PIR, c'est un moment décisif. Il met à nu les mythes dont on est bercés et nous réconcilie profondément avec nous-même." Louisa Yousfi

"Le PIR permet de se reconnecter avec un passé, une histoire. Celui de la colonisation, de la traite esclavagiste. Mais aussi celui de la lutte anticoloniale, de Fanon. Les indigènes ont brisé l'omerta imposé par la République sur la question raciale." Norman Ajari

"Il faut rendre hommage à Sadri Khiari qui nous a appris à 1) penser le pouvoir et les rapports de force 2) théoriser la race appliquée au cas français et 3) avoir une stratégie politique. C'est pourquoi nous sommes diabolisés, pour être de vrais militant politiques."H. Bouteldja

"La gauche militait pour les droits pour les sans-papiers, l'égalité avec eux, etc. Mais cette approche ne remet pas en cause la distinction entre citoyens/étrangers. Nous voulons renverser le pacte national-racial, en défaisant la France et l'empire." Mehdi Meftah

"Le PIR exprime le fait que les multiples identités ne font pas que se superposer mais s'opposent fondamentalement. Être à la fois Noir et Français, c'est avoir deux identités qui se cannibalisent." Norman Ajari

"Dire "sous-chiens", c'est vulgaire, indigne, c'est vide politiquement. Évidemment, je disais "souchiens", car j'ai un propos politique. Entendre un tiret, c'était nous considérer comme de sales arabes forcément vulgaires." Houria Bouteldja

"Certes, le fait que des gouvernants (Hortefeux, Valls) nous aient dans le viseur montre qu'on a été identifiés par le pouvoir. Mais le pouvoir n'a pas pour autant été ébranlé par notre existence. C'est plutôt la gauche radicale qui a été ébranlée." Houria Bouteldja

"L'ostracisation du PIR, sa diabolisation, est une réponse à notre projet de fédérer les forces indigènes pour rivaliser avec les institutions en place. On souffre donc de cette diabolisation car elle met en échec ce projet politique." Louisa Yousfi

"Nous ne sommes pas diabolisés pour le plaisir. Cette diabolisation a une fonction politique et stratégique. Une fonction politique : unifier les Blancs dans un vote de race (derrière Sarkozy en 2007). Une fonction stratégique : nous éloigner des nôtres, les indigènes." M. Meftah

"Le premier adverse de notre autonomie, dans l'histoire, ce n'est pas l'État, c'est la gauche ! La gauche, c'est celle qui a l'habitude de parler au nom des indigènes. C'était déjà le cas au moment de l'Étoile nord-africain. Elle a horreur quand nous disons "Nous"." Y. Boussoumah

"Le PIR se veut en rupture entière avec l'ensemble du monde blanc, d'un point de vue politique et théorique. C'est la condition-même de notre émancipation. C'est pourquoi nous rompons également avec le progressisme blanc, tel que le féminisme." Houria Boutledja

"Le premier échec du PIR, c'est de n'avoir pas réussi à unifier l'ensemble des compositions politiques indigènes : les Noirs, les Rroms, les Musulmans. Ces divergences résultent de l'histoire coloniale, mais nous n'avons pas réussi à les dépasser." Houria Bouteldja

"Le second échec du PIR, c'est de n'avoir pas réussi à s'implanter dans les quartiers, même si encore une fois cela résulte de la configuration du pouvoir en France." Houria Bouteldja

"On reproche souvent au PIR d'être trop provocateurs, de mal dire les choses. Mais nous avons le droit d'être insolents ou orgueilleux, car cela a avoir avec la dignité indigène. On est fiers lorsque Houria a la télévision tient tête aux Blancs." Louisa Yousfi

"Avant le PIR, on ne parlait pas en France de racisme institutionnel, d'islamophobie d'État, de domination blanche. Grâce à eux, ces notions ont investi la gauche française." Ramon Grosfoguel

"Une chose sur laquelle le PIR a toujours tenu, c'est de respecter les autres organisations de l'immigration. Parce qu'on sait que les Blancs raffolent de voir des arabes et des noirs se mettre dessus." Atman Zerkaoui

"L'obsession islamophobe en France fait beaucoup souffrir les jeunes Musulmans. En 2015, la ministre de l'éducation nationale avait obligé tout le monde à être Charlie. Les jeunes filles doivent se dévoiler à l'entrée de l'école. Le PIR critique tout ça." Shérine Habache Soliman

"La gauche nous accuse de "diviser la lutte". Elle nous considère comme des monstres. Alors qu'on cherche simplement à respirer." Atman Zerkaoui

"Le PIR prend en compte le faut que l'unité est un combat. La convergence des luttes n'arrive pas de nulle part. Le PIR a donc raison d'instaurer un rapport de force." Ugo Palheta

"Pour en revenir au féminisme blanc. Il présente toutes les femmes comme des éternelles victimes, en faisant fi des structures raciales et capitalistes. Il était donc naturel pour moi de participer aux Marches de la dignité et à la Marche des mamans." Françoise Vergès

"Si la Marche des mamans a été une réussite, c'est parce que nombre de militants de l'antiracisme politique et décoloniaux étaient présents. On a été bien accompagnés." Yessa Belkhodja

"La force de la Marche de 2017, ça a été l'union de l'antiracisme politique. L'union du "Nous" face au racisme d'État." Abdelhadi el Khouja

"Il a eu la nouvelle très réjouissante de la condamnation hier de policiers à de la prison ferme pour des violences. Mais cette avancée des luttes voit de l'autre côté un renforcement des prérogatives policières par l'état d'urgence sanitaire." Françoise Vergès

"L'application UVP (Urgence Violences Policières) d'Amal Bentounsi est le résultat de longues années de travail. C'est un outil concret qui fait que les policiers maintenant sont moins sereins car ils savent qu'ils peuvent être filmés." Yessa Belkhodja

"Les Marches de la dignité ont une signification singulière. Déjà, leur autonomie ont toujours été garantis. Aussi, l'ensemble des forces politiques les ont soutenues. Enfin, leur contenu politique a toujours articulé racisme d'État, migrants et rapports Nord/Sud." H. Bouteldja

"L'apport fondamental des Marches de la dignité, ça a été d'articuler politiquement les luttes indigènes : violences policières, état d'urgence, impérialisme." Mehdi Meftah

"Lors de la Marche de 2015, on a vu une scénographie où des femmes ont été en tête pour porter les visages des hommes assassinés par la police. C'était complètement subversif par rapport au discours de la République les incitant à se retourner contre leurs hommes." Louisa Yousfi

"À l'époque de la guerre d'Algérie, on soutenait la cause du peuple algérien. Cela nous a valu des soucis politiques de la part du pouvoir colonial mais aussi de la gauche. On retrouve ça aujourd'hui en militant avec le PIR." Daniel Blondin

"L'Appel des indigènes est venu nous mettre le nez dans nos errements : l'échec des militants révolutionnaires à s'opposer à l'État français en matière d'islamophobie et l'absence de conscience que le camp révolutionnaire blanc faisait partie du problème." Adrien Nicolas

"Le collectif Ni Guerre ni état de guerre réussit à nouer le combat contre le racisme en France et le combat contre l'impérialisme français (dont la composante essentielle est la lutte contre le terrorisme)." Mehdi Meftah

"La pensée dominante de gauche est le social-chauvinisme. À savoir l'alliance avec l'État sur la domination des peuples du Sud. C'était déjà dénoncé par Diderot à son époque. On l'a retrouvé avec le massacre de Sétif et Guelma le #8mai 1945." Daniel Blondin

"L'apport du PIR, c'est que pour la première fois, on trouve des militants antiimpérialistes 1) regroupés dans un parti et 2) osant parler de pouvoir et de stratégie." Daniel Blondin

"En 2009, j'ai créé le parti "Égalité", qui avait vocation à partir de la perspective des quartiers belges. Cela n'aurait jamais pu arriver si je n'avais pas rencontré Youssef, Houria et Sadri. C'est eux qui m'ont fait militant politique." Nordine Saidi

"C'est pendant les années de travail autour de l'islamophobie qu'on a pris pleinement conscience qu', en tant que Juifs, on était instrumentalisés par le pouvoir raciste." Michèle Sibony

"L'islamophobie n'est pas un accident. C'est une composante de l'État (néo)colonial. Cette question est donc une priorité pour tous ceux qui souhaitent bâtir une société plus égalitaire." Omar Benderra

"Pour nous qui luttons pour le respect de la dignité humaine et contre le torture, nous sommes reconnaissants envers le PIR d'assumer son soutien sans faille à la Palestine." Omar Benderra

"Le regard du PIR sur l'islamophobie nous permet aussi de lutter sur ce terrain contre le gauche dans nos propres pays. Grâce à ce regard décolonial, on voit aujourd'hui au Maghreb des alliances entre la gauche et les forces islamistes." Soraya El Kahlaoui

"La mobilisation contre ExhibitB a été la prise de conscience générale de l'existence de deux antiracismes : l'antiracisme politique (où les Noirs étaient alors à l'initiative) et l'antiracisme moral (dirigé par les Blancs)." Houria Bouteldja

"La modernité occidentale étant fondée sur l'esclavage et la mort des Noirs, la négrophobie a fondé un certain rapport au monde. Et ce rapport négrophobe a été adopté par de nombreux États, y compris du Sud." Kossy Ayomide Paul

"L'alliance avec le PIR s'est faite dans la mesure où il a placé la colonialité au centre de sa pensée politique, car les Noirs sont exploités et opprimés en raison du système colonial." Ahmad Nougbo

"Aux Antilles, les Noirs doivent se réapproprier un territoire dont ils ont été privés. En France, l'enjeu est autre, ce territoire doit être créé. Et ce territoire, ce sont les banlieues, d'où l'émergence d'une langue de banlieue, d'une culture de banlieue." M'baïreh Lisette

"La cause palestinienne est une centralité. Cela va de soi quand on est maghrébin, banlieusard et/ou musulman." Ismaël Allem

"L'anniversaire de la déclaration de Balfour en 2017 a été un moment important idéologiquement et politiquement. Il a permis de réinscrire le colonialisme israélien dans l'histoire du colonialisme européen." Simon Assoun

"Le soutien du PIR au Hamas contre l'agression israélienne a vraiment mis à nu la blanchité des nos alliés sur cette question, qui refusaient de soutenir les palestiniens en ce sens." Hajar Alem

"Le Bandung du Nord a été un moment déterminant. Il nous a révélé la nécessité d'unifier les forces politiques non-blanches pour faire face à nos oppressions." Safa Chebbi

"Le Bandung du Nord a été le lieu pour porter la voix des sans-voix. Aussi, la Fondation Frantz Fanon a, grâce à cela, pu travailler sur la thématique décolonial." Mireille Fanon-Mandès-France

"Dire que les Noirs sont majoritairement touchés par le covid19 en Occident, ça implique de politiser cette question. Et donc d'aborder celle de l'organisation politique et des alliances. Le Bandung du Nord a été la concrétisation de ces alliances internationales." H. Bouteldja

"Les corps Noirs et Arabes, on ne les compte jamais. C'est par exemple le cas pour le 17 octobre 1961, on ne sait toujours pas combien ont été tués. Cela tranche avec l'approche actuelle des pays du Nord qui s'efforcent de compter leurs morts du covid." Youssef Boussoumah

"Les gens à Paris vivent habituellement dans l'insouciance : shopping, terrasses, etc. Alors qu'il y a la guerre partout ailleurs dans le monde. Et c'est seulement quand ils sont touchés (attentat, covid) qu'ils réalisent le monde. On ne peut pas vivre innocemment." H. Bouteldja

"Dans nos luttes de libération, nous ne devons pas chercher à rattraper l'Europe. C'est le chemin qu'ont suivi les États-Unis, et on voit l'horreur que ça donne. Une autre civilisation doit être recherchée." Mehdi Meftah

Merci de nous avoir suivis pour ce live. À bientôt, pour le retour de La Perm'. Restez connectés ! 📻

L’émission spéciale « 15 ans du PIR », en #podcast ! soundcloud.com/user-577125018…

"Le Pir(e) est-il arrivé ? Les 15 ans du Parti des Indigènes de la République !", notre émission marathon sur Youtube ! bit.ly/2WCifit