Sentant les insondables questionnements de la twittosphère à ce sujet, je me décide à vous livrer en exclusivité mondiale mes conseils de méthode pour l’accroche d’une dissert d’histoire
... A THREAD !
... A THREAD !
L’accroche doit remplir trois fonctions, par ordre d’importance croissante
1) introduire la réflexion et amener l’analyse contextualisée de l’énoncé
2) capter l’intérêt de la personne qui corrige
3) éviter de l’indisposer voire l'exaspérer par une platitude ou incongruité
1) introduire la réflexion et amener l’analyse contextualisée de l’énoncé
2) capter l’intérêt de la personne qui corrige
3) éviter de l’indisposer voire l'exaspérer par une platitude ou incongruité
C’est pourquoi je débuterai par les erreurs ou maladresses à éviter
Error #1
La banalité confondante : « de tous temps la guerre a été une chose très grave » etc.
Comme je l'ai suggéré récemment, sachez résister à cette tentation toujours présente.
Error #1
La banalité confondante : « de tous temps la guerre a été une chose très grave » etc.
Comme je l'ai suggéré récemment, sachez résister à cette tentation toujours présente.
Error #2
La référence au présent
« De nos jours » / « aujourd’hui » / « comme le montre la crise actuelle » etc.
On fait de l’histoire, on parle donc du passé, le sujet concerne d’ailleurs le passé, laissons le présent aux cursus de journalisme
La référence au présent
« De nos jours » / « aujourd’hui » / « comme le montre la crise actuelle » etc.
On fait de l’histoire, on parle donc du passé, le sujet concerne d’ailleurs le passé, laissons le présent aux cursus de journalisme
Error #3
La citation
Il est très rare de disposer à l’improviste d’une citation collant à l’énoncé. Et rien n’est plus bidon que la random quote de Aron / Camus / Nietzsche à effet décoratif. De plus une citation est à contextualiser, auteur à présenter… pas la place ici.
La citation
Il est très rare de disposer à l’improviste d’une citation collant à l’énoncé. Et rien n’est plus bidon que la random quote de Aron / Camus / Nietzsche à effet décoratif. De plus une citation est à contextualiser, auteur à présenter… pas la place ici.
Error #4
La définition de dictionnaire.
Pour éviter les pièges sus-cités, il peut être tentant de sauter cette étape, de définir les termes du sujet. Cela donne des accroches trop plates: « La guerre est une confrontation armée entre deux États, ou au sein d’un même État » #yawn
La définition de dictionnaire.
Pour éviter les pièges sus-cités, il peut être tentant de sauter cette étape, de définir les termes du sujet. Cela donne des accroches trop plates: « La guerre est une confrontation armée entre deux États, ou au sein d’un même État » #yawn
Error #5
La référence historiographique
"L’approche constructiviste de la nation par Gérard Noiriel…"
En soi c’est intéressant mais à ce stade cela ne peut pas fonctionner, quand ni le contexte, ni le sujet n’ont été posés, on ne peut pas débuter par une méta-analyse ambitieuse
La référence historiographique
"L’approche constructiviste de la nation par Gérard Noiriel…"
En soi c’est intéressant mais à ce stade cela ne peut pas fonctionner, quand ni le contexte, ni le sujet n’ont été posés, on ne peut pas débuter par une méta-analyse ambitieuse
(de façon générale il faut éviter dans un devoir d’écrire de façon allusive comme si noms d’historien·ne·s, concepts, noms propres étaient familiers de qui vous lit ; il faut écrire en explicitant tout, comme si la personne amenée à vous lire ne savait absolument rien)
Error #6
L’exemple trop évident
Surtout pour un concours : il faut essayer de ne pas se distinguer négativement, mais aussi, autant que possible, de sortir du lot. On évitera donc « Emile Zola écrit "J’accuse" dans L’Aurore… » pour un sujet sur la presse française fin XIXe
L’exemple trop évident
Surtout pour un concours : il faut essayer de ne pas se distinguer négativement, mais aussi, autant que possible, de sortir du lot. On évitera donc « Emile Zola écrit "J’accuse" dans L’Aurore… » pour un sujet sur la presse française fin XIXe
Dans ces conditions, que faire, comme disait Tchernychevski?
Cela dépend évidemment du sujet.
Globalement l’idéal de mon point de vue est d’utiliser un exemple (personnage, bataille, texte…) semi-familier, qui puisse facilement accrocher la réflexion
Cela dépend évidemment du sujet.
Globalement l’idéal de mon point de vue est d’utiliser un exemple (personnage, bataille, texte…) semi-familier, qui puisse facilement accrocher la réflexion
Les critères pour une bonne accroche sont donc AMHA :
-elle contribue à poser le cadre géo et chrono, et pour cela il est préférable de la choisir AU DÉBUT de la période de l’énoncé. Marathon, plutôt que Chéronée, pour « Les Grecs et la guerre à l’époque classique »
-elle contribue à poser le cadre géo et chrono, et pour cela il est préférable de la choisir AU DÉBUT de la période de l’énoncé. Marathon, plutôt que Chéronée, pour « Les Grecs et la guerre à l’époque classique »
-elle conduit naturellement à l’analyse du sujet : ce qui compte de ce point de vue est autant la phrase de transition avec la suite que l’accroche proprement dite.
-elle est brève, efficace, non pédante. On ne doit pas attendre 15 lignes pour aborder l’énoncé et son analyse
-elle est brève, efficace, non pédante. On ne doit pas attendre 15 lignes pour aborder l’énoncé et son analyse
Et là vous me direz : « oui mais le prof X dans la fac Y nous a dit qu’une bonne accroche s’écrivait obligatoirement en alexandrins »
Il y a bien sûr des cas particuliers voire des lubies, mais les principes qui précèdent ne prêtent pas fondamentalement à controverse
Il y a bien sûr des cas particuliers voire des lubies, mais les principes qui précèdent ne prêtent pas fondamentalement à controverse
Sur ce, bon courage et bonnes copies si cela vous concerne 🤓
