Thread-Bien que n'étant pas spécialiste de cette histoire, je jette ici quelques brefs éléments qui montrent que, contrairement à ce que voudraient faire croire certains commentateurs, les violences discriminatoires sont depuis tjrs au cœur des pratiques de la Police Nationale
et qu'elles ont des racines coloniales bien marquées. Ces pratiques sont mêmes dans ses gênes, si une institution peut en avoir, puisqu'elle a été créée par le régime de Vichy comme instrument centralisé de répression politique et raciale,
pour traquer résistants, communistes et juifs. Son rôle central dans la déportation vers la mort de ces derniers est bien connu. Ce qui l'est moins, c'est qu'après une épuration relativement importante à la Libération,
nombre d'agents épurés pour faits de collaboration ont été réintégrés, notamment à Paris. Dans les années 1950 et dès avant la guerre d'indépendance algérienne, elle a assassiné des Algériens, par exemple le 14 juillet 1953. En Algérie française même,
comme dans les autres colonies, la torture des indigènes était routinière depuis toujours. Durant la guerre d'Algérie, la police parisienne a assiégé en 1955 l'Assemblée Nationale aux cris de "morts aux juifs et aux bougnoules" pour obtenir carte blanche contre les Algériens.
Elle l'obtenue, sous Maurice Papon. La torture a été pratiquée dans bien des commissariats en métropole et des centaines d'Algériens ont été assassinés en toute impunité, en particulier à Paris à l'automne 1961, mais pas seulement.
Le pouvoir a toujours couvert cela et garanti l'impunité aux policiers assassins et tortionnaires. C'est une culture maison, qui inclut longtemps aussi la rétention illégale des archives de police. En 1971, la terrible BAC a été expérimentée en Seine-St-Denis
par un "pacificateur colonial", P. Bolotte, en Indochine, en Algérie et en Guadeloupe (il avait ordonné le massacre de mai 1967). Ses méthodes ultra-violentes n'ont été admises que parce qu'elles s'appliquaient à l'immigration post coloniale. Ceci garantissait l'impunité.
Dans les années 1970 et 1980, le Front National a commencé sa pénétration dans la police. De très nombreux meurtres au faciès de jeunes d'origine maghrébine ont alors été perpétrés par des policiers, notamment dans le sud de la France, et sont restés impunis.
Ce fut le principal déclencheur de la Marche pour l'Egalité et contre le racisme de 1983. Pour la période plus récente, je me contenterai de rappeler que lors de la révolte des quartiers populaires en 2005 consécutive à la mort de Zyed et Bouna qui fuyaient la police,
on a rejoué dans les symboles et les pratiques la pacification coloniale des "sauvages" en réactivant l'état d'urgence, loi d'exception coloniale, aujourd'hui entrée dans la loi ordinaire. Si on voulait vraiment "républicaniser" la police française,
peut-être faudrait-il aussi enseigner cette histoire occultée dans les écoles de police. Et l'apprendre aux ministres.
