[Fil] Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo montrent avec de faux CV qu’un jeune issu d’un emploi aidé non marchand sans formation qualifiante a le même taux de réponses que s’il était resté au chômage. Ils en concluent que ces emplois sont inutiles. Un raisonnement stupide. ⤵️
Ces auteurs auraient certainement jugé ces emplois utiles si les bénéficiaires avaient ensuite eu un taux de réponses supérieur à ceux qui sont restés au chômage. Cela aurait été vrai au niveau microéconomique. Mais pas au niveau macroéconomique...
En considérant qu’ils soient efficaces au sens des auteurs, ces emplois auraient permis à leurs bénéficiaires... de récupérer les emplois que les non bénéficiaires auraient pu obtenir. En gros, ce que gagneraient les bénéficiaires serait perdu par les non bénéficiaires.
Au final, puisque cette mesure aurait été perçue comme efficace, elle aurait été généralisée. On aurait alors eu que des bénéficiaires. Cela aurait remis les compteurs à zéro, tout le monde ayant les mêmes chances d’obtenir un emploi. #EncoreRaté
Quel est le problème alors ? Tout simplement le nombre d’emplois disponibles au niveau macro ! Il n’y en a pas assez. On estime qu’il y a approximativement 300000 emplois disponibles en France (et encore, ceux-ci ne sont pas tous des emplois de qualité loin de là).
Face à ces 300 000 emplois disponibles, il y a plus de 4 millions de demandeurs d’emploi. Leur dire de traverser la rue, mettre un costume voire suivre une formation et déménager est donc une belle imposture. Si tous le font, il restera toujours beaucoup de demandeurs d’emploi !
Ainsi, tout ce qui peut contribuer à créer des emplois au niveau macro est nécessaire. Les emplois aidés sont certainement insuffisants (niveau de rémunération, précarité notamment) mais toujours plus bénéfiques pour la société que ne rien faire.
Ces emplois permettent de réduire le taux de chômage, créer des richesses, participent à l’intégration sociale des travailleurs en bénéficiant. Pas mal non ? Pas pour Carcillo et Cahuc. Pourquoi donc ?
Selon eux, si des travailleurs n’ont pas d’emploi, c’est parce qu’ils n’ont pas suffisamment de « capital humain ». En d’autres termes, ils ne sont pas assez productifs. Dit encore autrement : ils ne créent pas assez de valeur par rapport à leur niveau de rémunération.
Et oui : en France, un employeur doit au moins payer au SMIC ses salariés. Il y a donc deux fautifs : les législateurs, qui ne suppriment pas le SMIC, et les travailleurs, qui ne sont pas assez rentables pour les patrons.
Ainsi, selon eux, un travailleur qui a suffisamment de « capital humain » ne peut pas être au chômage. C’est donc de leur faute s’ils recherchent un emploi : ils sont trop bêtes ou incapables !
Et les emplois aidés sont critiqués à cette aune : ils ne permettent pas à ces individus d’accroître leur « capital humain ». Sacrilège. Ils viennent donc torpiller une politique (certes critiquable, je le répète) sur le seul plan micro, oubliant totalement la macro.
C’est dommage quand même quand on est économiste (donc bac+8 ou plus) de ne pas connaître quelque chose qui au programme en terminale ES...
Cela pourrait être comique si ces personnages n’étaient pas écoutés par les gouvernements en place qui appliquent leurs conseils, qui aboutissent à violenter les demandeurs d’emploi au quotidien.
Une violence à la fois physique (privation de revenus et de protection sociale pour entretenir leur santé) et symbolique (privation d’intégration sociale).
