Il y a des articles utiles. Il y a des articles importants. Il y a des sujets jamais traités par les médias. Puis il y a des articles qui sont tout ça à la fois, et qu'on voulait écrire depuis longtemps. Morceaux choisis, thread spécial CLP, les esclaves de #PQR et de #PHR ⤵️
Disclaimer : comme d'autres journalistes, j'ai été CLP un an en 2013-2014, entre 450 et 900 €/mois pour 35-50h par semaine, soirs et week-ends compris. Je m'étais juré d'en parler, mais afin de ne pas m'enfermer dans ma propre expérience, j'en ai joint une vingtaine.
Rien n'a changé. Le correspondant local de presse reste le gentil esclave payé des clopinettes, corvéable à merci. Théoriquement non soumis à une subordination envers sa rédaction, on ne lui demande jamais (par écrit) de couvrir des choses : on "suggère", "propose" ou "signale".
En Loire-Atlantique, un collectif de 60 CLP a décidé d’une action sinon inédite, du moins très rare : il a en demandé une indemnisation à la direction de @OuestFrance suite au confinement (donc une forte baisse d'activité), et une évolution de leur statut. Ils font face à un mur.
Le CLP n'a remboursement de frais, ni bureau ni matériel, pas de retraite, de chômage, de sécurité sociale, aucune indemnisation en cas d’accident du travail, et souvent pas de signature sous les articles, ni même de décompte précis des versements. Juste un virement chaque mois.
Il est payé 15 € pour une page, 2 500 signes avec photo (payée de 2 à 5 euros selon les titres), 25 € dans les journaux les plus rémunérateurs. La moyenne de la pige pour un journaliste encarté est de 68 euros les 1 500 signes de texte. arretsurimages.net/articles/arnaq…
Vous découvrez les conditions de travail des CLP ? Ce n’est pas un hasard : il n’existe aucun article, aucun sujet d’un média mainstream accessible sur le web qui évoque la question sociale chez les CLP, sauf un papier de @UnionArdennais. Une vraie omerta. lunion.fr/art/72870/arti…
Certains groupes de presse ont encore rapproché son exercice de celui du journaliste : les journalistes locaux, moins nombreux, deviennent des rédacteurs en chef de fait... enfin, ils "recrutent, animent et développent une équipe de correspondants", selon les formations dédiées.
C'est payant ? Oui, c'est payant. C'est le prix du journalisme. Et ce n'est vraiment pas cher : 1€ le premier mois puis 4€/mois sans engagement, sinon 45€/an, + des formules mensuelles dédiées aux étudiants et précaires à moitié prix. Faites un essai ! arretsurimages.net/?formula=all
Il est parfois reproché à @arretsurimages de venir chercher des poux dans la tête des confrères, qui ne vivent pas toujours bien qu'un journalisme agressif et indépendant s'exerce à leur endroit comme à celui de leur production, à l'instar de n'importe quel autre secteur.
Mais parlons-nous franchement : sans @arretsurimages, qui aurait couvert ce sujet (comme tant d'autres) ? Qui expose l'envers médiatique jour après jour ? Quelques médias ont reçu le communiqué des CLP de Loire-Atlantique. On verra s'ils s'en emparent, j'en doute un peu...
PS : le terme "esclave" est parfois spontanément utilisé par les CLP ou ex-CLP devenus journalistes, il désigne en réalité "une forme de servitude volontaire", très proche dans ses modalités de celle des précaires "indépendants" de la nouvelle économie.
PPS : je signale l'existence d'un compte Twitter, @corres_presse_l, juste créé par le collectif de correspondants locaux de Loire-Atlantique évoqué dans mon article. Il envisage de s'étendre afin de fédérer les CLP, pas facile vu la précarité et l'isolement liés à la fonction.
PPPS : un CLP a publié un témoignage tout à fait représentatif de la réalité de l'exercice de cette fonction. Leur nombre est mal connu, les estimations variant de 22 000 à 35 000 CLP, à comparer aux 35 000 cartes de presse en 2019.
"@OuestFrance avait le devoir de se soucier de ses correspondants. Je ne m’attendais pas à un tel mépris. On est les petites mains et la dernière roue du carrosse alors qu’on remplit près de 70% du journal." Article de @EvenFabienne sur les CLP.
"Une reprise qui ne règlera pas pour autant la question du statut des CLP et de leur précarité. Un retour à l’anormal, en quelque sorte." Sympa cette revue de presse de @BenjaminPeyrel pour @MediacitesNtes ! mediacites.fr/revue-de-press…
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Toujours cette épuisante dualité des médias Bolloré : le néo-fascisme décomplexé ET l'incompétence journalistique la plus crasse (Nassira ne collabore plus avec Radio France depuis la rentrée 2022)
N'oublions pas, cependant, la veulerie de la direction de France Inter qui "comprend" l'avalanche de commentaires racistes ayant confirmé, s'il en était besoin, la teneur du tweet initial de Nassira. mediateur.radiofrance.com/non-classe/les…
Grosse grosse journée pour la direction de France Inter.
"The desire for a wise guide - a sort of prophet who boldly leaps across multiple disciplines to provide simple, readable, confident answers, tying it all together in page-turning stories - is understandable. But is it realistic ?"
"Science populists are gifted storytellers who weave sensationalist yarns around scientific “facts” in simple, emotionally persuasive language. Their narratives are largely scrubbed clean of nuance or doubt, giving them a false air of authority"
⬆️ Fonctionne aussi avec les oeuvres de Jared Diamond, Niall Ferguson et autres "conteurs d'histoires de l'humanité" : ça se lit bien, ça procure la sensation d'éclairer le temps long... et c'est inévitablement bâti sur des histoires truffées d'erreurs. student-journals.ucl.ac.uk/pia/article/id…
Je déterre ce thread puisque la questions des citations "à la française" (c'est-à-dire non fidèles au propos oral) ressort ce jour. Et que je voudrais ajouter une solution que je ne proposais pas en 2019 mais que je pratique maintenant.
Désormais, soit je respecte l'oralité quitte à découper la citation en morceaux si c'est illisible, *soit* je propose directement relecture des citations, et je me permets de les retravailler (le plus légèrement possible pour ne pas casser la musique de la personne).
Ça ne fonctionne évidemment qu'à condition d'avoir le temps de ces échanges supplémentaires... et d'être prêt à gérer une fois par an la personne qui imagine que la relecture des citations est un blanc-seing pour dire autre chose qu'à l'oral (non).
Lire les commentaires et QRT de ce tweet constitue une bien belle mise en abyme de l'angle de l'article de @PaulineBock. Autant considérer @Reporterre comme antinucléaire pourquoi pas, autant faire de même avec @ContexteEnergie me semble légèrement excessif.
Il est en tout cas vraiment très dommage qu'EDF n'ait pas daigné répondre malgré ses armées de communicants ! On aurait vraiment beaucoup aimé savoir ce qu'en pensait l'une des principales entreprises du secteur, dont des salariés insultent des journalistes sur LinkedIn.
Il y a quand même deux trucs qui me chiffonnent avec cet écosystème pro-nucléaire que je suis depuis longtemps sur les réseaux sociaux, et ce n'est pas qu'ils ne sont pas assez gentils avec les journalistes. arretsurimages.net/articles/clima…
Que voilà un bon exemple de confusion médiatique : sur le même plateau, deux "économistes" discutent de la mondialisation et des inégalités. Pas de raison de croire l'un plus que l'autre au premier abord, n'est-ce pas ?
Maintenant, ajoutons un éclairage tout simple, trouvable en deux clics par les journalistes produisant l'émission : les pages Scholar de chacun de ces deux "économistes", ici donc invités pour parler des inégalités. Je vous laisse regarder, on se retrouve au tweet suivant.
Nous avons donc un enseignant en management sur notre gauche, dont le travail de recherche porte sur le management ("sciences de gestion" en France, oui c'est trompeur). Et sur notre droite, un économiste spécialiste des inégalités de tout premier plan scientifique.
"The 12-volume compilation of the Holy See’s documents on the Second World War, completed in 1981, which to date has constituted the official record of Vatican activity during that period, contains no reference to the negotiations", writes @DavidKertzer.
"There is no indication that the pope ever brought up the Nazis’ campaign against Europe’s Jews as an issue. (Nor, for that matter, was the pope then expressing any opposition to Mussolini’s own “racial laws” as long as they affected only Italy’s Jews.)"
"The pope repeatedly denied that the Catholic clergy was involved in the political realm. If the pope in fact thought it proper for the Catholic clergy to criticize any of the Nazi regime’s policies other than those that directly affected the Church, he did not insist"