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[THREAD] Aujourd’hui nouveau thread en partie en réaction à l’actualité. Si vous l’aviez raté, les régions de Wallonie et de Bruxelles ont récemment refusé l’enfouissement en profondeur pour leurs déchets nuc. : rtbf.be/info/belgique/…
On va donc parler de l’article « Les qualités politiques des technologies » de Yannick Barthe (journals.openedition.org/traces/2563#to…) qui se propose d’analyser trois méthodes de gestion des déchets nucléaires à vie longue.
L’article part du constat que s’il est désormais commun de dire que les technologies ne sont pas neutres, les articles en SHS sur le sujet se concentrent plus sur le dévoilement des intérêts des acteurs plutôt que d’examiner les qualités politiques des dispositifs techniques.
L’article analysera donc la controverse des déchets nucléaires dans une tradition héritée des travaux de Bruno Latour et Madeleine Akrich.
L’auteur souhaite montrer que les choix techniques correspondent à de réelles divergences de conception, ici des modes de décision ou sur la question de la réversibilité. Trois options seront analysées. La première est le stockage géologique irréversible, ou
enfouissement, qui correspond au mode de décision « tranché ». Devant la grande durée de vie de ces déchets il est hasardeux de compter sur les institutions pour les gérer en sécu aussi longtemps, on compte donc sur une couche géologique supposée plus stable que « la société ».
Les incertitudes deviennent ainsi des risques, calculables et maitrisables. Le risque demande d’arrêter la liste des « mondes possibles » et de calculer leur probabilité d’occurrence avec ses enjeux politiques propres.
Le recours à une formation géologique rend, de fait, les géologues « porte-paroles » de ces couches et leur transfère la charge de la confiance. Une limite de l’approche est que la question se pose de comment les générations futures agiront sur le site d’enfouissement.
D’où le choix d’implanter le site dans des zones à faible potentiel minier (argiles, granites) et de les rendre inaccessibles. Protéger les humains des déchets revient à protéger les déchets des humains.
Le stockage irréversible est donc une décision tranchée, qui suppose pouvoir régler le problème une bonne fois pour toute et parie sur le non-intérêt des générations futures à gérer ces déchets différemment.
L’irréversibilité a généré deux types de doutes, qui ont mené à l’option du stockage réversible ou en « décision par étape ». Le premier concerne la fiabilité des modèles géologiques conduit à leur amélioration pour les rendre plus acceptables. Le second :
Le choix du stockage réversible, qui permet la récupération éventuelle de ces déchets, s’impose donc aux experts pour préserver la liberté de décider des générations futures.

La réversibilité, dite « contrainte sociale », est cependant mal acceptée par les experts
qui la voient surtout comme une manière de rendre le projet plus acceptable. Il va de soi pour eux que cette réversibilité devra rester provisoire.
Qu’est-ce qui change alors ? Ce concept autorise la surveillance de l’évolution du site à moyen terme et la possibilité, limitée, pour la recherche de trouver une solution alternative. Il demande donc de poursuivre les recherches en ce sens pour rester cohérent.
Le modèle a aussi des limites. La réversibilité étant de plus en plus complexe, jusqu’à devenir impossible, elle demande que les recherches sur le sujet soient rapidement menées. Elle suppose aussi que toutes les étapes de réduction des possibles se valent.
Les débats se concentrent ainsi sur l’apparente incompatibilité entre stockage définitif et réversibilité, menant à des perspectives différentes. Les opposants proposent donc l’entreposage en subsurface ou la « décision itérative ».
Ils pointent ainsi la contradiction de proposer une réversibilité qui ne soit pas pérenne et, si le but est de conserver la liberté de choix, de les placer si profondément. Il faudrait continuer, comme aujourd’hui, d’entreposer ces déchets
dans des installations provisoires que l’on renouvellerait périodiquement. La proposition heurte fortement les experts, puisqu’on revient ici au problème de départ de la confiance à accorder à la stabilité des sociétés futures, qui n’y voient pas ici une solution définitive.
L’argument a cependant une faille majeure : Si pari il y a c’est sur la durée de vie des installations d’entreposage, pas sur « des milliers d’années » puisque la question de la gestion des déchets sera reposée au moment de reconstruire des installations.
Au contraire des deux autres modes de gestion, l’entreposage pérennisé ne ferme pas l’avenir et le garde indéterminé, donc toujours déterminable. Ses adeptes font cependant preuve d’une forte contradiction.
Ainsi, si l’on remet la décision finale à + tard c’est en supposant que l’on cherche encore des solutions alternatives et que l’on poursuive les recherches à long-terme. Il faut donc justifier les dépenses supplémentaires mais surtout entretenir les compétences du secteur.
Or les adeptes de l’entreposage pérennisé réclament en général la sortie du nucléaire, et donc la perte des compétences, et l’abandon des recherches pour une solution définitive, et donc l’intérêt d’un avenir indéterminé.
Barthe conclut ainsi que ces choix ne sont pas seulement techniques mais aussi doublement politiques. D’abord parce qu’ils résultent d’un rapport de force mais surtout parce qu’ils définissent ce que décider veut dire et le rôle de l’action publique.
L’article se termine par un appel aux sciences sociales à contribuer aux débats techniques non plus seulement en dévoilant les intérêts des acteurs en présence mais surtout en clarifiant et articulant les qualités des dispositifs techniques.
Et donc la Belgique ? Le processus de décision (toujours long pour le nucléaire) n'en est qu'à ses débuts mais la probabilité que l'entreposage soit choisit n'est pas nulle.

Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Eh bien, on ne peut pas savoir encore. La Belgique cherche des solutions alternatives (voir le projet MYRRHA), si l'entreposage est choisit alors il faudra continuer les recherches en ce sens. Une conservation d'une production électronucléaire rendrait aussi ce choix + cohérent.
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