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C’est dans quelques minutes maintenant, les premiers mots de notre débat du jour autour de la sécurité et de la souveraineté alimentaire dans le monde et la position de l’Europea. Un débat des #ControversesEU2020 avec @AcadémieAgri, @AcadémieAgri et @CUMAFrance
Pour tenter de faire le tour de cette vaste question et tenter d’en aborder toutes les facettes, quatre intervenants ont accepté de se plier à l’exercice de la #discussion emmenée par Valérie Péan.
Il s’agit de Matthieu Brun, docteur en science politique (@ScPoBdx), resp. des études et des partenariats académiques @Le_Demeter et chercheur associé à l’Institut de recherche et d’études Méditerranée-Moyen-Orient (iReMMO). controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/1…
Thierry Pouch, docteur en sciences économiques, chef du service « études, références et prospective » de l’APCA @ChambagriFrance, chercheur associé au Laboratoire REGARDS de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, membre de @AcadémieAgri. controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/1…
Cécile Destang-Dessendre @CecileDetang directrice scientifique adjointe Agriculture à @INRAE_France. controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/2…
Et pour réagir à la conversation, Nicolas Bricas (@NicolasBricas) socioéconomiste au @Cirad, titulaire de la Chaire Unesco en Alimentations du Monde @UnescoChairFood controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/1…
Vous pouvez suivre cette discussion en direct sur le site des #controversesEU2020 Dès 14 heures 30, c'est à dire… tout de suite ! controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/1…
Après les propos introductif de Constant Decœur, secrétaire perpétuel de l’@AcademieAgri, Valérie Péan rappelle que les #controversesEU2020 sont éclatées sur le web.
La première question est maintenant posée par Valérie Péan : comment qualifier la situation alimentaire mondiale aujourd’hui ?
C’est difficile à évaluer encore, mais il n’y a pas de risques de pénurie estime @NicolasBricas par contre le vrai risque sur le pouvoir d’achat suite à la crise économique qui suite l’épisode Covid-19. Ce n’est pas une crise de l’offre mais une crise de la demande.
On n’est pas en crainte non plus à court terme de tensions sur les #prix ajoute-t-il.
Il n’y a pas de tension sur les céréales, par contre des perturbations sur la viande et la pêche. Mais la crise ne doit pas se regarder que sous l’angle production, il faut être attentif aux questions logistiques, l’émergence de la Russie, du Brésil ajoute Matthieu Brun
Il faut aussi regarder les mouvements des cours de changes des monnaies, mais globalement la situation est globalement bonne poursuit-il.
@CecileDetang invite à ne pas oublier les questions démographiques ou liées au climat derrière les troubles que nous connaissons.
Thierry Pouch met le doigt sur la question du prix du pétrole qui va mettre en tension les revenus et les balances commerciales des pays producteurs. C'est llà peut-être le risque principal à court terme.
Mais qu'est ce que la sécurité alimentaire ? Nicolas Bricas avance la définition aujourd'hui admise. Ce n’est pas une question de suffisance mais une question d’accès pour tout le monde à une alimentation saine…/…
elle compte quatre éléments, piliers : l’accès à l’alimentation, terre ou pouvoir d’achat, disponibilité suffisante, nourriture de qualité (sanitaire, qui convienne aux goûts) et la régularité.
Et la souveraineté alimentaire ? Pour Thierry Pouch c'est lié à la souveraineté politique des États. La souveraineté c'est "produire par soi même pour soi même".
Donc ajoute-t-il, il reviendrait aux pays à ne pas se conformer ni aux injonctions de l'OMC ou de l'Europe. C'est ce qui figurait d'ailleurs dans le traité de Rome.
Puis avec l'autosuffisance, la mondialisation, on a établi la souveraineté alimentaire avec des importations parce qu'on pouvait ainsi aussi assurer de la régularité.
@CecileDetang pour sa part rappelle que la souveraineté peut aussi revenir à piloter et réduire ses importations et relocaliser. Le cœur du dispositif européen ajoute "durable", et se posent là des questions de prix
Matthieu Brun précise qu'il ne faut pas confondre souveraineté avec autosuffisance, on ne peut pas tout produire. Il ne faut pas tomber dans ces chimères même si on peut faire beaucoup mieux. C’est un sujet qui renvoie à notre capacité d’indépendance et de pilotage
il ajoute qu'il faut reconnecter la question alimentation avec les questions d’industrialisation, de territoires…
La souveraineté alimentaire un problème de riches ? En effet c’est plus facile pour un pays nanti et exportateur abonde Nicolas Bricas. Il y aura un certain nombre de pays qui auront beaucoup de mal à cause de leur démographie en particulier
La notion de souveraineté ne dit pas qu’il faut tout produire soi même mais plutôt d’avoir le choix de son modèle, contre les accords mondiaux. C’était le message porté par Via Campesina par exemple. @NicolasBricas
Si la dernières crise alimentaire remonte à 2007 et 2008, depuis 2015 le nombre de personnes en sous-alimentation, 120 millions de personnes, repart à la hausse, en Afrique de l’Est et centrale, mais aussi en Asie précise Matthieu Brun.
C'est le plus souvent lié à des conflits armés qui durent dans le temps. Par contre la crise du Covid-19 est un élément qui vient accentuer la vulnérabilité sous nos latitudes aussi
Le Brésil a affirmé sa puissance agricole, mais au vu de la situation politique, économique et sanitaire actuelle, tout le travail fait ces dernières années vole en éclat et propulse de nouvelles population dans la fragilité selon Thierry Pouch.
"La Chine de son côté voit d'année en année son déficit commercial de produits agricoles se dégrader… L'Inde est peut-être le pays qui pourrait s'en sortir le mieux, mais il y a une foule de pays qui essayent de sortir de ces contraintes et garantir leur sécurité alimentaire…"
@CecileDetang revient sur la question européenne du prix. S'il y a une partie de la population qui pourra payer, une autre ne pourra pas suivre, il faudra donc des dispositifs, comme des bons alimentaires ciblés sur les fruits et légumes, pour aider les populations les + fragiles
Et la modification de la diète avec une réduction, chez nous, du nombre de calories que nous ingérons. Un effort qui doit passer par de l'information mais aussi les taxes ajoute-t-elle.
@NicolasBricas Globalement les pays vont mieux, mais les inégalités se creusent à l'intérieur de chaque pays, comme on le voit aux États-Unis ou en Europe…/…
…/… Le Nigeria aujourd'hui est un pays qui se nourrit de ses propres productions mais des inégalités fortes se sont créées donc il reste des fragilités. La meilleure réussite, c'est la réduction des inégalités, c'est ce qui a été fait avec succès par le Brésil de Lula
Quid des instances internationales ? Thierry Pouch rappelle qu'elles sont en train de se fissurer lentement mais sûrement.
Tous les pays qui ont revendiqué l’entrée dans la division internationale du travail, en contestant la mondialisation l’ont accentué en demandant la diminution des droits de douanes. Alors on faitface une multiplication des conflits commerciaux internationaux.
nous voyons bien aussi le déplacement du commerce mondial vers l’Asie et le blocage de Trump des instances de régulations qui empêche la résolution des conflits…
Et l'Europe ? La PAC ? "C'est maintenant qu'il faut en parler parce que c'est maintenant qu'elle se négocie » interpelle @CecileDetang
"Le green deal pose l'Europe en leader mondial avec une diplomatie verte. Il y a cette volonté. Ensuite…"
Faut-il retirer l'agriculture des négociations internationales demande un auditeur ?
"C'est une question qui se pose depuis 1995 et les débuts de l'OMC" rappelle Thierry Pouch. "Mais si on la retire, l'agriculture perd son statut de bien marchand et à qui on la confie ? À la FAO ? institution discrédité ? À une organisation mondiale de l'alimentation ?"
L'Europe peut-elle souveraine alimentairement parlant ?
"Le green deal c'est avant le Covid-19, Farm to Fork c'est le 20 mai. Et la sécurité alimentaire ne faisait pas partie des stratégies initiales de Farm to Fork" précise @CecileDetang
"On a tous en tête les chiffres d'objectifs qui ont fait la Une des journaux, mais dans les premières mesures imaginées on allait jusqu'à l'obésité. Il y a dans F2F les prémices d'une politique alimentaire mais les outils ne concernent que l'offre…"
"il va falloir faire entrer tous ces objectifs dans les plans stratégiques nationaux" ajoute-t-elle. "Et c'est maintenant".
L'Europe peut-elle être un "pilote" un leader dans le monde ?
"L'Europe a eu des effets délétères quand elle a subventionné des exportations vers les pays du sud… C'est moins le cas maintenant depuis 1994" avance @NicolasBricas
"on est aujourd'hui dans une tension entre le besoin de régulation internationale et la tentation de souveraineté. Mais le commerce est un régulateur des tensions internationales…"
"Comment l'Europe peut se prémunir des chocs de demain et en même temps jouer un rôle dans la mise en place de régularisation au cœur de cette crise du multilatéralisme. La souveraineté ne doit pas nous faire oublier cette ambition de participer à ces régularisations mondiales."
Pour Matthieu Brun. Farm to Fork. "OK, mais il faudrait aussi aller de la fourchette à la ferme parce que la norme est pour l'instant là beaucoup sur la production."
Est-ce qu'on est à la hauteur de cette souveraineté alimentaire ? C'est un peu le piège de cette question. "Est-ce qu'on peut être souverain quand on voir la financiarisation de l'agriculture ? La souveraineté des terres agricoles est aussi importante"
"tout comme la constitution de stocks comme on le voit aujourd'hui en Iran par exemple."
pour @CecileDetang "le départ de la moitié des agriculteurs en retraite dans la prochaine décennie peut-être une opportunité pour changer nos systèmes, moins de production carnées…"
"L'artificialisation des terres, comment discute-t-on ? À l'échelle de la France, où la tension va perdurer, ou à l'échelle de l'Europe puisqu'on sait que des terres vont se libérer en Europe de l'Est…"
"Dans Farm to Fork il est précisé que l'UE pourrait réviser sa politique commerciale. Mais si elle veut se mettre en conformité avec ses ambitions, il faut qu'elle se retire des accords internationaux" juge Thierry Pouch
Peut-on parler de souveraineté à l'heure de la brevetabilité du vivant ?
"On est dépendant pour le phosphore, les données sattelitaires, pour les engrais, pour l'électronique embarquée… Ne faut-il pas raisonner la question de la souveraineté en intégrant TOUS les intrants de l'agriculture ?" se demande @NicolasBricas
La brevetabilité fait partie de ces questions en effet.
Parmi les dépendances européennes il y a les protéines destinées à l'alimentation animale. Qu'en est-il du plan protéines ? "On attend toujours !" regrette @CecileDetang
"Les filières se sont mises en ordre de marche on attend juste la sortie du plan annoncée en juillet 2019. »
"La difficulté aujourd'hui c'est qu'on a beaucoup de mal, au cœur de la crise, à changer les choses. On est en peu comme dans une "crise sans fin" estime Thierry Pouch. "Avec une situation de crises qui se répètent de plus en plus vite".
@NicolasBricas "La question aussi aujourd'hui, c'est la résilience. Dans les pays du sud se superposent des crises politiques, sanitaires, environnementales… Mais la résilience c'est admettre qu'on ne peut rien changer aux causes…/…
…/… alors que nos systèmes alimentaires ont créé des crises. J'ai peur aussi que la question de souveraineté masque les questions de durabilité.
Et si l'on pose la souveraineté en terme de liberté, alors il faut aussi pouvoir s'affranchir des lobbies qui amendent, guident les politiques publiques"
Matthieu Brun : "on réaffirme avec la crise de la Covid-19 la reconnection des gens avec leur alimentation. Pour rester pragmatique il existe le risque de fracture entre alimentation bas de gamme et haute de gamme, c'est le cas en France en particulier…/…
et voir la question de la souveraineté aussi en terme de solidarité, si l'Europe n'a pas à nourrir le monde elle doit quand même regarder du côté de ses voisins pour ne pas laisser tomber des pays dans les sphères d'influence d'autres pays"
@CecileDetang "J'ai envie de croire que l'ambition européenne est là, mais la Pac pour l'instant ne reflète pas cette ambition et il faudra éviter que chaque pays parte de son côté avec son plan stratégique national, pour que soit mise sur pied une vraie pol. agricole commune…
…/… et une politique alimentaire commune ?"
Voilà, merci pour votre attention. Vous pouvez revoir ce débat dans quelques heures sur le site des #controversesEU2020 controverses-europeennes.eu/blog/2020/06/1…
et le prochain rendez-vous des #controversesEU2020 vous sera proposé fin juillet en direct de Bruxelles, il y sera question de foncier agricole dont on a vu que la maîtrise est une des composantes de la souveraineté alimentaire.
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