Nous sommes prêts ! Cet après-midi, un live-tweet du débat « Quel avenir pour l’élevage européen ? » organisé dans le cadre du salon de l’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine #SANA et des Controverses européennes #ControversesEU2020.
À l’heure où l’élevage est au centre de controverses intenses, où son économie est bouleversée par la mondialisation, le développement de grandes entreprises transnationales et au moment où il est « disrupté » par les « steaks végétaux » et la viande se synthèse…
Nous allons tenter au cours de cet après midi, sinon de dessiner le portrait de l’élevage européen de demain, au moins de saisir les fragilités dont il souffre avec plusieurs invités. Vous pourrez suivre ce débat « confiné » en direct agriweb.tv
C’est à Jérémie Prouteau, @digitalfoodlab, expert en FoodTech à qui reviendra le redoutable privilège d’ouvrir la discussion en nous proposant un tour d’horizon des alternatives à la viande qui fleurissent dans les labos des start-up.
Une table ronde permettra ensuite d’avancer dans notre questionnement avec Anne-Cécile Suzanne @AnneCSuzanne chef d’exploitation agricole, Nathalie Rolland @NathalieRDG de @ProVeg_Int et Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture @inrae
La synthèse sera dressée par @DenhezFred un peu avant 16 heures. Nous serons en direct dans quelques minutes (14 h 30).
C'est Valérie Péan qui anime la discussion qui vient de débuter. On peut aussi la suivre sur Facebook sur la page de la semaine de l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine facebook.com/Salondelagricu…
Jérémy Prouteau entame son propos en proposant trois points. Il indique la la tendance à la consommation de viande est en baisse, et qu’il n’y a pas de raisons que la courbe s’inverse. Surtout avec les développement de substituts 
Il nous donne à voir l’écosystème des startups qui développent des alternatives soit à base de végétaux, plant based, soit à base de cellules. Les investissements sont très importants sur ces techniques.
Jérémy Prouteau explique que l’écosystème de la viande cellulaire même trajets que viande végétale avec 5 à 10 ans de retard, et que tous les secteurs des protéines animales sont concernés, viande, produits laitiers et jusqu’au foie gras.
Les projections montrent les évolutions à attendre sur le marché des protéines avec des prises de part de marché très importantes (55 % d'un marché à 1800 Mrds$ dans 20 ans.)
Il souligne aussi le retard de l'Europe sur la question puisque le continent européen ne représente que 30 % des investissements alors que les levées de fonds deviennent colossales dans le secteur.
C'est au tour de @NathalieRDG de préciser ce qu'on entend par agriculture cellulaire, en multiplication cellulaire pour la viande le poisson et les fruits de mer, et par des procédés de fermentation pour les produits laitiers
Elle ajoute que ces produits sont développés pour être bon pour l'environnement et permette d'éviter les souffrances des animaux. Elle avance aussi des bienfaits pour la santé humaine, pas d'antibiotique, pas de zoonoses.
@AnneCSuzanne souhaite d'abord recadrer les différents sujets. "Le jour où on aura une viande cellulaire qui contente les consommateurs et à un prix abordable, elle aura sa place dit-elle. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui."
Et elle insiste en disant qu'il faut donc continuer à travailler pour améliorer l'élevage. Elle ajoute aussi d'autres dimensions, éthique, environnement, qui dépasse la seule question alimentaire.
Notamment de travailler sur le bien-être des animaux et de ne pas oublier la dimension environnementale, "la fin de l'élevage c'est la fin des prairies."
Qu'est ce que la viande ? Pour Anne-Cécile Suzanne, c'est certes un aliment issu d'un animal qu'on a tué mais aussi un objet culturel, un objet de convivialité.
La viande de synthèse peut-être faire l'objet d'une même attention demande Valérie Péan ?
@NathalieRDG répond que les consommateurs ont des attentes différentes et qu'ils s'approprieront les produits à mesure qu'ils seront proposés, en fonction de leurs besoins, burger ou steak
Pascal Lerousseau conteste pour sa part le rapprochement fait entre agriculture et cellulaire. Ce n'est pas la même chose "on ne peut pas parler de viande, on ne peut pas parler d'agriculture dans ce cadre".
Il insiste ensuite sur les aménités de l'élevage, paysage, territoire… "Le consommateur ne s'y trompera pas, chaque morceau de viande a un goût différent, ce qu'on produira là ne sera pas de la viande"
Si l'élevage disparaît demain ? La patate chaude de Valerie Péan est transmise à Jean-Louis Peyraud (@inrae). "C'est une utopie !"
"Il faut se poser la question des espaces qui seraient libérés par la fin de l'élevage. C'est de la biomasse qui n'est plus récolté, la fermeture des espace, la forêt, qui brûlera plus avec le changement climatique" dit-il.
"C'est aussi de la perte d'agrobiodiversité, il existe des dizaines de races de vaches, de moutons… Et c'est culturel, les signes de qualité… Et même si cela a un peu disparu, l'élevage a un rôle irremplaçable pour la fertilité des sols."
Enfin, le chercheur ajoute que c'est aussi de l'économie, en France presque la moitié du chiffre d'affaires de l'agriculture, des emplois, 800 000 en France.
Il peut y avoir une diversification mais ces nouvelles technologies, ce n'est pas de l'agriculture. La viande de culture n'est pas dans les rayons demain !
Et il précise que pour la viande cellulaire, il faut des facteurs de croissance, des hormones, qui sont interdites dans les élevages depuis des années.
Est-ce que ces techniques de cultures ne pourraient pas remplacer la frange de l'élevage la moins vertueuses et la plus intensive se demande Valérie Péan ?
@AnneCSuzanne estime que les élevages intensifs ne sont pas remis en cause par les comportement des consommateurs.
Question SMS, la crise #Covid19 peut-être changer les comportements ?
Anne-Cécile Suzanne En ayant une relocalisation des achats, c'est une très bonne évolution. Mais il n'y a de miracles nulle part. Les filières viandes ont eu un comportement très spécial en faisant baisser le prix d'achat des bêtes…
Alors que les prix à la consommation ont augmenté… C'est paradoxal.
Question : Faut-il éradiquer les modèles intensifs ? Est-ce que l'élevage industriel existe en France ?
Jean-Louis Peyraud s'essaye à la définition de ce qu'est l'élevage intensif. C'est quoi ? Beaucoup de production par animal ? Travailleurs ? Hectare ? Et puis il y a le modèle industriel, ce n'est pas le modèle que nous avons en Europe
qui reste centré sur un chef d'exploitation et quelques ouvriers. L'agriculture industrielle, c'est en Ukraine un élevage qui produit 12 millions de poulets par an avec pour objectif d'être 30 % moins cher que le poulet brésilien ajoute Jean-Louis Peyraud.
Il prévient aussi qu'avec 14 millions de français sous le seuil de pauvreté, on ne peut pas faire de la montée en gamme pour tout le monde.
Il faut faire changer l'élevage autour du bien-être de l'animal ET de l'éleveur et en recouplant les animaux et le végétal.
Quelles sont les filières plus critiquées ? Aucune filière n'est épargnée estime @AnneCSuzanne. Mais l'élevage intensif concerne plus les volailles, les porcs. La meilleure chose qu'on puisse faire c'est expliquer l'élevage.
Le système de polyculture élevage, celui dans lequel je travaille, qu'on pointe du doigt comme étant le plus vertueux est aussi celui qui est le moins rentable… Chez moi, l'objectif c'est de payer les gens qui travaillent ici et d'être à zéro à la fin de l'année…
Ce n'est pas un métier pour gagner de l'argent et c'est pour cela que je travaille aussi ailleurs.
Pascal Lerousseau. "J'ai repris l'installation de mes parents très jeunes. Aujourd'hui nous sommes en GAEC à quatre avec mon épouse et nos deux enfants, on ne se paye pas à hauteur de ce à quoi nous pourrions prétendre."
Je pense que l'élevage a encore quelques belles années en trouvant l'équilibre entre prix de vente et coût de production, parce que les consommateurs recherche le naturel. Donc vendre à un prix décent, reconnaître les vraies valeurs de l'élevage et les services qu'il rend.
Élevage idéal ? "C'est au consommateur de dessiner l'élevage idéal de demain. Pour moi c'est du plein air, préservation des prairies, qui restitue la matière organique, qui fait sens en rémunérant l'éleveur ajoute @AnneCSuzanne
et en apportant des produits de qualité au consommateur." Mais c'est au consommateur de se réapproprier sa consommation, qu'il sorte de l'alimentation de commodité."
L'alimentation était devenu un produit de consommation banal, on se rend compte avec cette crise que ce n'est pas le cas estime Jean-Louis Peyraud
Et qu'il va falloir repenser notre souveraineté alimentaire, à l'échelle de l'Europe. L'élevage va évoluer sous la double contrainte de la demande sociale et les nouveaux produits alimentaires que l'on voit poindre ajoute-t-il.
Cela passera en particulier par la reconnexion entre les animaux, les végétaux et les sols, qu'on avait complètement oubliés, dans des systèmes de polyculture. Il faut recréer de la circularité.
@digitalfoodlab Le consommateur se tourne de plus en plus vers des produits de qualité, sauf quand il a moins de moyens financiers. C'est peut-être là que les steaks végétaux ont un rôle à jouer en permettant de supprimer l'élevage industriel ?
Les grands de la viande végétale fournissent les grandes chaînes de restauration et elles vont remplacer leur steaks actuels, issus des schémas industriels, par ces produits ou la viande de synthèse plus tard.
La bonne viande pour les riches et les substituts pour les pauvres demande Valérie Péan à @NathalieRDG ?
« Ce sont des produits qui sont plus chers que la viande, ils satisferont les besoins de certains consommateurs. Il faut prendre cela comme une diversification des sources de protéines pour le consommateur » plaide encore @NathalieRDG
"Il faut une forte diminution de la consommation de viande conventionnelle pour faire face au défi de l'explosion de la demande mondiale et pour l'environnement."
L'heure est à la relecture des propos par @DenhezFred
"Sur ces sujets on tombe vite dans le combat qu'on masque par des arguments écologiques, ou autres. Il y ceux qui aiment les animaux au point qu'ils ne veulent pas qu'on les tue, et ceux qui les aiment au point de les manger… Et tout cela est passionnel.
"Dans nos sociétés, le rapport à la mort est compliqué, tout comme l'est le rapport à la souffrance. Et dans nos sociétés comblées de tout, il faut forcément défendre les opprimés, après les ouvriers, les immigrés, aujourd'hui ce sont les animaux."
"Dans le mouvement vegan, ce qui me marque, c'est l'absence totale de considération de connaissance de ce qu'est la nature, l'écologie. Il ne faut plus s'occuper de la nature…"
"Si la viande de sythèse est là pour remplacer la viande bas de gamme, et si c'est une demande sociale, je ne lutterai pas contre cela. Mais je ressens plutôt une forme d'intégrisme de certains, une idéologie puritaine, qui confierai notre alimentation à ceux que nous conspuons…
c'est à dire les grands industriels » ajoute @DenhezFred
Voilà, c'était une conclusion abrupte, mais une conclusion ! Merci de nous avoir suivi sur twitter #SANA #controverseseuropenne2020 Le débat sera visible sur agriweb.tv en replay.
