Thread by @Hazukashi1

Mes opinions politiques (et mes croyances en général) sont radicalement fluides.

Les dogmatiques et les étroits d’esprit ne connaissent que la stagnation, le hors-sujet et l'obsolescence programmée.

Nos « valeurs » morales sont, au sens strict du terme, des entités quantifiables et fluctuantes, exactement comme des valeurs boursières.

Envisagez votre psyché comme une place des marchés.

Un lieu de chaos, de marchandages et de faux-semblants.

Les cellules du corps humain se régénèrent en permanence. Votre esprit aussi.

Il y a 6 ans, vous étiez intégralement différent. Et pourtant le même. Et pourtant non. Votre parcours de vie, vos émotions, tout ce qui vous compose ne formera jamais un tout cohérent.

Les gens deviennent fous parce qu’ils essaient d’être cohérents, constants et linéaires, parce qu’ils essaient de rentrer le chaos de leur Être dans des « idéaux » moraux abstraits et froids.

Votre "Moi" n'est jamais fixe, c'est une chorale discordante, un Rubik's Cube à 5000 facettes en mouvement perpétuel.

Vouloir se conformer à un Moi idéal archétypal et unidimensionnel génère tensions, névroses, psycho-rigidité, refoulement, fanatisme.

Tant de gens s’assèchent spirituellement, se mutilent psychiquement, empêtrés dans des pulsions contradictoires inextricables, oubliant que leur psyché n’est pas un agencement de cases bien définies qu’on pourrait empiler comme un Lego, mais un réseau de flux mouvants.

Ceux qui se prétendent tolérants et ouverts sont en général les plus obtus et rigides. Des idéalistes ayant sacrifié leur chaos à un modèle abstrait, hors-sol et vertical.

Si vos croyances politiques ou religieuses font de vous quelqu’un de susceptible, quérulent ou facilement vexé, alors ce sont de mauvaises croyances.

Si vos croyances politiques ou religieuses font de vous quelqu’un de « fatigué », d’ « indigné », qui cherche à dénoncer son prochain, ou à vouloir le changer, alors ce sont de mauvaises croyances.

Si vous vous interdisez de penser certains mots, si vous tenez des idées comme tabou, alors vous êtes possédé, au premier sens du terme.

On pense pour vous.

Ne soyez pas victime de virus idéologiques, ne devenez pas un *meme* humain.

Devant une nouvelle idée, demandez-vous toujours si vous ne pourriez pas dire ce concept avec vos mots à vous.

Fuyez les "éléments de langage".

Reprenez le contrôle.

Regardez le militant politique : afin de résoudre la contradiction insoutenable entre Moi Idéal et Moi réel, il détruit son ego en se faisant l'antenne-relais d'idées qui ne sont pas les siennes.

C'est un "possédé".

Il fait le choix faustien, toute sa vie durant, de rentrer l'immensité de son chaos et de ses paradoxes dans le trou d'épingle d'une idéologie abstraite et simpliste, et comme ça ne marche jamais, comme le réel déborde toujours, il s'agite et fait beaucoup de bruit.

Quelle ironie de voir tant de marxistes parler d'aliénation tout en étant parfaitement aliénés par cette idéologie.

Ils sont des ouvriers psychiques travaillant pour l'unique profit d'un saint patron : Marx.

Ils célèbrent psychiquement ce contre quoi ils luttent physiquement.

Nous vivons dans un monde flou et incompréhensible, fait d'incertitudes, de chaos et de paradoxes. Un état de fait intolérable pour beaucoup.

Si cela ne convient pas à votre structure mentale, le domaine du dogme religieux/politique codifié est fait pour vous.

Il « apaisera votre âme », comme disent les idiots, et éteindra votre anxiété existentielle : vous n'étiez de toute manière pas destiné à autre chose qu'obéir.

Personne ne vous conduira à la Vérité, sauf vous-même, et vous n'en serez jamais au courant.

L'instant où vous penserez avoir trouvé la Vérité, l'instant où vous taperez des pieds par terre et déclarerez que c’est vous qui avez raison, que tous les autres ont tort, est l'instant même où vous perdrez votre humanité.

Ne soyez jamais convaincu.

Cela ne veut pas dire pour autant que vous ne devez pas défendre vos idées, ni les présenter au public avec arrogance, panache et mauvaise foi.

Si une idée émerge et se présente à vous, et qu’elle vous stimule ou vous semble séduisante, elle devrait à juste titre être prise en considération, qu'elle résiste ou non à un examen rationnel.

C’est mon opinion, mais ce n’est pas mon opinion.

Tout ceci est vrai, mais tout ceci n’est pas vrai.

Il n’y a qu’une chose qui compte : la Vérité est en vous.