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Sep 16, 2020 112 tweets 30 min read Read on X
J’avais envie de vous raconter un moment intéressant de l’histoire de Paris, son siège, à l’automne-hiver 1870-71. Il y a 150 ans ImageImageImageImage
1)Bon je commence par vous poser un peu le contexte, politique, militaire…
La république, proclamée le 4 septembre (je vous avais expliqué ça il y a qq jours) continue la guerre contre les Allemands débutée sous l'Empire
2)La situation militaire est désastreuse, le verrou de Sedan étant tombé, l’armée allemande marche vers Paris. (donc c’est un peu…. L’angoisse…)
3)Ce qui rassure un peu, c’est que Paris est une ville fortifiée…
en effet, depuis 1840, Paris est ceinte d’un mur d'enceinte continu, percé de portes, et renforcé de 94 bastions, et d'un fossé, et couvert par 15 forts en banlieue ImageImageImageImage
4)Mais en 1870, qd commence la guerre, ces fortifications sont sans armement ni entretien. Elles ne servent plus que de ligne d'octroi (barrière de l’impôt, les marchandises étaient taxées à l’entrée de Paris). Image
5)Alors que les défaites se succèdent à partir de la mi-août 1870, on répare et prépare les fortifications de Paris dans l’urgence, plus de 3 000 canons lourds sont rapatriés.
6)Se pose aussi la question des hommes pour défendre la capitale : l’armée (on dit la ligne) avait des effectifs limités, bien en deçà de ceux des Allemands.
Aussi pour y suppléer le gouvernement avait réveillé la garde nationale, milice citoyenne créée en juillet 1789 Image
7)En l’espace de qq mois (juillet-septembre) les effectifs de la garde parisienne passent de 20 000 à 300 000 hommes, répartis en 190 bataillons. Image
8)Cette garde, au recrutement démocratique (tous les hommes y servaient), s’organise dans l’urgence et sans réel contrôle des autorités. Les distributions massives de fusils, du dernier cri qui plus est, arment la population parisienne qu’une souscription dote également de canons
9)Ce qui explique que, plus tard, la population parisienne sera armée.
La garde démocratique est aussi l’espace d’une intense politisation populaire.
Armement et politisation de la popu parisienne dans la garde explique… La Commune ! Image
10)Donc Paris se sent protégée dans ces murs, défendue par sa population, et attend de pied ferme l’armée allemande qui à partir du 17 septembre, s’installe dans des villages de banlieue.

Le siège commence.
11)Bismarck et Moltke ne veulent pas essayer d’entrer dans Paris, pour éviter d'exposer leurs troupes dans un combat de rues. Ils comptent sur la lassitude et la faim pour obtenir la capitulation de Paris, et se contenter donc de repousser toute tentative de percée.
12)Or (stratégie pourrie, notons le) les qq percées tentées sont mal menées, et se font toute écraser au prix de pertes lourdes. Le siège dure donc… tout l’hiver… Il sera terrible pour la population.
13)Premier problème : Paris est très isolée pendant tout le siège, sans communication avec le reste du pays.
Or c’est très galère de ne pas pouvoir du tout communiquer avec une ville assiégée, qui plus est la capitale !
donc les Fr ont essayé plusieurs solutions…
14)Certes, en prévision, deux câbles télégraphiques avaient installés. L'un vers Rouen dans le lit de la Seine mais il fut découvert par l'armée prussienne que le sectionna
L'autre fut involontairement coupé en faisant sauter un pont.
15)On a alors tenté d'utiliser, pour communiquer de l'extérieur vers la ville, des « boules de Moulins » (du nom de la ville de Moulins située en amont et par où transitait ce type de courrier). ImageImage
16)Il s’agissait de sphères étanches en métal dans lesquels on mettaient des lettres, et qui suivaient le courant de la Seine afin d’être recueillies par des filets dans Paris.

Enfin si ça avait marché ImageImage
17)Car en fait ça a totalement foiré
Aucune d'entre elles n'est arrivée durant le siège, les Prussiens ayant eux-mêmes tendu des filets en amont pour les récupérer.
On en a retrouvé quelques-unes par la suite les dernières dans les années 1980. Image
18)Il fut aussi soufflé de petites sphères en verre, avec un orifice pour introduire les dépêches. Ressemblant à des bulles d'eau, elles étaient suffisamment petites pour passer à travers les mailles des filets. Mais il se mit à geler et elles restèrent bloquées dans les glaces.
19)Il fut aussi imaginé de faire rentrer à Paris des plongeurs qui auraient suivi le fond de la Seine dans des scaphandres sous-marins. Les Prussiens s'emparèrent des scaphandres et en firent des trophées exhibés en Prusse. Image
20)Le moyen le plus spectaculaire, le plus connu, et finalement le plus efficace fut l’utilisation de ballons remplis de gaz d’éclairage. Le premier à décoller fut le Neptune le 24 septembre. Image
21)On a ici une peinture de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), Le Ballon : sur les hauteurs de Paris, l’allégorie féminine de Paris, armée de son fusil, salue l’aérostat gonflé d’espoir qui s’élève dans le coin supérieur gauche du tableau Image
22) Certains arrivèrent en Norvège, en Allemagne (c’est con !) tombèrent dans l'Atlantique, mais la plupart atterrirent en province. Pendant le siège, 65 ballons transportèrent 164 passagers (dont Gambetta en octobre), 381 pigeons, 5 chiens et environ 2 à 3 millions de lettres Image
23)Vous me direz pourquoi des chiens et des pigeons ? Dans les deux cas on espérait que les bestioles pourraient revenir à Paris avec des lettres cachées sur elles
24)Bon ça a totalement foiré pour les chiens, qui sont pas revenus à Paris ! (pas con les clébards !)
25)En revanche, les pigeons voyageurs, c’est ce qui a le mieux marché. Ils permettaient d’envoyer à Paris des microfilms qui pouvaient comporter jusqu’à 40 000 messages. ImageImageImageImage
26)Pour empêcher cela, les Allemands firent venir d'Allemagne des faucons pour combattre ces pigeons ! et de fait, beaucoup de pigeons n'arrivèrent pas à destination.
27)Dans cette carte postale , l'allégorie de Paris tient contre sa poitrine un pigeon pour essayer de le protéger du faucon allemand Image
28)Paris souffre du manque de nourriture, de chauffage et subit à partir de décembre les bombardements allemands qui causent d’intenses destructions.
Environ 12 000 obus tombèrent sur les quartiers de Paris, tuant près de 400 personnes ImageImageImage
29)Coupée du reste du pays, la capitale subit qui plus est rapidement la rigueur exceptionnelle de l’hiver (pointes à −12 °C en décembre). On manqua vite de combustible
30)
Les arbres des Champs-Élysées et des parcs furent coupés et brûlés pour servir de chauffage. ImageImage
31)Mais le gros pb… c’est la nourriture
32)L’intendance avait pourtant fait de grosses réserves en prévision du siège. Plus de 2000 porcs, 150 000 moutons, plus de 30 000 œufs et 45 tonnes de farine.
33)Mais à Paris, il y a du monde, on compte déjà 400 000 soldats et les civils sont au moins aussi nombreux.
Mais surtout, le siège va durer bien plus longtemps que prévu
Alors, rapidement, on manque de nourriture et tout particulièrement de viande…
34)Un rationnement est mis en place, les queues s’allongent devant les boutiques. Les prix de la viande, des conserves, du pain et des denrées alimentaires flambent. Les boulangers vendent un pain noir de composition inconnue Image
(le commentaire de ce tableau de Clément Andrieux est à trouver ici
histoire-image.org/fr/etudes/imag… )
35)Hugo raconte qu’il donnait le pain à ses poules qui refusaient de le manger tellement il était dégueulasse.
Bon après il a mangé ses poules.
36)La bourgeoisie commence à abattre des chevaux, que les pauvres avaient été jusque-là les seuls à consommer Puis on s’attaque aux poissons de la Seine, aux chats, chiens, aux ânes et finalement... aux rats Image
37)Au départ, les boucheries vendent le rat pour du lapereau car il n’y a rien de pire pour un bourgeois que de devoir s’abaisser à manger du rat. Mais bon, quand on n’a plus rien à manger…. Image
38)Les cuisiniers se lancent donc dans des recettes de rats : Thomas Genin, cuisinier réputé, a ainsi confectionné des terrines de rat avec une farce de chair et de graisse d’âne.
39)Au jardin d’acclimatation, les éléphants Castor et Pollux ainsi que plusieurs buffles sont abattus d’une part parce qu’il n’y a plus rien pour les nourrir, d’autre part parce qu’ils peuvent servir de nourriture pour plusieurs personnes… Image
40)Les animaux du zoo de Vincennes sont également passés à la casserole, notamment les ours et les singes. En revanche, au Jardin des plantes, on parvient à maintenir les animaux en vie
41)Cela dit, il faut bien voir que tout le monde n’est pas touché par la pénurie.
Ces privations affectent surtout les classes populaires, déjà réduites à la misère par l’arrêt des activités économiques.
42)Le taux de mortalité double en quelques mois (notamment à la suite des affections pulmonaires dues au froid et à la malnutrition), mais, heureusement, il n'y aura pas de véritables épidémies ; les cas de choléra resteront rares.
43)En attendant, les riches, eux, mangent !Le soir du 31 décembre 1870, Bonvalet, le maire du 3ème arrondissement offre un dîner à une vingtaine de personnes au restaurant Noël Peter’s tenu par le chef Fraysse. Image
44)Le menu est pour le moins étonnant, et gargantuesque lorsque l’on sait que la plupart des personnes crèvent la dalle à quelques rues seulement Image
45)Lors d’autres repas, il a été possible de manger de la daube de serpent python, du civet de lion, ou encore de la crépinette d’hippopotame ou de rhinocéros…
46)Pour les autres… il y eu le rat, puis rien….
47)Après la fin de la Commune, nous allons voir apparaitre de curieux souvenir du siège de Paris et de la Commune, intitulés « Souvenir Historique » ImageImage
48)
Ce sont des petits tableaux imprimés où l’on découvre les prix des denrées alimentaires, les poids des rations, les batailles de 1870, des immortelles y sont collées, et, des morceaux du pain confectionnés par les boulangers pendant le siège ImageImage
49)Mais le siège a eu aussi des conséquences surprenantes….
50)Dans son numéro du 4 janvier 1871, Le Figaro relate cette information étonnante: pendant le siège, à PARIS, le nombre de mariage à nettement augmenté ! Alors pourquoi ? Image
51)A l'époque, pour se marier, il fallait obtenir l'autorisation de ses parents. Mais là, comme il n'y avait pas de communications avec l'extérieur, impossible de recevoir l'autorisation écrite! Nombreux en en profité pour contracter des unions désapprouvées par leurs familles
52)autre raison : les femmes (légitimes exclusivement) de gardes nationaux touchaient une indemnité de 75 centimes. donc des couples non mariés sont passés devant le maire pour toucher la somme.
53)et le Figaro de conclure : « et voilà comme quoi le gouvernement de défense nationale a fait de la moralisation sans le savoir »
54)Beaucoup moins drole...
Le siège a entrainé une surmortalité, estimée à + 125 % au début du siège, + 140% à la fin, causée par la faim, les bombardement, le froid...
55)Voila qui a posé des pb qt à la gestion des corps et a obligé les autorités à réfléchir à la question (je m’appuie ici sur l’article de Stéphanie Sauget
cairn.info/revue-historiq…
56)Très rapidement il a fallu trouver des cimetières pour enterrer les morts (pour rappel, la crémation était alors interdite).
Or de nombreux cimetières pour les Parisiens se trouver… extra muros… donc sous le contrôle des Allemands
57)En effet, depuis le 1er empire, pour des raisons d’hygiène publique, les petits cimetière intra muros avaient été fermés. Qq cimetières avaient été ouverts à Paris (Père Lachaise, Montmartre), mais les ppx étaient en banlieue
58)Reste que les qq cimetières intra muros se sont révélés insuffisants et l’on décida de rouvrir les petits cimetières fermés depuis plus d'un siècle
59)Mais en amont se posait la question du transport des corps. Et pour se faire il fallait des chevaux. Déjà parce que c’était plus pratique, mais surtout parce que c’était la tradition Image
60)Léon Vafflard, qui gérait le service municipal des pompes funèbres, met alors tout en œuvre pour assurer au mieux funérailles et enterrements le plus décemment possible, et le plus efficacement possible aussi
62)Donc il fallait des chevaux pour Vafflard. Pb, vous l’aurez compris si vous avez lu le début, les chevaux étaient convoités pour leur viande…
63)Vafflard écrit au préfet pour dire que si on lui prend ses chevaux, il ne pourra pas évacuer assez vite les corps et qu’il y aura des épidémies.
Et obtient satisfaction (sauvant ces bêtes de la boucherie au passage)
64)Deuxième pb : comment enterrer les gens ?

Vu et l’urgence, et la saturation des cimetière, la fosse commune était la solution privilégié par les services municipaux (on les appela les "tranchées des victimes)
65)Sauf que les gens, surtout les plus aisés, ne voulaient pas de la fosse commune.
Normalement, la fosse commune c’était pour les pauvres, ou les condamnés à mort… donc les bourgeois n’en voulaient pas pour leurs proches…
66)Au début, faute d’obtenir satisfaction, des familles ont procédé de nuit à des inhumation illégales pour donner à leurs proches des sépultures individuelles
67)Les compagnies de gardes nationaux, ou de francs tireurs ont fait de même pour leur camarade. Au prix parfois de bagarre épiques avec les gardiens de cimetières
68)La situation était tellement tendue que la Ville dut céder et, le 19 novembre 1870, elle offrit des concessions gratuites individuelles de 5 ans, à titre exceptionnel, aux familles de soldats, de gardes nationaux mobiles et sédentaires tués au combat
69)Vous aurez compris que la situation sociale était tendue à Paris…
Les classes populaires avaient faim, froid.
Le siège s’éternisait et on en rendait responsable le gouvernement
70)Même si les autorités municipales faisaient au mieux, les Parisiens tendaient à s’organiser par eux-mêmes, au niveau des quartiers. Les femmes s’impliquaient particulièrement, organisant les soupes populaires, les ambulances
71)Tensions sociales, colère contre le gouvernement, auto-organisation… tout cela finit par faire de Paris le bivouac d’une révolution qui couvait dès avant le siège....
suite.... demain!!!
72)Rappelons que seuls qq jours séparent la proclamation de la République (le 4 septembre) des débuts du siège (le 17 septembre).
Des jours qui avaient été intenses politiquement à Paris.
73)Le 5 septembre près de 500 ouvriers décident de créer dans chaque arrondissement un comité républicain ou comité de vigilance et de défense, qui délègueront chacun deux membres pour former un Comité central
placard.ficedl.info/article8628.ht… Image
74)Grâce à l'action des Internationalistes, le Comité central des 20 arrondissement parisiens est en place le 11 septembre. Le 14, il fait placarder une affiche rose appelant à la formation de la Commune de Paris Image
75)48 personnalités ont signé cette affiche, parmi lesquelles Cluseret, Johannard, Henry, Lefrançais, Longuet, Malon, Pindy, Ranvier, Vaillant et Vallès.
76)Pendant toute la durée du siège, l'antagonisme entre le Comité central et le gouvernement de la Défense nationale ne cesse de se durcir.
77)1ère grande tension fin octobre. La capitulation de Metz provoque la stupeur à Paris (27 octobre).
Les pertes étaient légères. Pourquoi capituler ?
On accuse le gouvernement et le ministre de la guerre de défaitisme Image
78)Le 28 octobre, qq francs-tireurs parisiens tentent une sortie et réussissent à s'emparer du village du Bourget, à proximité de Paris, malgré l'encerclement de la capitale par les troupes allemandes.
Pour les Parisiens, c’est une occasion à saisir, il faut tenter une percée ! ImageImage
79)Mais le Gouvernement de la Défense nationale refuse une sortie massive pour tenter d'ouvrir une brèche dans le dispositif ennemi, estimant que l'offensive n'a aucune chance de succès.
80)3 000 hommes vont résister au Bourget jusqu'au 30 octobre sans recevoir la moindre aide.
Ils laissent 1 200 morts sur le champ de bataille.
Une partie des Parisiens accusent le gouvernement d'avoir organisé la défaite. Image
81)Enfin, les Parisiens apprennent avec consternation que le gouvernement de la Défense nationale a envoyé Thiers négocier l'armistice à Versailles avec Bismarck.
82) Clemenceau, nommé en septembre maire du 18e arrondissement de Paris, fait placarder sur les murs :« La municipalité du XVIIIe arrondissement proteste avec indignation contre un armistice que le Gouvernement ne saurait accepter sans trahison. »
83)Le 30 octobre, les journaux de Charles Delescluze et de Blanqui appellent à la proclamation de la Commune et à la levée en masse.
84)Dans la matinée du 31 octobre, une foule se masse devant l’Hotel de Ville où se trouve les membres du gouv provisoire encore à Paris : Favre, Ferry (préfet de la Seine alors), Simon et Trochu (général président du gouv).
85)En début d'après-midi de ce 31 octobre 1870, le commando de Paolo Tibaldi (dite légion italienne) et les bataillons de Flourens envahissent l’Hôtel de ville et l’occupent Image
86)Vers 16 heures, les manifestants sont renforcés par des tirailleurs de Belleville . La manifestation tourne à l'émeute. Blanqui, Vaillant et Delescluze rejoignent les insurgés à l’hôtel de ville
87)Le gouvernement est virtuellement prisonnier. Les émeutiers discutent d’un nouveau gouvernement provisoire, un comité de salut public. La confusion est totale. Pendant ce temps, quelques centaines d'hommes s'emparent de la Préfecture de police.
88)Ferry et Trochu, membres du gouvernement, arrivent à s'échapper, regroupent des bataillons fidèles de la Garde nationale venus des quartiers bourgeois, et de la Garde mobile, et les dirigent vers l'Hôtel de Ville.
89)La foule déserte peu à peu la place qui est investie par les bataillons fidèle au gouv. A 3 heures du matin, Jules Favre, resté avec les manifestants, promet des élections municipales et assure qu'il n'y aura pas de représailles.
90)Malgré la promesse faite par Favre, le gouvernement fait arrêter quatorze membres de l'extrême-gauche. Blanqui (portrait ci dessous), Flourens et Millière passent à la clandestinité. Image
91)Arago, en protestation, démissionne de son poste de maire de Paris. Clemenceau le suit par solidarité.
Le général Clément-Thomas (il sera fusillé le premier jour de la Commune), un fidèle, est nommé à la tête de la Garde nationale dans l’espoir qu’il en reprenne le contrôle.
92)Le 3 novembre, le gouvernement se soumet à un plébiscite en demandant : « La population de Paris maintient-elle OUI ou NON les pouvoirs du Gouvernement de la Défense Nationale ? ».
93)(je vous rappelle qu’on est en plein siège !!!!, qu'on crève la dalle, sous les bombes...
94)Il obtient 557 996 voix pour et 61 638 contre.
c'est une défaite cinglante pour les révolutionnaires.

Deux jours plus tard ont lieu les élections municipales.
95)Treize maires sur vingt (dont Clemenceau) sont reconduits. Mais cinq nouveaux sont des modérés. Seuls Delescluze (XIXe) et Ranvier (XXe) représentent le parti révolutionnaire.
96)La ville se divise donc plus encore entre révolutionnaires et favorables au régime.
Mais dans le contexte de siège, de faim et de guerre, le soulèvement peine à trouver des bras, même des soutiens.
97)pourtant, le 7 janvier 1871, l'Affiche rouge où l'on reconnaît le style de Jules Vallès est placardée à l'initiative du Comité central des vingt arrondissements (je vous en ai parlé plus haut). Elle est signée par 140 délégués du comité central Image
98)Le général Trochu fait plaquarder le même jour une affiche blanche accusant les auteurs de l'affiche rouge de calomnie.
99)Le 18 janvier, le Gouvernement décide une ultime sortie des soldats de Paris assiégé par les troupes allemandes. Au matin du 19, l'offensive est lancée sur Versailles. L'aile gauche parvient à s'emparer de Montretout, du parc de Buzenval et d'une partie de Saint-Cloud. ImageImageImage
100)Mais elle ne reçoit aucun renfort d'infanterie ni d'artillerie et les positions qu'elle a conquises ne sont pas occupées. Les Allemands contre-attaquent. Le gouvernement ordonne la retraite. Image
101)On déplore plus de 4 000 morts (dont un tiers de gardes nationaux, c'est-à-dire de civils parisiens). La fureur est grande dans Paris qui accuse le gouv de n’avoir tenté cette perçée que pour qu’elle se fasse écraser
102)Le 21 janvier, des délégués de la Garde nationale, des clubs politiques parisiens, des comités de vigilance, décident une manifestation place de l’Hôtel-de-Ville, pour le lendemain 22 janvier
103)Le même jour, une petite troupe libère Gustave Flourens, emprisonné depuis le soulèvement du 31 octobre à la prison Mazas. Image
104)Le 22 janvier, la foule est clairsemée sur la place de l'hôtel de ville. Mais les gardes mobiles fidèles au gouv tirent sur la foule qui s'éparpille tandis que des gardes nationaux ripostent. Image
105)C'est ce jour où Louise Michel prend pour la première fois les armes. On relève 5 morts et quelques dizaines de blessés chez les manifestants. Image
106)Le gouvernement fait arrêter 83 meneurs, dont Charles Delescluze. Les clubs sont interdits, de même que quelques journaux, tel Le Réveil ou Le Combat.

Désormais, le gouvernement a les mains libres pour signer la capitulation de la capitale.
107)Les négociations entamées dès le 23 par Jules Favre avec les Allemands aboutissent à la signature de l'armistice le 26 janvier qui entre en vigueur deux jours plus tard. La guerre franco-allemande est terminée. Image
108)Le siège est levé, la nourriture arrive à Paris. Mais la population se sent trahi et l’émeute gronde….
109)La commune est la conséquence du siège, en est le prolongement. On y retrouve tous les acteurs et actrices du siège, déjà organisé et rendu plus furieux encore du défilé de la Victoire que Thiers a accepté sur les champs, de l’élection d’une chambre monarchiste Image
mais je vous raconterai ça une autre fois

voila c'est fini
je sais c'était un peu long mais il y avait bcp à dire

j'espère que ça vous a plu!

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