- Je parle tout seul.
- Quoi ?
- Je parle tout seul.
- Ca va pas bien, Fabien ?
- Je voudrais parler de choses compliquées de manière simple.
- Il dit qu’il voit pas le rapport.
- Ben, le meilleur moyen que j’ai trouvé, c’est de parler tout seul. J’t’explique.
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Quand je réfléchis à un truc difficile, par exemple lié à ma thèse, ou à ce monde de dingues, ou sur une question sur laquelle je n’ai pas de conviction arrêtée, j’ai tendance à le formuler à haute voix.
- Ca arrive à des gens très bien, tu sais.
- Ah bon ?
- Enfin, je crois. Ok, tu parles tout seul. Mais pourquoi tu me dis ça sur Twitter ?
- Ben, ça fait quelques temps que je veux parler de sujets en cours d’élaboration, mais pour lesquels il me manque un peu de travail pour un article ou un thread en bonne et due forme.
Mais dont je me dis que ça serait utile de parler, vu qu’ils sont souvent liés aux problèmes et aux polémiques du moment. Sauf que les discussions sur Twitter, c’est jamais très serein. Du coup, parler seul, pour développer une pensée, ça semble pas mal.
- Je vois. En fait, ce que tu voudrais, c’est parler tout seul, mais à tout le monde, pour avoir un peu la possibilité de présenter quelques idées dans le calme ?
- C’est ça. Et on va le faire ensemble, si tu veux bien. C’est plus sympa d’être deux pour parler seul.
Tiens, propose un sujet au hasard, on va voir si ça marche.
- Je sais pas, moi, le véganisme ?
- Commence pas, on nous regarde.
- L’écologie, alors, c’est bien, non, l’écologie ?
- C'est un peu vaste, mais va pour l’écologie.
- Ca tombe bien, j’avais plein de questions à te poser à ce sujet. C’est pas clair, ta position.
- Ma position par rapport à l’écologie, ou aux écologistes ?
- Les deux. On a l’impression que tu es anti-écologiste.
- C’est pas faux.
- Quoi ? Tu es anti-écologiste ?
- Non, c’est pas faux que je peux donner cette impression. J’ai tendance à taper assez fort sur certains discours écologistes. Mais c’est plutôt de l’ordre du « qui aime bien châtie bien ».
Ca fait assez longtemps que je suis engagé en écologie pour connaître assez bien le milieu. Et m’être forgé une de mes rares convictions : l’écologie souffre de trop d’indignation et de pas assez de compétence. Et parfois, ça m’énerve un peu. Enfin, beaucoup.
Face à une situation de crise (et il ne fait aucun doute pour moi que nous vivons une crise écologique), il faut apporter des réponses adaptées. Pas trop timides, mais pas susceptibles d’aggraver la crise parce qu’on a mal évalué la situation. Un numéro d’équilibriste.
Et pour ça, il faut de la compétence à tous les niveaux. Pour poser les diagnostics, pour proposer des solutions, les tester et les mettre en œuvre. Et pour convaincre les parties prenantes de s’engager. Sachant qu’en écologie, les parties prenantes, c’est tout le monde.
- Et ça manque tant que ça, tu crois, la compétence ?
- Ben je sais pas, moi. Certaines déclarations de dirigeants écologistes font assez peur, non ? Ou les projets pleins d’ambition qui finissent en échecs cuisants. Ou la tendance millénariste à l’œuvre.
- Sur ce point, je t’ai connu presque collapsologue, pourtant…
- Je pense toujours que les arguments des collapsologues sont à prendre au sérieux. Mais que s’il y a risque d’effondrement, on en revient toujours à : il faut de la compétence pour l’éviter.
Et si on ne peut pas l’éviter : du sang-froid pour y survivre, et de la compétence pour inventer le monde d’après. Bref, de la compétence et encore de la compétence… Pour évaluer le risque, pour y faire face… De la compétence et du sang-froid. Et ça, ça manque furieusement.
On en avait parlé à propos de la permaculture. Ses défenseurs pensent qu’elle va sauver le monde, mais seule une toute petite minorité est réellement compétente en permaculture, voire sait simplement ce que c’est.
- Ah ah, je vois que tu citais Dunning-Kruger. T’es au courant que la courbe qui court partout n’est pas celle de la publication initiale de Dunning et Kruger ?
- Je sais, je sais. Ce qui est marrant pourtant, c’est que la version naïve de Dunning-Kruger tend à s’auto-démontrer.
- Comment ça ?
- Ben, les gens qui ont entendu parler du concept de manière sommaire sont persuadés d’avoir tout compris et qu’il est parfaitement pertinent dans sa version populaire. Ceux qui en savent plus doutent. Du coup, le concept « naïf » tend à se vérifier.
Alors même qu’effectivement, ce n’est pas exactement ce que dit la publication initiale. Quoique, ce n’est pas si loin. La courbe naïve est une interprétation pas scandaleuse des deux droites d’origine, à mon sens.
- Mais donc, pour l’écologie, on fait quoi ?
Comment on fait pour faire prendre conscience du problème, si on met pas un peu d’émotion dans le discours, si on fait pas un peu peur aux gens ?
- On les prend pour des êtres doués de raison, peut-être ?
- Comme tu y vas.
- Je pars d’un principe : si ta cause a besoin de mensonges, de manipulations ou d’accusations délirantes pour être défendue, c’est qu’elle ne mérite pas de l’être. Même (et peut-être surtout) si ta cause a l’air, à l’évidence, d’être juste.
Et puis, je suis pas sûr qu’il faille tant faire « prendre conscience » que ça. On en est à un stade où la pensée majoritaire est que l’effondrement écologique est en cours. Ca me semble suffisant, comme prise de conscience.
Maintenant, il faut s’intéresser précisément à ce qu’il en est, quelles en sont les causes, les solutions et les risques des solutions, quels sont les acteurs capables de peser dans les réalisations et la manière la plus efficace de les amener à aller dans le bon sens.
Mais ça nous mène un peu loin. On en parle une autre fois ?
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Bonjours, @futurasciences, avant de clamer la disparition d'un "mythe", assurez-vous de connaitre un minimum le sujet que vous traitez. Pas grand-chose ne va dans votre article.
Mes remarques à la suite :
1/13 futura-sciences.com/sciences/actua…
D'une étude sur une population particulière, dans un écosystème marginal, vous tirez des conclusions sur "les chasseurs-cueilleurs". Conclusion abusive et titre qui ne correspond pas au fond de l'article.
2/13
Oui, parce que dès le chapeau de l'article, vous dites "dans les Andes en tout cas", ce qui est effectivement important. Mais insuffisant. La période où vivaient ces chasseurs-cueilleurs est importante aussi : après les grandes extinctions de mégafaune.
3/13
Vu que ça discute très fort sur la question des femmes chasseuses, je vais vous expliquer en quoi notre vision des femmes chasseuses a changé depuis Man the Hunter, en 1968, en ce qui concerne les sociétés de chasseurs-cueilleurs étudiées par l'ethnologie, du moins. 1/5 🔽🔽
Voici ce qu'on savait à l'époque de Man the Hunter :
- Les femmes chassent souvent de petits animaux, et c'est parfois d'ailleurs une activité qui leur est +- réservée.
- Les femmes participent à des chasses collectives, en tant que rabatteuses pour les plus grands animaux.
2/5
- Les femmes chassent parfois seules des grands animaux, comme des rennes, des phoques ou des cervidés.
3/5
L’agroforesterie, ce n’est pas seulement planter des arbres ou des haies pour améliorer la biodiversité, couper le vent, etc. C’est associer des arbres, sous toutes leurs formes, à des cultures, avec pour objectif un rendement accru.
Un thread arboricole 1/17
🔽🔽🔽
Planter des arbres ou des haies, c’est positif pour plein de raisons, mais ça peut avoir un impact négatif sur le rendement des cultures. L’idée de l’agroforesterie est que les arbres/haies plantés aient une productivité propre, qui dépasse la perte sur les cultures.
2/17
L’idée est d’avoir, en mélangeant judicieusement agriculture et foresterie, un rendement supérieur à ce qu’on aurait sur la même surface en séparant les deux. C’est la base même du concept d’agroforesterie.
3/17
Un jour, je vais entreprendre l'entreprise suicidaire de donner mon avis sur la division du travail (sexuée ou genrée) chez les chasseurs-cueilleurs récents, et au paléolithique. Je commence par poser là quelques liens.