- T’es là ?
- Plus ou moins.
- Y’a un truc qui me chiffonne. C’est quoi ton parcours pour en arriver à penser ce que tu penses en matière d’agriculture, par exemple.
- T’as 5 minutes ? Qu’est-ce que tu veux savoir ?
- Ben, tout. Depuis le début, c’est possible ? Quand as-tu commencé à t’y intéresser ?
- Vers l’âge de 7 ans, on dira. Pas le choix. Mes parents se sont installés en Corse un ou deux ans plus tôt, dans le village de mon père, Speloncato. Ils galèrent.
Ils sont pauvres. Vraiment. A l’époque, chaque fin de mois était une torture, c’est quelque chose qui marque. Alors mon père, en plus de son boulot, prend quelques vaches, trouve à louer quelques terrains. Ma mère se forme pour obtenir la DJA.
A côté de ça, ils ouvrent un restaurant l’été.
Ils avaient 3 boulots, mes parents. Dont agriculteurs. J’ai passé mon enfance à courir après des vaches corses dans la montagne.
- Ah, c’est pour ça que tu défends l’élevage.
- Même pas. Les vaches, c’est mon père qui gueulait parce qu’on courait pas assez vite après elles à la montagne, ou les heures à se geler l’hiver à leur distribuer le foin et à s’en occuper. Ou encore celle qui m’a mis un coup de corne sous le menton et a failli m’estropier.
Je n’avais qu’une seule envie, lire des livres, faire des études et partir. Ce que j’ai fait après ma licence, mon premier métier, c’était libraire, et j’ai fini à Paris.
Et puis un jour, 10 ans plus tard, j’en ai eu marre et je suis parti à Londres.
Puis, l’été 2005, dans la campagne du Suffolk, en Wwoofing, parce qu’à Londres il y avait trop de francophones, c’était pas top pour améliorer mon anglais. Là, je me retrouve chez des Thénardier, qui nous faisaient travailler comme des dingues et étaient jamais content.
- Le monde enchanté de l’agriculture bio…
- En fait, ils étaient pas vraiment agriculteurs. Un couple dans une maison du 17ème siècle avec un grand jardin clos, qui bossaient à Londres et laissaient faire le plus pénible de leur jardin aux Wwoofeurs.
- A te dégoûter du jardin.
- C’est clair. Sauf qu’il s’est passé exactement l’inverse. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma voie. D’un seul coup, mes années d’enfance à la campagne me revenaient en pleine gueule, je voulais avoir les mains dans la terre.
J’ai dû rentrer à Paris, soucis de santé chroniques, on est un peu moins mal soigné en France. A cette époque, je fréquentais les milieux décroissants, les antipub, et des forums de discussion comme Oléocène ou « On peut le faire ».
Là, sur les forums, on lance l’idée de trouver un jardin en région parisienne pour « apprendre l’autonomie » (le peak oil était imminent). Quelqu’un fait passer un article de Kokopelli sur un gars qui s’appelle John Jeavons, qui fait des miracles avec sa méthode biointensive.
On se retrouve le 31 août 2005 dans un jardin collectif du 19ème qui vit ses dernières heures, il va être détruit par un projet immobilier. On jure de trouver un autre jardin. On est une quarantaine, ce jour-là.
On part en quête d’un terrain. Enfin, on est 2 sur les 40 à le faire. Les autres ont piscine. Mais toujours est-il que quelques jours plus tard, j’entends parler d’un « festival des murs à pêches », à Montreuil.
On y va, on tombe sur une dizaine d’associations qui s’occupent de bouts de terrains d’une friche chargée d’histoire. Les quelques hectares qui restent de l’immense verger montreuillois avec ses arbres palissés sur des murs enduits de chaux.
J’adhère au « jardin de la lune », une asso qui fait un jardin médiéval de plantes médicinales et aromatiques sur des carrés en plessis, une équipe adorable. C’est là que je fais mon premier compost, en suivant les conseils d’un bouquin. Et ça marche bien.
A Paris, en septembre 2005, on monte l’AMAP du Marais. On tombe sur un premier escroc, on rompt avec lui quand il avoue nous donner des légumes de Rungis. On en change, le nouveau est formidable, il y est peut-être encore, c’est possible.
Quelques mois plus tard, j’apprends que le projet de la parcelle adjacente au jardin de la lune tombe à l’eau. La parcelle est à l’abandon. On la squatte. On monte un projet pour obtenir l’aval de la mairie : Le Sens de l'Humus.
Une des co-organisatrices de mon AMAP travaille dans une asso qui gère des fonds européens. Le projet lui plait, elle pense qu'il a ses chances.. J’écris le dossier pour l’Europe en mai 2006 : un jardin expérimental et un projet de chantier d’insertion.
L’asso est encore en cours de création. Mais le projet est solide, et on obtient la subvention. 23 000 euros du Fonds Social Européen, mesure 10B. Assez pour créer un peu plus de 2 équivalents temps plein d’emplois aidés pour un an et demi et démarrer.
En juillet, on a nos boulots, on est 3 à bosser sur le projet. On a un jardin de 600m2, avec pour objectif de tester tout ce qu’on trouve dans les bouquins de permaculture, voir si ça marche vraiment, et apprendre tout ce qu’on peut sur l’agriculture.
Pendant 3 ans, j’y passe ma vie. Là, et chez les agriculteurs. Ceux des Amap. Et une journée avec une bande d’agriculteurs en agriculture de conservation qui change notre vision des choses. Il y a des gens passionnés, essayant d’améliorer les choses, même sur 250 hectares.
Et puis, le week-end, on le passe parfois en Thiérache, dans la ferme de la famille de ma compagne de l’époque et co-créatrice du Sens de l’Humus. Une petite exploitation de 30 à 40 vaches laitières.
Encore une autre vision de l’agriculture, et des vaches bien différentes de mes vaches corses. Parallèlement, j’essaie de lire tout ce que je peux sur les pratiques agricoles. Permaculture, agroécologie, agricultures plus conventionnelles…
Fin 2007, on monte un projet en Corse. Objectif principal : tester du BRF produit à partir des débroussaillages dans le maquis. On rencontre des agriculteurs, on leur fournit le BRF, et on teste ce que ça fait sur le sol. On en donne à des particuliers, aussi.
On fait aussi des réunions d’informations sur les AMAP, et on teste deux ou trois trucs chez des maraîchers. On me propose de travailler comme jardinier et de gérer l’association environnementale du Parc de Saleccia, près d’Ile-Rousse.
La Corse commençait à me manquer, le Sens de l’Humus était sur les rails, j’accepte. Objectif principal : faire le jardin, en bio intégral et avec uniquement les ressources du lieu, pour le restaurant du parc et pour une vingtaine de personnes.
Je suis donc rentré en Corse en janvier 2009, pour d’autres projets agroécologiques.
Mais c’est une autre histoire…
Bon, si je commence à me parler tout seul à moi-même régulièrement, je crée le hashtag rien qu'à moi #jmptsamm pour pouvoir retrouver tout ça.
Bonjours, @futurasciences, avant de clamer la disparition d'un "mythe", assurez-vous de connaitre un minimum le sujet que vous traitez. Pas grand-chose ne va dans votre article.
Mes remarques à la suite :
1/13 futura-sciences.com/sciences/actua…
D'une étude sur une population particulière, dans un écosystème marginal, vous tirez des conclusions sur "les chasseurs-cueilleurs". Conclusion abusive et titre qui ne correspond pas au fond de l'article.
2/13
Oui, parce que dès le chapeau de l'article, vous dites "dans les Andes en tout cas", ce qui est effectivement important. Mais insuffisant. La période où vivaient ces chasseurs-cueilleurs est importante aussi : après les grandes extinctions de mégafaune.
3/13
Vu que ça discute très fort sur la question des femmes chasseuses, je vais vous expliquer en quoi notre vision des femmes chasseuses a changé depuis Man the Hunter, en 1968, en ce qui concerne les sociétés de chasseurs-cueilleurs étudiées par l'ethnologie, du moins. 1/5 🔽🔽
Voici ce qu'on savait à l'époque de Man the Hunter :
- Les femmes chassent souvent de petits animaux, et c'est parfois d'ailleurs une activité qui leur est +- réservée.
- Les femmes participent à des chasses collectives, en tant que rabatteuses pour les plus grands animaux.
2/5
- Les femmes chassent parfois seules des grands animaux, comme des rennes, des phoques ou des cervidés.
3/5
L’agroforesterie, ce n’est pas seulement planter des arbres ou des haies pour améliorer la biodiversité, couper le vent, etc. C’est associer des arbres, sous toutes leurs formes, à des cultures, avec pour objectif un rendement accru.
Un thread arboricole 1/17
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Planter des arbres ou des haies, c’est positif pour plein de raisons, mais ça peut avoir un impact négatif sur le rendement des cultures. L’idée de l’agroforesterie est que les arbres/haies plantés aient une productivité propre, qui dépasse la perte sur les cultures.
2/17
L’idée est d’avoir, en mélangeant judicieusement agriculture et foresterie, un rendement supérieur à ce qu’on aurait sur la même surface en séparant les deux. C’est la base même du concept d’agroforesterie.
3/17
Un jour, je vais entreprendre l'entreprise suicidaire de donner mon avis sur la division du travail (sexuée ou genrée) chez les chasseurs-cueilleurs récents, et au paléolithique. Je commence par poser là quelques liens.