On démarre l'audience avec une annonce du président : Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur au moment des #AttentatsJanvier2015 et dont plusieurs parties civiles ont demandé l'audition ne sera pas entendu à ce procès.
L'audience se poursuit avec l'audition d'un commissaire belge de Charleroi qui a été en charge d'une partie de l'enquête, liée notamment à l'accusé Metin Karasular.
L'enquêteur belge explique que le 12 janvier 2015, l'avocat de Metin Karasular contacte ses services car Metin Karasular veut s'expliquer sur l'achat d'une voiture à Amedy Coulibaly.
Le commissaire belge dresse de Metin Karasular un portrait au vitriol : "un joueur qui s'adonne aux dés, aux cartes, qui est connu comme organisateur de jeux clandestins, il s'est forgé une réputation comme étant en lien avec le PKK. C'est quelqu'un de peu fiable et vénal."
Le commissaire poursuit au sujet de l'accusé Metin Karasular : "il passe des larmes à la colère. Il a été très difficile à auditionner. Il a des contacts dans les milieux radicaux salafistes. En 2011, on a eu des informations comme quoi il s'adonnait à un trafic d'armes."
L'enquêteur belge passe ensuite à l'autre accusé belge de ce procès : Michel Catino qui a fait l'objet de plusieurs condamnations, notamment pour trafic de stupéfiants.
Les enquêteurs belges se rendent ensuite dans le garage de Metin Karasular, là où a eu lieu l'achat de la Mini Cooper à Amedy Coulibaly : "il y régnait un parfait désordre, aucune organisation : pas d'ordinateur, pas de factures et en fait aucune existence légale à ce garage."
Dans ce désordre, explique le commissaire belge, les policiers retrouvent "des sacs poubelles avec des documents". Parmi ces documents : une liste d'armes et munitions, une autre avec des prix "1300 pour un Tokarev", lit par exemple le commissaire.
Le commissaire belge, qui a préparé un power point pour sa déposition fait projeter à l'audience les listes d'armes écrites à la main sur des feuilles à petits carreaux.
Au coeur de ce volet franco-belge de ce dossier : outre les listes d'armes, l'achat d'une Mini Cooper noire, achetée 27 000 euros par Hayat Boumeddiene (épouse d'Amedy Coulibaly) via un crédit à la consommation et donc vendue à Metin Karasular, dans son garage de Charleroi.
Selon Metin Karasular, il y a d'ailleurs eu une embrouille entre lui et Amedy Coulibaly. Les deux hommes se seraient accordés sur le prix de 12 000 euros pour la vente de la Mini Cooper, avant d'en demander 22 000 euros.
Les enquêteurs ont compté 16 lignes téléphoniques différentes pour Metin Karasular. Nombre de ses numéros sont retrouvés dans le répertoire de sa maîtresse "sous les intitulés "Gros Bâtard", "Mytho" ou simplement "Metin"", précise le commissaire belge.
Dans ce volet franco-belge, un autre homme apparaît : Abdelaziz Abbad. Lui aussi s'est rendu au garage de Metin Karasular. Lui aussi est aujourd'hui dans le box des accusés.
Aux enquêteurs Metin Karasular raconte que lors d'une de leurs venues, Amedy Coulibaly et Ali Riza Polat ont fait leur prière dans l'arrière salle de son garage "aux conditions de propretés désastreuses alors qu'il existe une mosquée tout près", précise le commissaire belge.
De l'enquête belge, il ressort que Michel Catino, également accusé dans ce procès, "effectuait le sale boulot pour Metin Karasular." Selon un témoin, "c'est lui qui se chargeait des armes".
Parmi les armes en question un pistolet Nagant "à l'époque en vente libre en Belgique suite à une faille dans la législation belge", raconte le commissaire entendu par visioconférence. "Depuis, les Nagant ont de nouveau été interdits en Belgique", tente-il de nous rassurer.
Le commissaire belge décrit le garage de Metin Karasular : "une sorte d'officine quand vous entrez, puis dans une arrière-salle : une armoire ouverte avec un tas de papiers et deux sacs poubelles". C'est dans ces sacs et cette armoire qu'ont été retrouvées les listes d'armes.
Ce moment où il est question de l'installation des fastfood KFC en Belgique : "il y a un ou deux ans", explique le commissaire belge.
En fait, c'est un ticket de KFC retrouvé chez l'un des accusés qui va mettre les enquêteurs sur la piste d'un déplacement en France.
"Ali Riza Polat avait une dette envers Amedy Coulibaly, une vieille histoire de stups et donc il était redevable envers Coulibaly. Et lorsque de Metin Karasular parle des deux hommes, il décrit un vrai lien de subordination", explique le commissaire belge.
Me Beryl Brown (défense) : "Il y a au dossier l'information selon laquelle Michel Catino est armé en permanence. Cous l'avez déjà vu déambuler dans Charleroi un colt à la ceinture?"
Le commissaire : "c'est une information qui ressortaient d'une enquête. Ca n'a pas été confirmé"
Selon Me Beryl Brown, avocate de Michel Catino, la téléphonie de son client a été étudiée à l'aune d'une adresse qui n'était pas encore la sienne à l'époque.
"En Belgique, il faut distinguer le domicile du lieu de résidence", répond le commissaire belge.
Me Beryl Brown, avocate de Michel Catino, continue à démonter pied à pied les conclusions de l'enquête belge sur la téléphonie de son client. "C'est une erreur", concède plusieurs fois le commissaire belge entendu par visioconférence.
"Encore", souligne l'avocate.
Me Coutant-Peyre, avocate d'Ali Riza Polat, enfonce le clou avec le commissaire belge : "Si je comprends bien, certaines de vos analyses sont tirées de données transmises par la France mais pas mises à jour donc cela peut conduire à des conclusions erronées"
Ce moment où Me Coutant-Peyre demande au commissaire "si en Belgique, les gens ont pour habitude de changer souvent de numéros de téléphone"?
"J'ai le même numéro depuis 1997", répond le commissaire.
L'avocat belge de Metin Karasular qui a contacté les services de police belges dans la foulée des attentats parce que son client "est paniqué" et veut alors s'expliquer est dans la salle. Il souligne que c'est son client qui a conduit lui-même les policiers belges à son garage.
L'avocat de Metin Karasular tente de démontrer que son client a lui-même livré toutes les informations spontanément à la police belge.
"Il nous dit qu'il a jeté son GSM [téléphone portable ndlr] quand il a découvert Coulibaly à la télé", concède le commissaire belge.
Pour résumer sur ce volet belge : Amedy Coulibaly va vendre une Mini Cooper à un belge, Metin Karasular. Il en réclame 12 000 euros, puis 22 000. N'ayant pas reçu l'argent, il va devenir agressif. Ali Riza Polat va lui-même menacer Metin Karasular.
L'audience est suspendue jusqu'à 14h30. A noter, que nous avons déjà un témoin de retard par rapport au planning.
L'audience reprend avec l'audition d'une experte de la police scientifique de Paris. Son laboratoire a traité 133 demandes d'analyses dans le cadre du dossier des #AttentatsJanvier2015
L'experte explique que 85 scellés/trace ont été analysés dans les locaux de Charlie Hebdo et dans la voiture Citroën C3 abandonnée à Paris par les frères Kouachi dans leur chute.
Pour l'assassinat de Montrouge, 36 scellés ont été examinés. L'un d'eux a permis d'identifier le profil génétique d'Amedy Coulibaly dès le 8 janvier au soir.
Pour l'Hyper Cacher : 134 scellés/traces ont été analysés, explique encore l'experte de la police scientifique.
Les profils génétiques des accusés Saïd Makhlouf et Nezar Pastor Alwatik ont également été retrouvés dans l'Hyper Cacher. L'un sur la lanière d'un taser, l'autre dans un gant d'Amedy Coulibaly.
Les profils génétique des accusés Willy Prévost et Christophe Raumel ont eu été retrouvés dans la voiture Renault Scenic avec laquelle Amedy Coulibaly s'est rendu à l'Hyper Cacher.
L'ADN de l'accusé Michaël Pastor Alwatik est quant à lui retrouvé sur deux des armes d'Amedy Coulibaly.
L'experte précise que "33 ADN masculins et 18 ADN féminins" relevés sur les scènes de crime restent aujourd'hui inconnus. Parmi ces ADN, un profil génétique masculin retrouvé sur la plaque d'immatriculation de la Citroën C3 des frères Kouachi et un de leurs fusils d'assaut.
Cette empreinte génétique toujours inconnue à ce jour porte le petit nom de "M14". Elle ne figure pas au fichier Fnaeg, le fichier national des empreintes génétiques et ne correspond à aucun des protagonistes du dossier, précise la policière scientifique à la barre.
La policière scientifique a travaillé sur l'hypothèse de plusieurs transfert d'ADN à savoir que l'ADN de certains accusés aurait pu se retrouver de manière indirect sur des objets du dossier (par exemple la lanière du taser).
En ce qui concerne l'ADN de Saïd Makhlouf retrouvé sur la lanière du taser d'Amedy Coulibaly, l'hypothèse "retenue était plus en faveur d'un contact direct que d'un transfert d'ADN secondaire".
"Sans certitude", ajoute cependant la policière scientifique à la barre.
Ce moment où Me Catherine Szwarc (PC) interroge l'experte sur les transferts d'ADN possible : "il faut que ce soit par la peau? C'est-à-dire que si c'est sur un canapé, il faut s'asseoir sans pantalon?"
Me Zoé Royaux, avocate de Saïd Makhlouf revient à la charge sur la question d'un possible transfert d'ADN. Elle souligne que l'ADN de son client et celui d'Amedy Coulibaly ont été retrouvé "en mélange" sur cette lanière, ce que la policière scientifique ignorait.
La policière scientifique : "si les ADN sont retrouvés en mélange, cela peut laisser penser à l'hypothèse d'un transfert d'ADN"
Me Coutant-Peyre : "vous avez examiné 470 scellés, c'est bien ça ?"
Experte policière : "oui."
- "Je n'ai pas entendu le nom de mon client. Cela veut dire que l'ADN d'Ali Riza Polat n'a été retrouvé sur aucun des scellés?"
- Non.
Ce moment où un 2e expert explique le concept de "bon" ou "mauvais donneur d'ADN" en fonction de ... "l'hygiène de l'individu". Il y a "celui qui se lave les mains toutes les 5 minutes et ne donne que quelques cellules", "celui qui se gratte l'oreille et en laisse beaucoup plus"
L'audience est suspendue 15 minutes avant les auditions des deux enquêteurs de sous-direction antiterroristes (SDAT) encore prévues aujourd'hui.
L'audience reprend avec l'audition d'un ancien enquêteur de la sous-direction antiterroriste, matricule 129947. Il dépose anonymement, par visioconférence, on aperçoit son ombre derrière un panneau opaque.
Cet enquêteur a travaillé sur ce qu'il appelle "la filière belgo-ardennaise". Il revient sur les différentes armes d'Amedy Coulibaly et des frères Kouachi et rappelle que celle des frères Kouachi n'avaient pas pu être tracées mais "provenaient d'ex-Yougoslavie"
L'enquêteur revient sur les listes retrouvées dans le garage de Metin Karasular à Charleroi. La première, une liste d'armes, a été écrite par Ali Riza Polat. La deuxième, indiquant "mitraillette 1000 euros, Tokarev 1300 euros" etc. a été rédigée par Metin Karasular.
Selon l'enquêteur, le type d'armes qui figuraient sur cette liste : "Tokarev, pistolet mitrailleur ou lance-roquette", permettait "de faire le lien avec les armes retrouvées en possession des trois terroristes."
Pour cet enquêteur : "Ali Riza Polat était très proche d'Amedy Coulibaly. Il semble organiser la vente de la Mini Cooper avec ses partenaires belges et ardennais. Il rencontre Amedy Coulibaly dans la nuit du 7 janvier 2015, jour même du déclenchement des attentats."
"Ce véhicule n'avait pas tous les papiers pouvant permettre la vente en France : certificat de non-gage etc. Et c'est pour cela qu'Amedy Coulibaly et Ali Riza Polat cherchaient à la revendre à l'étranger" explique l'enquêteur.
Me David Apelbaum, avocat d'Abdelaziz Abad se lève : "la téléphonie est un domaine aride, je vais tenter de mettre un peu de vie derrière tout ça."
Selon l'enquêteur de la SDAT, "une hypothèse est que la contrepartie du faible coût de la Mini Cooper serait des explosifs et une partie des armes des frères Kouachi".
L'enquêteur de la SDAT : "sur la filière belgo-ardennaise, on n'a pas un élément de preuve superconcret d'un achat d'armes par Ali Rizat Polat. On n'a un faisceau d'indices et de conséquences troublantes."
A 19h54, alors que l'enquêteur de la SDAT est entendu depuis près de 3 heures, les parties civiles encore dans la salle soupirent bruyamment à chaque fois qu'un avocat de la défense se lève pour poser une question.
L'audience est suspendue jusqu'à demain 9h30 (et oui, cette semaine, il y a aussi le samedi en raison du retard accumulé ... à noter d'ailleurs qu'un des témoins prévu ce jour n'a pas été entendu).
Le compte-rendu de l'audience du jour, illustrée par Matthieu Boucheron est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
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Bonjour à tous,
En direct du tribunal judiciaire de Paris.
2e etage. Grande salle. Et pour cause.
L'audience qui s'ouvre aujourd'hui attire les foules des grands jours.
Début du procès dit des eurodéputés RN.
Viennent d'entrer dans la salle d'audience la présidente du Rassemblement national et principale prévenue de ce procès : Marine Le Pen.
Sont également arrivés Bruno Gollnisch, Nicolas Bay ou encore Julien Odoul ... autant d'anciens eurodéputés ou assistants parlementaires.
25 prévenus au total (ils sont 27 renvoyés mais ni Jean-Marie Le Pen, ni Jean-François Jalkh ne sont en état d'être jugés selon des expertises médicales), qui doivent répondre de détournement de fonds publics.
Bonjour à tous,
C'est rare, mais ça arrive : en direct d'une audience civile aujourd'hui. En l'occurrence l'assignation en référé des Républicains par Eric Ciotti pour contester son exclusion du parti et de la présidence de celui-ci.
Ca se passe au tribunal judiciaire de Paris.
11 heures. L'audience est ouverte. Et débute l'appel des parties. Juste une question de procédure ? Et non, car premier écueil : deux avocats se présentent comme représentants des Républicains.
L'un côté Eric Ciotti, l'autre côté Annie Genevard et François-Xavier Bellamy.
“Je ne peux pas recevoir une double constitution. C’est un problème et c’est à vous de trancher”, s'agace la présidente. Sauf que personne ne lâche. Car derrière cette question de robes, il y a tout l'enjeu de l'audience du jour : qui préside encore Les Républicains ?
Bonjour à tous,
Après une pause hier, le procès de la Grande mutation devant la 13e chambre correctionnelle de Paris reprend avec les dernières auditions de parties civiles. Puis viendront les interrogatoire des prévenus, à savoir six cadres de l'organisation sectaire.
Emmanuelle s'avance à la barre. Elle est l'aînée d'une des anciennes adeptes de la Grande mutation.
"Quatre enfants, enfance heureuse, une mère aimante".
C'est autour de 2005, que sa mère commence à fréquenter la Grande mutation, "emmenée par un rabatteur à Dijon".
"C'était un médecin qui était le rabatteur de la Grande mutation à Dijon. Il a été radié depuis, mais à l'époque il avait une vraie plaque de médecin", explique Emmanuelle à la barre. "Du coup, elle allait à Paris aux conférences et entretiens individuels".
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."