Thread by @AEsiop

🚨TÉMOIGNAGE D’UNE ÉTUDIANTE INFIRMIÈRE 🚨 
« MON PSYCHIATRE M’A ANNONCÉ QUE JE SOUFFRAIS DE STRESS POST TRAUMATIQUE SUITE À CES STAGES! »
Combien d’étudiants va t’on encore traumatiser pendant leur formation ? Dégoûter du métier d’infirmière ?
À l’heure où l’hôpital manque

cruellement de soignants ?
Pourquoi cette formation est-elle si violente ? Quand allons nous sanctionner les auteurs de maltraitances ?
THREAD 👇

Bonjour,
Je m'appelle m'appelle x j'ai 31 ans et j'ai intégré l'ifsi de X en 2011 après le concours.
J'avais effectué des stages d'observation en EHPAD et à domicile qui s'étaient bien passés et m'avait conforté dans mon choix de devenir soignante.

La première année d'ifsi s'est relativement bien passée à part mon premier stage. Déjà, on partait en stage seulement après deux mois de théorie dont un tp sur la façon de faire la toilette à un patient. Je ne me sentait pas prête mais me voilà en dermato au chu de x

pour 10 semaines.
J'avais beaucoup de mal à m'intégrer et surtout le fait de faire des actes que je ne connaissais pas comme poser une perf ou autre au début me gênait : je pensais qu’on aurait vu la base à l'ifsi mais finalement on apprenait sur le tas.

A la fin de ce stage, l'infirmière en charge de mon stage m'a clairement dit de me "bouger le cul". Ma formatrice référente de l'époque n'a pas épilogué là-dessus.
Je n'ai pas relevé et mon deuxième stage en gérontopsy  au CH de x s'est hyper bien passé:

le personnel était bienveillant et m’encourageait ce qui me permettait d'effectuer des gestes plus méticuleux et de gagner en assurance et en autonomie.
Seulement, j'ai vite déchanté en 2ème et 3ème année.
Mon troisième stage (donc le 1er en 2ème année)

s'est passé au CH X et l'enfer a commencé.  Déjà un accueil très froid m'a été réservé. L'équipe était assez jeune. Dès que j'ai voulu parler aux transmissions, une infirmière m'a coupé la parole et m'a dit: "t'es élève donc c'est moi qui parle!" Le reste du stage était de pire

en pire au point que les infirmiers le soir ont demandé à une élève aide soignante de m'évaluer en cachette sur un changement de protection et une petite toilette. Je m'entendais bien avec elle et j'ai vu que ce jour-là elle était très mal à l'aise.  Elle a fini par me dire

ce qu'il se passait et quand on est sorti de la chambre, les infirmiers l'ont directement prise à part... J'ai pleuré tous les jours pendant au moins deux semaines en sortant du service.
Ce stage se déroulait de octobre à mi janvier

je crois et lorsque j'ai parlé à mon formateur de ce problème, il a aussitôt demandé à ce qu'on me change de service au moins pour la fin du stage. Il m'a appelé pendant les fêtes pour m'annoncer que le cadre du service où j'étais refusait que je change.

J'ai fini l'appel en larme avec un formateur désolé pour moi.
Le stage s'est terminé tant bien que mal avec une entrevue avec ce cadre qui me demande comment j'ai vécu le stage. Je lui ai répondu que j'étais contente qu'il se termine, il m'a répondu "nous aussi"!

J'étais assez choqué de ce stage et j'ai commencé à perdre confiance en moi. Mon deuxième stage de l'année était en chir ortho au chu. Honnêtement c'est le stage où j'ai le plus appris et le personnel plus que débordé, prenait le temps de me former. La deuxième année finie, je

me suis dit: allez plus qu'une année et c'est bon.
La troisième année j'ai effectué mon 2ème stage en EHPAD où tout s'est passé ce qui a presque balayé le stage de début de troisième année qui restera le pire: celui en salle de réveil au chu x J'étais avec une autre élève

de 40 ans en promotion pro et qui souriait tout le temps: croyez moi, ça a changé!!
Le stage était très technique et tout dépendait de l'infirmier avec qui tu étais: soit ça se passait relativement bien, soit je recevais des piques. D'ailleurs une fois je devais faire une prise

de sang artériel où j'ai dû mettre des gants stériles: 5 soignants rigolaient et me regardaient paniquer, de leur bureau d'observation, au lit du patient en essayant d'enfiler ma troisième paire de gants. Toutes les semaines, un bilan papier était fait pour suivre mon évolution

et il n'y avait rien de problématique, d'autant plus qu'on m'avait laissé gérer seule une salle de réveil qui accueillait des patients ayant subi une coloscopie (merci le dépassement de fonctions!!)... une semaine avant la fin du stage de 10 semaines, la cadre du service demande

à me voir dans son bureau et m'annonce que mon stage ne sera pas validé. Et là, c'est la douche froide.  Avec du recul je comprend que j'avais du mal à faire les liens entre mes cours et la pratique mais il y a des façons de le dire et surtout on aurait pu me le dire avant.

Je me suis mise à pleurer et la cadre m'a dit d'aller en tisanerie pour me calmer. Ne me voyant pas revenir 15 min plus tard, elle arrive et me dit: maintenant ça suffit votre cirque, reprenez vous et finissez votre poste!
Cela n'aurait pas du me choquer de la part de cette femme

qui avait dit la même chose à ma collègue 3 jours avant alors qu'elle venait de se faire coincer dans les vestiaires par une infirmière qui lui avait dit "d'arrêter de se la jouer".
Autant vous dire que j'ai appelé mon formateur qui a essayer de m'encourager à finir le stage

malgré tout ce que je n'ai pas fait.
Le plus drôle c'est que ma tutrice de stage n'a jamais voulu en reparler. Je n'ai jamais pu la contacter. Et la chose encore plus pathétique et choquante c'est que cette cadre est devenue formatrice dans mon ifsi!! Elle apprenait lorsque je

revenais de stage d'ehpad et mon formateur m'avait averti qu'elle était là. Lorsqu'elle est rentré dans le bureau, mon formateur m'a demandé si je voulais qu'elle assiste à notre entrevue pour parler du stage en ehpad qui s'était hyper bien passé. J'ai regardé cette femme et j'

ai répondu: "surtout pas!"
C'est donc avec un stage non validé en sspi, un stage validé en ehpad que j'arrivais en médecine interne au chu pour 5 semaines. Et là: ben ça a été une catastrophe. L'infirmier faisant fonction m'a dit dès le premier jour devant l'équipe: "alors

je te préviens, il faut que dans deux semaines tu sois apte à tout faire parce que sinon on te valide pas le stage!". Très sympa pour débuter. Bien sûr mon manque de confiance en moi m'a totalement paralysé au point de ne pas venir pendant deux semaines. Je faisais des crises

d'angoisses. Elles ont commencé pendant mon stage horrible x et se sont poursuivie à tout mes stages, y compris où ça se passait bien. Mes proches s'inquiétaient de plus en plus mais je refusais d'admettre  que ça n'allait pas.
Mon stage en médecine interne n'a pas été validé.

J'ai donc dû faire un stage en réa neuro au chu et un en ophtalmo. Le stage de réa neuro n'a pas été validé non plus et j'ai donc fini par un stage en uro où j'ai tenu 15 jours. J’étais complètement  paralysée dans mon stress et mon manque de confiance en moi.
Mon formateur m'a

proposé de m'interrompre pendant deux ans et de travailler en aide soignante pour m'aider à regagner confiance en moi. Il m'encourageait à me dépasser.
Cette période pendant deux ans (de 2015 à 2017), j'ai travaillé en ehpad et en service en poste de nuit au pole sante

république. Ca s'est relativement bien passé mais j'avais toujours ces crises d'angoisses au début qui surgissaient. Puis j'ai décidé de reprendre en 2017 mais j'ai eu un gros problème médical qui m'a forcé à repousser de quelques mois mon retour pour un dernier stage

en ssr près du chu.
Cette fois ci, une fois mes ennuis de santé passés, je me sentais prête à être enfin diplômée. Je ne pensais qu'à ça, mon formateur (toujours le même) était confiant. Le ssr était bien, l'équipe était géniale, seulement je n'arrivais tout simplement plus

à travailler en équipe. J'essayais de m'isoler et être autonome au possible, même pour manger. Je me méfiais de toute l'équipe qui était pourtant bienveillante. Et je passais devant les chambres et faisais le taf, sauf qu'un après midi, une aide soignante arrive pour son poste

du soir et me demande de lui faire des petites transmissions avant les grandes: impossible de me souvenir du nom des patients. Je n'avais plus que des numéros de chambre en tête.
Cet instant m'a marqué  à vie car j'ai décidé d'arrêter mon stage et tout simplement mon métier de

soignant ce jour-là. Je ne suis pas revenue le lendemain. J'ai récupéré mes affaires à la hâte un matin à l'arrache en tremblant. Toutefois j'ai écris un long mail à mon formateur pour l'informer de ma décision. Je n'ai jamais voulu lire sa réponse et je regrette

de lui avoir fait de l'avoir déçu surement. J'ai écris une lettre à la cadre du ssr et au service pour m'excuser et les remercier de leur bienveillance.
Depuis, je suis suivie par un psychiatre qui m'a annoncé que je souffrais de stress post traumatique suite à tout ces stages.

Et depuis j'ai passé un dut génie biologique à l'iut de x que j'ai validé en juillet 2020 et je suis technicienne de labo en agroalimentaire actuellement. De temps en temps j'ai encore des crises de panique (genre quand j'arrive pas à enfiler des gants...) mais globalement

je suis contente de mon évolution.
J'ai eu beaucoup de mal à accompagner mes proches au chu de peur de tomber sur des soignants que je connaissais. Maintenant, et surtout après mes ennuis de santé où j'ai failli mourir (thrombose veineuse cérébrale due à la pilule contraceptive)

je me dis que je ne dois pas me taire et que les dérives en stages doivent cesser.
Encore aujourd'hui, il y a des élèves en stress et cela ne devrait pas exister.
Un stage c'est fait pour former et non pour enfoncer les futurs soignants.

C'est la première fois que j'ose témoigner. J'ai entendu le nom de cette association sur France info. @franceinfo
J'espère que ceux qui liront ça se diront qu'ils ne sont pas seuls et qu'ils doivent se faire entendre

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