Cet incinérateur fait d’une pierre trois coups : se débarrasser des déchets en les brulant, et la chaleur ainsi générée sert à produire de l’électricité et (surtout) à alimenter le réseau de chaleur de la ville :
C’est une excellente transition vers la 2ème installation avec la grande cheminée, car ce bâtiment bleu est une chaudière de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain @La_CPCU, qui produit de la vapeur pour alimenter le réseau de chaleur de la ville.
La Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain, c’est le plus grand réseau de chaleur de France, avec 510 km de canalisations elle alimente en chaleur environ 500.000 foyers dans Paris et quelques villes autour.
La vapeur d’eau produite par ces installations circule sous pression dans des canalisations jusqu’aux bâtiments raccordés, y délivre sa chaleur, et repart vers la chaufferie.
La vapeur circule ainsi toute l’année, y compris l’été pour la production d’eau chaude.
A noter qu’utiliser de la vapeur dans les réseaux de chaleur ne se fait plus de nos jours.
Il n’y a que ceux de Paris et Manhattan qui s’en servent encore, quasiment tous les autres utilisent de l’eau chaude, plus efficace et moins coûteuse (pertes et maintenance).
Les bâtiments raccordés à ce réseau de chaleur de la CPCU sont pour 45% du résidentiel, 45% du tertiaire, et les 10% restant sont la totalité des hôpitaux de Paris.
Dans toutes les installations parisiennes, la chaleur est produite en brulant du combustible : une majorité de déchets ménagers, mais aussi plus d’un tiers de gaz fossile et... 11% de charbon ! 😧
Vous pensiez que le charbon c’était un truc uniquement pour les Polonais ou les Chinois ?
Raté.
Pendant 15-20 jours par an en cumulé, environ 1,5 millions de parisiens ont leur logement chauffé avec du charbon.
Bon, c’est pas folichon mais ça s’améliore nettement : la part du charbon a été divisée par 2,5 depuis 2014, et le fioul n’est plus du tout utilisé depuis 2016.
Les émissions de CO2 du chauffage de la CPCU sont ainsi nettement inférieures au chauffage à gaz ou fioul pur.
Je signale au passage que la valeur de 180g de CO2 par kWh pour le chauffage électrique est périmée, en 2018 l’ADEME indique 147g de CO2, donc quasi identique au chauffage par réseau de chaleur.
Les avantages d’un réseau de chaleur urbain sont multiples :
- La production de chaleur est centralisée dans de grosses installations, qui sont donc plus performantes et moins polluantes, et qui permettent d’utiliser d’autres combustibles (déchets ou bois par exemple).
- Et il n’y a pas de chaudière dans les locaux chauffés (habitations ou immeubles), donc gain de place, ainsi que moins de maintenance et d’entretien.
Sortons de Paris et regardons la situation en France 🗼 -> 🇫🇷
En 2018 il y avait plus de 780 réseaux de chaleur urbains, totalisant 5700 km de canalisation (~10 fois celui de Paris), et alimentant 2,4 millions de logements.
La première énergie utilisée dans les réseaux de chaleur en France est le gaz 😖, suivi par les déchets ♻️, la biomasse 🌳, la géothermie 🌋, et le charbon 🤬.
Ce dernier est en baisse constante et n’est plus utilisé que dans 9 réseaux (dont celui de Paris).
Depuis une dizaine d’années, le soutien financier du fond chaleur piloté par l’ADEME a permis une grosse augmentation des énergies “vertes“ (renouvelables et déchets) dans les réseaux de chaleur, principalement la biomasse.
Le besoin en chaleur est énorme, en France 45% de toute l’énergie consommée sert à produire de la chaleur...!
Environ les 2/3 de cette chaleur sont pour chauffer des locaux, et un quart pour des procédés (industriels, mais aussi des services comme les restaurants et la santé).
Dézoomons encore 🇫🇷 -> 🇪🇺
En Europe, la moitié de l’énergie consommée sert pour produire de la chaleur, dont environ la moitié sert à chauffer des locaux.
En fait, comme en France, quand on parle d’énergie, le chauffage est un sujet majeur et incontournable.
Là où ça part en cacahuète c’est sur les sources d’énergies utilisées pour produire toute cette chaleur : en Europe, deux tiers de la chaleur est produit en cramant des énergies fossiles, avec le gaz en tête...
Or, dans l'Union Européenne, 20 pays sur 28 ont une dépendance aux importations de gaz supérieure à 90%.
La France 🇫🇷 en est dépendante à 98%.
L'UE 🇪🇺 en est dépendante à 75% et ça ne fait qu'augmenter depuis 25 ans.
Actuellement les réseaux de chaleur européens ne représentent que 9% de la chaleur produite, mais leur potentiel est intéressant car ils peuvent utiliser plus facilement des énergies décarbonées et sont plus efficaces que des chauffages individuels.
Dézoomons encore 🇪🇺 -> 🌏
(et on ira pas plus loin ☺️)
Dans le monde, il y a deux pays qui sortent largement du lot pour leurs réseaux de chaleur : la Chine 🇨🇳 et la Russie 🇷🇺.
La Chine possède quasiment la même longueur de réseaux de chaleur que la totalité de l’Europe, sauf qu’il est alimenté à 90% par du charbon...
(je rappelle que la Chine consomme la moitié du charbon mondial).
La Russie quand à elle, opère le plus grand système de réseau de chaleur au monde et en produit plus de 35% de la chaleur mondiale.
Le seul réseau de chaleur de Moscou est équivalent à la totalité de celui de la Finlande, ou encore… à 3 fois celui de la France entière...
Un seul chiffre :
La Russie produit 5,5 exajoules de chaleur (5,3 milliard de milliard de joule).
Ça ne vous dit sûrement rien, mais c’est autant d’énergie que celle consommée en France par les transports, le résidentiel, l’industrie et le tertiaire combinés !
Un fait intéressant aussi : la Russie produit une partie de la chaleur avec des centrales nucléaires.
Cette production ne représente presque rien pour eux (0,2% de leur total), mais c’est l’équivalent de quasiment toute la chaleur produite actuellement par @La_CPCU à Paris.
Nous revoilà à Paris, la boucle est donc bouclée, et ce thread est terminé.
Vous voyez comme on peut voyager loin et tout ce qu’on peut apprendre, simplement en se posant des questions à partir d’une photo ? 😊
@elbalalaw Il y a eu plusieurs générations de réseaux de chaleur, et au début c’était la vapeur qui était en vogue, mais certains se sont aperçus que ça conduisait moins bien la chaleur que l’eau liquide
@jost_vincent @Aviaponcho Il faut favoriser le recyclage et le compostage, mais vu la quantité astronomique de déchets produits il y en aura toujours dont on ne saura pas quoi faire, donc autant les brûler pour produire de l’électricité ou de la chaleur et éviter le recours à des combustibles fossiles.
@sjodogne @phh_Henry Je corrige, la Belgique est dans les choux complet
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Voici un petit extrait de ce qu’il s’est passé en négociations ce dimanche à la #COP28 , j’espère que ça mettra en évidence la complexité de l’exercice et les vues divergentes qui existent entre les pays.
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Le président de la COP28 a tenu ce dimanche un Majlis, une séance traditionnelle islamique, pour amener les ministres présents à la conférence à surmonter leurs désaccords, les prévenant que « l’échec n’est pas une option ».
Le président Al Jaber a souligné que l'objectif du Majlis était de favoriser les discussions "de cœur à cœur". Notant que le Majlis n'accepterait pas que ses ambitions soient revues à la baisse, il a exhorté chacun à faire preuve de souplesse,…
Le Japon a commencé à rejeter dans l’océan les eaux radioactives de Fukushima.
Ce sujet a été très mal traité et expliqué dans les médias, ce qui a amené son lot de clichés, de désinformations et de récupérations politiques foireuses.
🧵 pour reprendre tout ça proprement
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📔 Rapport de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique sur ces rejets :
Et ça bien sur sans augmenter la consommation électrique, c'est à dire sans remplacer les voitures thermiques, sans remplacer les chaudières à gaz, sans électrifier l'industrie...
Je sais pas si vous vous rendez compte mais multiplier par 4 c'est considérable, c'est l'équivalent des capacités actuelles de la Chine qu'on a mis en Allemagne quand même...
Ok donc là les 3 réacteurs nucléaires allemands rescapés qui ont été mis en service il y a 40 ans produisent autant d’électricité que les 30.000 éoliennes et les 2 millions d’installations photovoltaïques installées en Allemagne ces 20 dernières années… 😐
C’est là que normalement tout le monde devrait s’apercevoir qu’avoir de l’électricité décarbonée et s’en servir pour virer des énergies fossiles demande un chouïa plus de travaux que juste installer des éoliennes et des panneaux solaires à la chaîne sans réfléchir au reste.
Je trouve ça assez déprimant en fait 😕
On répète depuis des lustres que l’intermittence est un méga problème à gérer, tout un tas de gens nous disent que "mais non t’inquiète ça passe regarde l’Allemagne va le faire en 2030 ils ont promis juré qu’ils sortaient du charbon".
Venez avec moi, je vais vous faire découvrir des installations nucléaires si exceptionnelles qu’à la fin vous devriez avoir dit au moins 2-3 fois "woah c’est un truc de fou".
Mais avant de visiter, un peu de pédagogie :
Vous le savez peut-être déjà, le soleil n’est pas une boule de feu mais une boule de plasma, et il brille grâce à la fusion nucléaire (sans fusion nucléaire point d’astronomie).
Il faut bien comprendre la distinction avec les réacteurs nucléaires actuels sur terre, qui eux utilisent la fission, c’est à dire qu’ils cassent un gros atome en deux (genre l’uranium) et paf ça fait plein d’énergie.
Je précise au cas où que bien évidemment sur ce sujet chacun fait et pense ce qu’il veut, et évidemment je ne veux obliger personne à avoir des enfants…
Et c’est très bien ainsi.
Pourquoi je dis que c’est une raison bidon ?
Je vois 2 raisons en fait à ne pas vouloir d’enfants pour l’écologie : 1- limiter les impacts liés aux activités humaines, et 2- épargner ce qui nous attend (conflits, ressources, climat,…) à nos enfants