France Culture consacre une journée à l'état du "débat public".
En tant qu'auditeur régulier, et contributeur occasionnel, j'ai envie de dire un mot.
Après la matinale, j'ai la désagréable impression qu'il s'agit d'une campagne promo pour l'idée de "cancel culture".
On a entendu des gens qui se proclament très inquiets du débat démocratique et qui parlent bcp pour dire qu'on ne peut plus rien dire.
Mon sentiment est le suivant : ce sont des diversions, des intimidations lancées par des gens qui n'ont plus rien à dire sur le présent...
... et qui consciemment ou non organisent le discrédit des nouvelles demandes de justice et des nouvelles voix qui s'expriment.
Sous prétexte d'être les garants de la forme du débat, ils interviennent en réalité sur le contenu.
L'idéal de pacification de la parole publique est retourné en outil de surveillance des frontières - et il est manifeste que très souvent l'intérieur de ces frontières est vide, ou presque.
Le constat est donc très simple : si la bienséance dans le débat implique que l'on ne peut que répéter ad nauseam les vérités périmées du 20e siècle, cela signifie que cet idéal dit "démocratique" n'est qu'un faux semblant.
Prenez la question écologique comme boussole : l'espace prétendu des opinions raisonnables implique un réchauffement de 4°, 5°.
D'une certaine manière c'est encore pire avec l'héritage colonial de la France : on a une multitude de personnes capables de décrire les sortilèges...
... de cet héritage dans des termes précis, susceptibles d'entretenir un débat sur les doubles standards de citoyenneté, et on ne les entend jamais (contrairement aux écolos comme moi).
Cela étant dit, les gardiens offusqués de la démocratie sont à côté de la plaque. Big time !
Et je regrette que cela puisse apparaitre comme des préoccupations d'intello branché sur France Cu, car ça déborde largement au-delà !!
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Parmi les classiques des sciences sociales, je crois que c'est celui qui a donné les outils les plus affutés pour comprendre le problème socio-économique du climat.
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Son premier livre, La théorie de la classe de loisir, introduit la notion de "consommation ostentatoire".
Cela veut dire que l'expression principale du pouvoir politique est la capacité à gâcher des ressources pour montrer son statut.
Cette notion ressemble un peu à ce que Mauss étudie un peu plus tard dans l'Essai sur le don.
Elle a aussi influencé la théorie de la distinction de Bourdieu.
Et on voit bien le lien avec le croisement entre classes sociales et consommation d'énergie.
Aucun blâme sur les personnes qui le font, je le ferai sans doute aussi à l'avenir.
Mais on ne peut pas lutter quand le cadre éditorial est pourri. La confusion l'emporte toujours sur la clarté.
Déjà qu'on nage dans un océan de mauvaises nouvelles sur le front climat biodiv, si en plus on doit se battre dans les média contre l'idéologie de l'équilibre entre les positions (un ecolo, un abruti en face qui fait de la diversion) on ne s'en sortira pas.
Comme aujourd’hui c’est la journée mondiale de l’environnement, je voudrais faire un fil pour vous expliquer l’environnementalisme…c’est terminé.
Hé oui.
Place aux politiques climatiques.
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Pour comprendre le clivage grandissant entre environnement et climat, prenons l’exemple de l’installation d’une usine de batteries électriques ou l’ouverture d’une mine de lithium.
Cela fera sursauter les environnementalistes, qui y verront (à juste titre) une pollution locale.
Mais les défenseurs du climat y verront l’opportunité de décarboner l’approvisionnement électrique. Ils y verront le signe que l’Etat se lance dans des politiques industrielles ambitieuses, dans l’innovation pour trouver un modèle économique qui intègre le travail et la planète.
Les événements récents (Ste Soline et sa criminalisation) ont porté l'attention sur une écologie du vivant, de l'occupation des grds projets, de la valeur de la terre, dans une tradition autonome qui veut faire écho aux mouvement subalternes.
Le développement de ces luttes ouvre un fossé entre elle et un autre style politique : celui de la stratégie industrielle de transition.
Une écologie de construction, qui s'adresse aux classes populaires et demande à l'Etat un effort d'organisation.
Un fil qui résume bien une forme d'environnementalisme encore malheureusement trop courant : "Tant que vous acceptez de protéger les animaux, vous pouvez développer l'idéologie que vous souhaitez".
Bon, je n'avais pas compris que Hugo Clément dit tout le temps des trucs du genre.
Ici : "L'écologie prepare le terrain pour une grande réunion autour de l'extrême droite".
Terrible...
Des années à tourner autour du pot de façon menaçante en parlant "d'éco-terrorisme", pour finalement traiter une petite organisation de défense des terres paysannes comme un véritable groupe terroriste.
Je n'en reviens pas je l'avoue, même si c'était bien préparé...
Je ne partage pas toute la philosophie et la stratégie de ce mouvement, j'ai la chance de travailler dans une institution qui n'inspire pas la crainte du pouvoir.
Mais cette criminalisation fait porter une menace tous azimuts.
Combien de temps avant de voir la police un cours ou une conférence universitaire ?
Combien de temps avant de voir de simples militants écologistes emprisonnés ou inquiétés par la justice ?
C'est monnaie courante dans bcp de régimes politiques...