#Republique Ce soir, c’était une soirée infiniment triste et d’une rare violence dans les rues de Paris. Thread ⤵️
Elle a commencé place de la #Republique à Paris où - notamment - l’association @Utopia_56 avait pris l’initiative d’installer 500 tentes pour loger des exilés qui n’avaient pas trouvé place où dormir après leur récente évacuation à Saint Denis
L’idée : non seulement loger effectivement ces personnes dans des tentes avec des couvertures, mais aussi « visibiliser » les conditions dans lesquelles survivent ces gens, dont les vies sont souvent déjà abîmées de nombreux traumatismes
Les associations ne sont pas naïves évidemment, un camp ne s’installera pas pour des semaines sur cette place, presqu’au milieu de Paris. Et d’ailleurs, qui veut vivre dans une tente en plein hiver sur cet endroit au milieu de la circulation, battu par les vents ?
Très rapidement, le campement est encerclé par les forces de l’ordre, des CRS et des policiers de tous les arrondissements, même des #BAC de banlieue parisienne. Les premières tentes sont enlevées, sans retenue. Quelques vidéos ⤵️
Le journaliste @RemyBuisine, filme de plus près.
Voici ce dont il a pu notamment témoigner :
À mesure que les interventions successives des policiers s’intensifient pour « gagner du terrain », c’est ce que leurs supérieurs crient régulièrement, la tension monte. Mais jamais il n’y a d’agressivité du côté des exilés et des militants présents. Certains st traînés au sol
Les tentes et couvertures sont stockées à l’écart, « l’équivalent de 20 000€ de matériel » dit Yann Manzi, de l’association @Utopia_56.
Tout est parti dans un camion benne, pour être réutilisé, ou pas. Une partie est rendue inutilisable pendant l’enlèvement de toute façon.
Une fois les tentes mises en tas, la situation monte d’un cran, les forces de l’ordre se mettent en rang, pendant que Yann Manzi tient interview sur la place.
Plusieurs élus de la mairie de Paris sont présents, pas toujours avec leurs écharpes tricolores. Des députés aussi.
Des policiers sont très violents, en témoignent les images de @RemyBuisine, agressé plusieurs fois dans la soirée.
Puis les forces de l’ordre commencent l’évacuation, après sommations, mais repoussent les personnes présentes sur une avenue qui longe la place, où la circulation n’est pas coupée, des Afghans fuient la charge, et manquent de se faire renverser par des voitures.
Le mot d’ordre tourne, « il faut aller à la mairie de Paris », demander aide et logement pour la nuit.
Des groupes courent, effrayés par les charges successives, des militants rompus aux manifestations tentent de rationaliser le mouvement de foule. La deuxième partie de la soirée commence dans les boulevards, la foule marche vite, poursuivie par les policiers.
Direction l’Hôtel de ville, avec quelques détours, tout le monde craint de se retrouver face à un mur de policiers.
Avec mon collègue journaliste @YoumniKezzouf, nous suivons Yann et la foule à vive allure. La peur est dans les rangs, et à raison.
Les forces de l’ordre tournent autour de cette déambulation, en voiture, en courant, des dizaines de policiers longent parfois le cortège, bousculant et font tomber certains exilés, violemment. De ce moment je n’ai pas de vidéos, mais il y en aura sur @Mediapart & d’autres médias
À proximité de l’Hôtel de ville, pas loin de Beaubourg, les forces de l’ordre sont postées pour empêcher la foule d’avancer. Il y a environ 250 personnes, dont deux tiers de migrants, qui portent leurs tentes ou traînent des caddies.
Les premiers tirs de lacrymogène fusent, des grenades aussi dont le bruit fait courir ces exilés, ils sont effrayés, certains pleurent. Quand il y a contact, les coups de matraques sont lourds.
En essayant de contourner les forces de l’ordre, la foule s’amasse dans la fine rue des Archives. Elle y sera piégée. Pendant qu’un groupe qui a atteint la place de l’Hôtel de ville y subit les gaz lacrymogènes, nous sommes nassés en deux groupes dans cette rue.
Nous y passerons plus d’une heure nassés, exilés, citoyens, élus, journalistes. Des policiers se moquent des militant.e.s, se montrent parfois menaçants.
Nous serons finalement libérés, à conditions que les exilés « sortent de la ville ».
Il y a beaucoup de choses à raconter de cette soirée, notamment les violences subies par les journalistes, ce sera fait évidement.
Ma dernière image : ces gens dont on ne veut pas, qui partent en dehors de la capitale, parois pieds nus, escortés par des voitures de police.

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