Thread by @Drusdans

Pourquoi parler de « brebis galeuses » ne permet pas de comprendre la violence policière ? À quoi réfère le concept de racisme systémique dans la police ? Petit thread pour donner des clés d'analyse #PPLSecuriteGlobale #MichelZecler

Depuis les années 80, de nombreuses études en France existent sur la question. Et même si l’expression à l’époque « racisme systémique » n’est pas répandue, l’idée est déjà présente. On parle alors d’un « problème institutionnel » pour qualifier le racisme dans la police.

Ainsi, les études révèlent qu’un futur policier n’est pas forcément raciste, mais, les chercheurs constatent, qu’il a de bonnes chances de le devenir une fois en fonction (voir Zauberman et Lévy, 1998 hal.archives-ouvertes.fr/hal-00760117). Pourquoi ?

Les chercheurs montrent l’existence d’une culture professionnelle où il est important de montrer une défiance et une hostilité à l’égard des jeunes hommes racisés de cité (@MichelWieviorka, 1992) (refs complètes à la fin).

Les attitudes racistes dans la police constituent une norme qui est incluse dans la manière d’exercer l’autorité publique ainsi que la violence d’État différemment en fonction de groupes bien définis dans la population.

Par exemple, on remarque que la police pratique une lecture raciale de l’espace : les personnes perçues noires ou arabes sont contrôlées plus fréquemment dans des espaces où elles sont le plus minoritaires.

Ces interpellations qui sont majoritairement des contrôles d’identité sont un moyen de signifier aux contrôlés que leur place n’est pas là (Lévy, 1987).

Encore aujourd’hui, les personnes perçues comme Noires ou Arabes auraient en mienne 5 fois plus de chances de se faire contrôler (voir rapport du @Defenseurdroits de 2019).

Des sondages nous informent sur la manière dont les personnes racisées sont interpellées différemment par les forces de l'ordre. Selon le @Defenseurdroits 3 comportements des policiers sont fréquents : tutoiement, insultes, brutalité defenseurdesdroits.fr/fr/rapports/20…

Bien souvent, les contrôles d’identité ne « débouchent sur aucune autre suite policière que les éventuels incidents crées par les contrôles eux-mêmes (refus d’obtempérer, outrages et violence à agent, etc.). » (Blanchard, 2014 cairn.info/revue-plein-dr…).

Les récentes images de l’agression raciste qu’a subie #MichelZecler laissent matière à penser sur ces « incidents » qui, lorsqu’ils ne sont pas accompagnés d’image, sont pour les policiers le résultat du refus d’obtempéré de la personne contrôlée …

Tout cela contribue à expliquer pourquoi ce qui pour certains ne sont que des « sorties racistes », est qualifié par d’autre comme une « culture policière » ou « norme professionnelle » raciste.

Lorsque Luc Poignant, un policier responsable syndicale se sent libre d’utiliser le mot « bamboula » comme d’une expression « convenable » sur un plateau TV (dailymotion.com/video/x5b63ng) sans se rendre compte de la portée raciste de son propos, cela n’est pas un dérapage,

mais bien le témoigne d’une norme qui, si elle est dénoncée à la TV ne semble pas l’être dans la police.

Comme l’expliquent @OmarSlaouti et Fabien Jobard « Racisme individuel et racisme institutionnel sont dans la police des catégories intriquées : le second offre au premier ses conditions d’émergence et en tout de justification » (2020, 46).

Le résultat est qu’il semble y avoir non seulement plus de racisme dans la police, mais que ce racisme fait système. Non, les policiers ne sont pas des français comme les autres du point de vue politique.

Leur vote est très favorable à la droite et à l’ex-droite : 47% d'entre eux ont voté FN contre 23% des Français au premier tour des présidentielles de 2017. Voir l’enquête de Luc Rouban hal.archives-ouvertes.fr/hal-01622817/d… @CEVIPOF

RÉFÉRENCES :
Blanchard, Emmanuel. "Contrôle au faciès: une cérémonie de dégradation." Plein droit 4 (2014)
Lévy, René. "Du suspect au coupable(le travail de police judiciaire)." Collection Déviance et société (1987).

Slatouti, Omar et Olivier Le Cour Grandmaison (dir.), Racismes de France, Paris, La Découverte : Cahiers libres. (2020).
Wieviorka, Michel, Philippe Bataille, and Daniel Jacquin. La France raciste. Vol. 134. Seuil, (1992).