Évidemment, ça n'a pas raté, plein de gens bien intentionnés s'insurgent dans la capitale belge, en se drapant d'oripeaux anti-racistes et autres valeurs humanistes.
Y aurait-il eu la mise à feu d'une mosquée ou d'une synagogue ?
[Spoiler : petit thread sur la non mixité]
Y aurait-il eu un assassinat raciste ?
Un attentat dans le quartier congolais de Matongé ?
La torture et mise à mort d'une personne en raison de sa couleur de peau ?
Que nenni.
Ce qui déclenche ces cris d'orfraie, c'est
-tenez-vous bien-
➡️ l'organisation d'un petit atelier en non mixité (entre femmes et non blancs) dans le cadre de l'événement « Féminismes, antiracismes : les mots du contre-pouvoir ».
Cet événement (mixte, ouverts à toutes et tous, oui oui) est organisé par le Centre Librex, la Maison du Livre et PointCulture, avec le soutien de la Cellule Equals.Bruxelles. Bref que des gens bien.
Et, dans ce cadre, un malheureux petit atelier en non mixité.
Petit rappel : la non mixité est un moment INDISPENSABLE pour les victimes d'une même oppression pour se parler, évoquer leur vécu, établir des liens, du soutien réciproque et réfléchir à une stratégie commune pour faire valoir leurs droits.
Pour l'avoir constaté dans mon sujet de prédilection, les violences gynécologiques et obstétricales, il est EVIDENT que des femmes témoignent plus difficilement des violences subies en présence de sages-femmes et de médecins.
J'ai constaté que lorsque des femmes osent témoigner en présence de soignants :
1. les soignants les interrompent pour leur demander d'utiliser des termes médicaux :
- "vous ne devez pas dire "couper le vagin", il s'agit d'une épisio",
- "non, je ne suis pas d'accord lorsque vous dites "pénétration" pour un toucher vaginal"
etc
Quand je leur demandais de se taire, ils se défendaient sur le mode "mais il faut être précis quand on parle" (entendez "il faut utiliser le langage de l'oppresseur"). Bref, il s'agissait d'un contrôle de la parole de l'oppressée.
2. Les soignants prenaient personnellement des dénonciations de violences et exigeaient d'être rassurés sur le fait qu'ils n'étaient pas comme ça, ou que ce n'est pas de leur faute.
Du coup, ça ralentissait les discussions. Et ça inversait les oppresseurs et les victimes.
3. Les soignants tempéraient toute élaboration d'action pour changer les choses, sur le mode "je connais bien le milieu médical, une telle action sera très mal vue, il ne faut pas passer pour des extrémistes".
Ils passaient pour des "sages", des gens qui "ont de la hauteur".
Les soignants prenaient une posture de "sachants", un attitude de condescendance, sur le mode "je vais vous expliquer comment ça fonctionne".
Avec pour résultat de faire en sorte qu'aucune action efficace et basculante ne soit décidée.
Alors, oui, la non mixité est indispensable à la lutte contre le sexisme, contre le racisme et contre toutes les oppressions.
Pour plus d'info, je vous renvoie à cette vidéo qui explique très bien l'intérêt de la non mixité dans les luttes des opprimé.es. facebook.com/ajplusfrancais…
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