Thread by @recriweb

II y a un siècle : 25-31 décembre 1920, le Congrès de Tours. 3208 mandats contre 1022 décident l'adhésion du PS Unifié à la IIIe Internationale. La majorité prend le nom de PC de France - Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC). #PCF

⬇️ La suite de l'histoire ⬇️

.. 100 ans plus tard, les 2 branches issues du tronc commun poussent encore séparément. Mais, alors que pour l'IC ce clivage entre 2 ailes d'un même parti devait aboutir à la formation d'un parti révolutionnaire prolétarien en opposition de classe à l'appareil réformiste...

.. les 2 organisations issues du Congrès de Tours professent chacune un réformisme qui n'a rien à envier à celui de l'autre...

4) #rappel : la formidable vague révolutionnaire de 1917 qui a balayé d'abord le tsar, puis le gouvernement Kerensky, n'était pour les révolutionnaires d'alors que la première de cette marée qui devait emporter les fondements du capitalisme de par le monde.

5) La victoire d'Octobre devait être suivie par celle de leurs camarades d'Occident. L'IC (1919) se voulait être l'instrument de combat du prolétariat mondial, ses sections nationales devant donner une direction prolétarienne de type bolchevik à la classe ouvrière de chaque pays.

6) Cependant, si la révolution russe, puis la formation de la IIIe Internationale, ont servi de catalyseur dans le regroupement des meilleurs éléments du mouvement socialiste et syndicaliste, le problème de la formation des directions n'a pas pour autant été résolu.

7) Hélas, le parti bolchevik, à qui il revenait de fait la lourde tâche de transmettre aux jeunes sections sa propre expérience, de les amener à s'éduquer elles-mêmes au combat, de les débarrasser des dirigeants les plus marqués par leur passé réformiste, n'en a pas eu le temps..

8) La dégénérescence du 1er État ouvrier a entraîné sa propre dégénérescence. Le rôle prédominant des bolcheviks au sein de l'IC, de facteur révolutionnaire s'est transformé en un obstacle insurmonté à l'acquisition d'une trempe révolutionnaire par les sections de l'IC.

9) Sous l'influence de la bureaucratie soviétique, l'IC elle-même, est devenue une annexe du ministère des affaires étrangères russe et les liens de fraternité révolutionnaire entre sections ont cédé la place à l'obéissance aveugle aux dirigeants du Kremlin.

10) De ce qui fit la force du parti bolchevik et de l'Internationale, Staline n'a gardé qu'une caricature grossière ou des vestiges déformés mais conservés parce qu'utiles à la bureaucratie. Commencée à l'école de Lénine, la formation des PC s'est achevée à celle de Staline.

11) Or, on n'apprend pas à être révolutionnaire à cette école-là. On y apprend tout au plus l'obéissance et la soumission, lesquelles excluaient la formation & la politique révolutionnaires et rendait inévitablement réceptif au réformisme. L'histoire du #PCF se place ds ce cadre.

12) Si quelques éléments venus du syndicalisme révolutionnaire, tel Rosmer par exemple, ont joué un rôle important dans sa formation, son ossature & la quasi-totalité de ses dirigeants étaient ceux du PS, de ce même PS qui a fait si honteusement faillite pendant la guerre.

13) l'acceptation des 21 conditions de la IIIe Internationale et la nouvelle dénomination de "Communiste" n'ont pas changé d'emblée la nature de la direction du Parti. Qqs mois après, le IIIe Congrès de l'IC accuse les dirigeants français d'être de "détestables opportunistes".

14) Lénine savait qu'aucune condition, si draconienne soit-elle, n'écarterait d'emblée ts les réformistes de l'IC. Dans l'esprit des bolcheviks, la scission du Congrès de Tours n'était pas l'aboutissement de la lutte pour un parti révolutionnaire en France, mais le commencement.

15) Il y avait peu de chance de transformer un Cachin, un Frossard, un Verfeuil ou un Fabre en dirigeant bolchevik, il fallait qu'une nouvelle génération, avec de nouvelles traditions révolutionnaires et prolétariennes émerge de la masse des jeunes qui affluaient au Parti...

16) Or, contre une fraction de droite que rien ne distinguait, ni humainement, ni politiquement, des dirigeants de la SFIO — à l’image de Marcel Cachin, l’IC ne pouvait compter politiquement que sur une gauche relativement faible, peu éduquée, sectaire et, elle aussi, hétérogène.

17) C’est seulement après 2 ans de lutte, vers le début de 1923, que le Parti a réussi à éliminer de sa direction les éléments les plus notoirement opportunistes, les membres des loges maçonniques, les réformistes qui s’opposaient ouvertement à toute discipline vis-à-vis de l’IC.

18) La démission de Frossard du secrétariat général et du Parti le 1er janvier 1924, consacre la fin de la première phase de la transformation du Parti.

19) Mais pendant les années 1925-26, la mainmise de la fraction stalinienne — porteuse de l'idée démente du "socialisme dans un seul pays" — tant sur l’appareil du parti bolchevik que sur celui de l’Internationale devient de plus en plus forte...

20) D’instrument de la révolution mondiale, seul capable de consolider et de parachever l’ouvre commencée par Octobre 17, l'Internationale est devenu un instrument de sauvegarde du statu-quo...

21) D’après la fraction stalinienne, ce dont l’État Ouvrier avait besoin, ce n’était pas de la révolution ds d’autres pays, mais de paix & tps nécessaire pr réaliser le "socialisme à pas de tortue". Dès lors, la tache dévolue à l’IC était de garantir à l’URSS cette tranquillité.

22) Il s'ensuit tout naturellement que, la préparation de la révolution n'étant plus l'objet assigné aux sections nationales, on n'avait nul besoin de partis moralement, politiquement et organisationnellement capables de diriger le prolétariat vers le combat révolutionnaire.

23) La trempe & probité révolutionnaires du militant et du dirigeant passaient au second plan, avant de devenir des péchés mortels, pr céder place à l'obéissance à toute épreuve vis-à-vis des directives du Kremlin. Nul besoin de comprendre pour agir, il suffisait de se soumettre.

24) Le lent, mais complet tournant de l'IC s'est effectué alors que la SFIC était encore trop jeune, trop peu éduquée, trop peu formée, trop peu débarrassée de sa direction opportuniste, pour déceler ce changement fondamental, et surtout pour s'y opposer. Au contraire...

25) .. l'opportunisme des dirigeants à la Marcel Cachin, les prédisposait, dans le combat qui opposait l'aile révolutionnaire du Parti bolchevik au centrisme de Staline, à soutenir ce dernier...

26) L’exhortation à la discipline révolutionnaire du temps de l’IC de Lénine a donné des fruits tardifs et pourris sous Staline, et c’est au nom de cette "discipline" interprétée comme servilité, que le centre du PC va s’attaquer à une gauche trop peu armée pr soutenir le combat.

27) Au nom de la "bolchévisation", l’IC entreprend l’élimination de tous les dirigeants tant soit peu suspects de sympathie vis-à-vis de l’Opposition de Gauche, ou tout simplement un tant soit peu indépendants d’esprit, et la direction épurée agit de même envers des militants...

28) Investis de la qualité de bolcheviks, Sémard & Cachin élimineront en 1924-25, tour à tour, Souvarine, Monatte, Rosmer & Loriot — qui s'étaient rangés derrière le drapeau d’octobre dès le début, avaient été les initiateurs du PC en 🇫🇷 & étaient restés les éléments les + sains.

29) Comptant plus de 4 fois plus de membres que la SFIO au moment de la scission, il se laissera distancer par elle vers 1931. De 130 000 membres en 1920, le nombre de ses adhérents diminuera — 64 000 en 1927 — pour atteindre 29 000 en 1931...

30) Les épurations effectuées par la direction stalinienne de l’IC ont été efficaces : le PC dorénavant homogène est tel que le souhaitait la bureaucratie soviétique : d’une obéissance à tte épreuve. Dès lors, sa politique suivra fidèlement ts les méandres de la pol. stalinienne.

31) Le parti sort de cette période affaibli numériquement, avec une influence réduite, isolé politiquement. Mais c’est pendant cette période qu’il a forgé son unité, qu’il s’est donné les structures qu’on lui connaît aujourd’hui, qu’il a acquis ses cadres, qu’il a éduqué les...

32) .. prototypes des militants staliniens, dévoués, politiquement bornés et obéissants à la direction du Parti, comme celle-ci est obéissante à la bureaucratie soviétique.

33) C’est donc en parfait parti stalinien que la SFIC affrontera les 2 grandes périodes qui, pour des raisons différentes, contribueront à en faire un parti de masse, le + important Parti de France : la période du Front Populaire, puis celle de la Résistance et de la Libération.

34) Du congrès de Tours aux changements annonciateurs du Front Populaire, 15 ans se sont écoulés, dont 10 dans les moules de la bureaucratie du Kremlin. Le PC sortira de la « bolchévisation » numériquement affaibli, mal implanté, réduit à sa plus simple expression : à l’appareil.

35) Dorénavant, sa dépendance de la bureaucratie russe sera le vecteur-force principal, qui, changeant souvent de sens mais d’une égale intensité, influencera tous les méandres de sa politique...

36) L’importance de la période du Front Populaire réside dans le fait que, pour la 1re fois, le PC — sur la base d’une politique réformiste, nationaliste — acquiert une solide implantation dans les masses + l’accès à la « mangeoire » des surprofits impérialistes.

37) De quelle nature était cette implantation ? Sur la base de quelle politique fut-elle acquise ? Quels facteurs ont permis au PC de rompre son isolement et de trouver l’adhésion des masses ? Deux facteurs seront déterminants à cet égard...

38) 1 - La remontée ouvrière et le réveil politique général qui poussera des couches nouvelles vers les organisations ouvrières ; 2 - la nouvelle orientation de l’Internationale qui donnera à la politique des organisations staliniennes un contenu réformiste et nationaliste.

39) Peu après la défaite du prolétariat allemand & l’arrivée de Hitler au pouvoir, la bureaucratie soviétique amorce l’un de ces tournants à 180° qui caractérisent sa politique. Se sentant menacée par l’impérialisme allemand, elle cherche son salut ds un système de sécurité coll.

40) Ce système implique un rapprochement avec les "démocraties occidentales", bénéficiaire de la paix impérialiste de Versailles, donc menacées à ce titre par les revendications allemandes. La France avait une place de choix dans ce plan...

41) Dès lors, le rôle dévolu au PC sera de contribuer, dans la mesure de ses forces, à infléchir la politique du gouvernement dans le sens d’une opposition renforcée à l’Allemagne hitlérienne. La dénonciation du traité de Versailles, un de ses leitmotivs, sera mise au rancart.

42) ... Et le renforcement du potentiel militaire français ouvertement souhaité. Le pacte d’assistance mutuelle signé le 2 mai 1935 entre les gouvernements de l’URSS et de la France sera suivi d’un communiqué qui déclare que...

43) .. Staline comprend & approuve pleinement la politique de défense nationale française pour maintenir sa force armée au niveau de sa sécurité ». Le PC abandonne l’antimilitarisme & consacre l’armée française comme facteur principal de la défense de l’URSS.

44) Et, par voie de conséquence, la lutte pour le renforcement de la "démocratie française" face à la menace fasciste devient une haute vertu révolutionnaire...

45) Trotsky écrit à propos de cette évolution nationaliste : "Staline a réconcilié les partis communistes des démocraties impérialistes avec leur bourgeoisie nationale. [...] L’entremetteur bonapartiste a accompli son rôle."

46) Cette nouvelle orientation vis-à-vis de la politique étrangère du gouvernement français entraînera une orientation à l’avenant dans les autre domaines. Le nationalisme impliquera le réformisme...

47) De la politique de « classe contre classe » assimilant sociaux-démocrates et fascistes, on passe sans transition à une cour éhontée à ces même sociaux-démocrates et même, sinon surtout, aux radicaux.

48) Si la consolidation du Front Populaire et son arrivée au pouvoir n’était pas possible sans la montée ouvrière et sans la poussée à gauche, si du point de vue de la bourgeoisie il fut accepté parce que susceptible d’endiguer le mouvement populaire, pour le PC il répondait à...

49) .. une nécessité qui n’avait rien à voir avec cette montée ouvrière. Pr le PC, l’intérêt fondamental du Front Populaire était d’avoir l’alliance des forces nationales anti-hitlériennes, alliance dont la constitution était l’objectif majeur du PCF en matière de politique int.

50) La poussée à gauche aura une importance capitale pour 2 raisons. 1) D’abord, en renforçant numériquement le PC et en lui permettant l’acquisition de positions au cours des élections municipales + législatives, elle lui donnera un poids qu’il n’avait pas auparavant...

51) .. 2) Ensuite, la nécessité de canaliser et d’endiguer l’explosion sociale rendra les partis socialistes et radicaux bien plus compréhensifs à l’égard du PC, dont la collaboration devient fort utile...

52) Ainsi l’afflux même des ouvriers venus vers le PC en tant que parti ouvrier, auréolé par ses liens avec les tenants supposés de la Révolution d’Octobre, sera capitalisé par celui-ci en vue de mener une politique nationaliste.

53) Le dév. du PC n’est pas dû seulement à l’afflux d’ouvriers en lutte. L’attirance de son nationalisme néophyte & de son réformisme de bon aloi a exercé en milieu petit bourgeois une influence aussi gde que son auréole ternie de parti révolutionnaire en milieu ouvrier.

54) Ayant découvert, sur l’injonction de Moscou, les vertus patriotiques de la marseillaise, du drapeau tricolore, de Jeanne d’Arc et de la démocratie française, le Parti ne perdra plus une occasion de faire vibrer la corde sentimentale du petit-bourgeois chauvin.

55) Sans être encore tt à fait un "parti comme les autres", le PC de l’année 1937 sera bien différent du PC de 1932. Il a une solide implantation sociale, 300 000 membres, 1 500 000 électeurs, 70 députés, 2 sénateurs, des centaines de conseillers généraux, + de 2000 municipalité.

56) Il a cessé de vivre uniquement des subsides de la bureaucratie. Il a sa "mangeoire" nationale propre, alimentée par les surprofits de l’impérialisme français, auxquels il a accès dorénavant grâce "à...

57) ... sa pénétration dans les rangs de la petite bourgeoisie, par son installation dans l’appareil étatique, les syndicats, les parlements, les municipalités, etc. » (Trotsky)

58) La fin de la poussée à gauche, la retombée de la montée ouvrière + la chute du 1er & 2e gouv. Blum, n’affecteront pas son zèle nationaliste. Il y a un double intérêt, car tel est l’ordre de Moscou, mais tel est aussi dorénavant son propre intérêt en tant que parti national.

59) Devant l’usure du Front Populaire, il va même défendre l’idée d’un "Front Français", où seraient inclus, outre les radicaux et les sociaux-démocrates, les libéraux et les modérés...

60) Après l’échec définitif du Front Populaire, il s’empressera aussi de donner son accord à un gouvernement incluant la quasi totalité de l’éventail politique français, de Thorez à Paul Reynaud.

61) Le déplacement de + en + à droite des gouvernements successifs écarte le PCF des responsabilités quasi gouvernementales qu’il a assumées pendant le Front Populaire...

62) Il continue cependant à aiguillonner le gouvernement, et sa propagande est concentrée sur la réclamation d’une plus grande fermeté vis-à-vis de l’Allemagne. A l’occasion, il votera les crédits de guerre.

63) Après ces manifestations de nationalisme de + en + exacerbé, l’annonce du pacte germano-soviétique le 23 août 1939 va produire l’effet d’une bombe.

64) Après 5 ans de politique nationaliste anti-allemande, le PC se trouvera dans l’obligation de défendre la décision de Staline et ordre lui est donné d’attaquer l’impérialisme de sa propre bourgeoisie, au même titre que celui de l’Allemagne.

65) Après le vote des crédits militaires, après la propagande pour le renforcement du potentiel militaire de la France, il se trouvera dans l’obligation de prêcher le défaitisme révolutionnaire, et le slogan "l’ennemi est sur notre sol".

66) À nouveau en butte à la répression, ses journaux interdits, ses dirigeants emprisonnés, ses positions parlementaires & municipales supprimées, il lui faudra une nouvelle période nationaliste, celle de la Résistance & de la Libération, pr qu’il retrouve à nouveau une audience.

67) Le Pacte germano-sov. est un rude coup pour le PCF. Son assise sociale acquise sur la base de 5 ans de pol. nationaliste, réformiste s'effondre. Interdit, pourchassé, il perd municipalités, députés, élus — tout ce qui lui donnait un rôle social au sein de la soc. capitaliste.

68) Habitué, 5 années durant, à naviguer le vent en poupe, soutenu par une opinion publique favorable à son « défensisme », à sa sagesse de parti national de fraîche date, le #PCF se brisait après 1939 contre cette même vague chauvine qui l'avait porté auparavant.

69) La répression ne laisse pas au Parti le temps de cuver sa crise, ni aux militants la possibilité de peser leur choix. Et c'est finalement sous Daladier et bien avant l'invasion allemande que le PC se rode à la lutte clandestine et refait l'expérience des prisons et des camps.

70) Cette période de 2 ans jusqu'à l'invasion de l'URSS aurait pu apparaître comme un retour à l'internationalisme prolétarien. Mais les 5 ans précédents ont laissé des traces : le PC était déjà organiquement incapable de mener une pol. prolétarienne ds qq domaine que ce soit.

71) S'il renvoyait dos à dos les 2 camps impérialistes, c'était au nom de l'intérêt national. "Ni soldats de l'Angleterre avec de Gaulle ! Ni soldats de l'Allemagne avec Pétain ! Vive l'Union de la nation française" (@humanite_fr)

72) Le combat pour « l'indépendance de la France » reste le leitmotiv de la propagande stalinienne, seulement le nom de Churchill s'ajoute et parfois supplante celui de Hitler comme ennemi principal de cette indépendance...

73) Cependant, le nationalisme n'est pas quelque chose d'abstrait. Il doit se concrétiser par la soumission à la politique de la bourgeoisie nationale. Or, la bourgeoisie française et son « opinion publique » n'avaient que faire du nationalisme abstrait du PC...

74) 22 juin 1941 — L'invasion de l'URSS par l'armée allemande est considérée par le PCF comme une délivrance. Après 2 ans d'interruption, la fidélité à la bureaucratie soviétique et la conformité aux intérêts de la bourgeoisie nationale agissent à nouveau dans le même sens.

75) Le PCF suivra avec d'autant plus d'enthousiasme l'ordre du Kremlin de se jeter avec toutes ses forces dans le combat contre l'Allemagne, que ce combat lui permettra de retrouver sa place dans "l'unité nationale", tout au moins dans celle qui s'est formée autour de de Gaulle.

76) Le PC redevient ce qu'il s'est fait une vocation d'être : le parti des patriotes. Dès lors, plus question de renvoyer dos à dos les impérialismes anglo-saxon et allemand. L'adhésion sans réserve de l'URSS au bloc des pays "démocratiques" impose au PCF une politique unitaire.

77) Quoique toujours en clandestinité et en butte à la répression, le PCF retrouve une audience & contrôle la quasi-totalité des organisations de résistance intérieure. Au sommet, le #PCF fait allégeance aux représentants de l'impérialisme français auprès des alliées (de Gaulle).

78) 4 avril 1944 : 2 représentants du PC, Grenier & Billoux, entrent ds un gouvernement bourgeois, ou ce qui en tient lieu : le Comité français de Libération Nationale de de Gaulle. Consécration de son rôle par les représentants politiques pro-alliés de la bourgeoisie française.

79) Mêlant la faucille et le marteau à la croix lorraine, le Parti s'efforce de s'identifier avec la Résistance et y parvient sous la houlette de de Gaulle. Le #PCF va sacrifier des milliers de militants à l'autel de l'entente avec la bourgeoisie.

80) Il est impossible de comprendre l'évolution actuelle du @PCF sans pénétrer la signification & les conséquences de sa politique pendant cette période, l'implantation qui est encore (un peu) la sienne, et qui, en dernier ressort, détermine sa nature : mensuel.lutte-ouvriere.org//documents/arc…

81) De l'entrée en guerre de l'URSS jusqu'au début de la guerre froide, les intérêts de la bureaucratie soviétique coïncident avec ceux des impérialistes alliées : vaincre l'Allemagne, puis assurer que la transition se fasse sans heur : sans menace de révolution prolétarienne.

82) La politique d'union sacrée sans pudeur — plus profonde que celle réalisée par la social-démocratie en 1914 — n'était somme toute, que le pendant local de la Sainte-Alliance entre la bureaucratie et l'impérialisme symbolisée par Yalta.

83) Le chauvinisme & la politique franchement contre-révolutionnaire du PCF reflétaient les intérêts de la bureaucratie russe. Il n'en reste pas moins qu'en "faisant retrousser les manches", en aidant le redémarrage de la production capitaliste, en aidant la reconstitution de...

84) .. l'appareil d'État, on contrôlant et brisant toute initiative ouvrière, le PCF remplissait une fonction sociale propre (nationale) : la même que celle qui fut dévolue au lendemain de la première guerre à l'appareil social-démocrate.

85) Le dév. du parti est dès lors vertigineux. Ses effectifs passent de 333 000 en 1937 à 804 000 en 1946. Son électorat passe à 28% des suffrages en 1946. Cette influence se concrétise par 158 députés, des milliers de municipalités, des places au gouv. & ds l'appareil étatique.

86) Peu rejoignent le #PCF parce qu'ils le considèrent comme un parti révolutionnaire. Au contraire, il connaît un énorme afflux de petits bourgeois patriotards ou affairistes et ne progresse que peu, voire recule ds les régions industrielles (Nord, Région Parisienne & Sud-Est).

87) Solidement implanté dans la petite bourgeoisie, dans l'aristocratie ouvrière par l'intermédiaire de la conquête de l'appareil CGT, dans les administrations locales, le Parti Communiste le reste en partie jusqu'aujourd'hui.

88) Le début de la guerre froide, en mettant fin à la Sainte-Alliance internationale, met fin à l'Union Sacrée si bénéfique au PCF. Pendant 6 ans, le Parti sera à nouveau rejeté par ttes les formations mêmes oppositionnelles et contraint, en même temps, à une politique plus dure.

89) Pour les mêmes raisons qu'en 1939, le PCF connaîtra des flottements en 1947, quand, à nouveau, les intérêts de la bureaucratie et ceux de la bourgeoisie divergent. Cette divergence d'intérêts lui coûtera sa place au gouvernement, sa position de parti au pouvoir.

90) La bourgeoisie française ne tenait plus à la participation gouvernementale du PC. Mais s'il fut repoussé dans l'opposition, il ne perdra ni ses municipalités, ni ses parlementaires, ni sa mainmise sur la CGT, en un mot, il gardera tout ce qui fait son assise.

91) Si en 1951-1952, l'anti-américanisme virulent, les actions aventuristes (ex. : manifestation contre Ridgway) entraînent un certain fléchissement de son influence + perte du tiers de ses effectifs et d'une partie de son électorat, il n'est jamais vraiment à contre-courant.

92) Au fond, la petite bourgeoisie s'accommodait fort bien de ce nationalisme anti-américain. L'isolement du #PCF était politique, mais n'impliquait pas de rupture avec les couches qui lui avaient permis de se développer.

93) En 1954, Mendès-France, chargé de gérer le retrait de l'impérialisme français en Indochine après Dien-Bien-Phu, a beau déclarer qu'il ne compterait pas les voix du PCF dans le vote pour son investiture, les dirigeants du PCF suivent les démarches unitaires...

94) Ainsi 2 ans plus tard, en 1956, après la victoire du "Front Républicain", le PCF vote l'investiture de Guy Mollet — en mêlant ses voix à celles de la droite. C'était, explique alors sans rire le PCF, pour tirer le gouvernement socialiste vers la gauche.

95) 28 février 1956 : tandis que Guy Mollet justifiait à la radio l'envoi de nouvelles troupes en Algérie, L'Humanité titrait: "Guy Mollet aux Algériens: guerre à outrance si vous ne déposez pas les armes" et réclamait qu'il entame des négociations et qu'il réalise la paix.

96) 12 mars 1956 : le PCF vote la confiance au gouvernement Guy Mollet et lui accorde les pouvoirs spéciaux qu'il réclamait. Lors de son discours à l'Assemblée nationale, Jacques Duclos, au nom du groupe communiste, justifia ce vote en expliquant : "Les pouvoirs spéciaux sont...

97) .. demandés pr aboutir rapidement à la paix & pr contraindre si besoin est les grands possédants d'Algérie à renoncer à leurs privilèges", puis évoque "des mesures militaires que ns ne saurions approuver" prouvant qu'il n'ignorait pas ce que cachaient ces "pouvoirs spéciaux".

98) En fait, la direction du #PCF s'engageait à ne pas gêner le gouvernement et à faire accepter sa politique par les travailleurs du pays, en espérant que le soutien de ses députés au gouvernement Guy Mollet lui vaudrait, en retour, de réintégrer le jeu politique traditionnel.

99) D'autant que le #PCF, dans son souci d'apparaître responsable aux yeux de la bourgeoisie française, parlait de "paix en Algérie", mais se gardait bien de revendiquer le droit du peuple algérien à l'indépendance.

100) De fait, au début 1956, l'espoir de mettre fin à l'ostracisme — que le PCF subissait encore — passait loin devant l'intérêt & le sort du peuple algérien. Guy Mollet, fort du soutien du PCF, pouvait donc rapidement intensifier les opérations militaires. Dont acte.

101) 17 mars 1956 : Guy Mollet signe avec son ministre de la Défense, Bourgès-Maunoury, celui de la Justice, François Mitterrand, et Robert Lacoste (gouverneur général de l'Algérie) un décret relatif à l'application de la justice militaire en Algérie.

102) Ce décret donnait les pleins pouvoirs à l'armée, qui utilisa la torture à large échelle et l'assassinat afin d'assurer le "quadrillage" de la population que Robert Lacoste réclamait depuis son arrivée en Algérie.

103) Le slogan électoral "faire la paix", sur lequel les partis du Front républicain s'étaient fait élire, avait laissé place à une guerre menée de façon de plus en plus féroce contre la population algérienne, avec la complicité tacite de la direction du @PCF.

104) Le #PCF n'obtint pas l'union qu'il recherchait, mais la jeunesse mobilisable y obtint le triste privilège de passer ses 20 ans à faire un sale boulot de répression coloniale dans les Aurès, grâce à la gauche, unie dans ses votes !

105) Ce n'est finalement qu'en juillet 1956 que les élus du #PCF commencèrent à voter contre la politique de Guy Mollet... ce qui faisait une belle jambe aux appelés qui étaient déjà en Algérie.

106) La candidature de Mitterrand en 1965 est, pour le PCF, l'occasion de réintégrer les rangs des partis responsables et efficaces aux yeux de la bourgeoisie. Mitterrand était tout sauf un homme de gauche. Personne ne le prétendait sérieusement, même pas lui. Mais...

107) .. comme il était un des rares politiciens à s'être positionné dès le début contre de Gaulle et sa constitution, il avait l'auréole d'opposant au pouvoir personnel. C'est à ce moment-là que commence la fabrication du mythe de Mitterrand, homme de gauche.

108) Guy Mollet et la SFIO se rallièrent sans surprise à sa candidature. La nouveauté vint du PCF : lors d'une réunion du Comité central du PCF qui se tint quelques jours à peine après que Mitterrand ait rendu publique sa candidature, le PCF décidait de soutenir la crapule.

109) Waldeck-Rochet, son secrétaire général, sur le passé réactionnaire du personnage : "quelles que soient les remarques qui peuvent être faites sur la personnalité de Mitterrand, il est incontestablement un opposant résolu au régime de pouvoir personnel".

110) Cette volte-face du PCF n'était pas contre nature. Mais elle prit à contre-pied nombre de militants, surtout au sein des jeunesses et des étudiants qui avaient bien des raisons de se souvenir de ce ministre de l'Intérieur d'un gouvernement qui généralisa la guerre d'Algérie.

111) Mitterrand se présentait comme un homme qui n'était lié par rien ni personne. Mais cela n'arrête pas les dirigeants du PCF, qui s'engagent à fond derrière lui et y engagent tous les militants.

112) Il n'a donc pas fallu pas bien longtemps pour qu'il passe du statut de grand démocrate à celui d'homme de gauche. L'Humanité du 18 novembre 1965 titre par exemple : "Mitterrand définit la ligne de départ d'une gauche moderne" !

113) Mai 1968 : la CGT, pour ne pas se laisser déborder, appelle à la journée de grève générale du 13 mai. Ce faisant, elle contribue à déclencher la vague de grèves qu'elle n'avait pas souhaitée mais dont elle prit le contrôle pr la conclure par les modestes accords de Grenelle.

114) Le PCF, en tant que tel, ne prend guère d'initiative politique en 1968, à part de multiplier les appels à la formation d’un "gouvernement populaire", puis de foncer tête baissée dans le piège des élections législatives proposées par de Gaulle pour enterrer le mouvement.

115) La décision de De Gaulle fournit en effet le parfait alibi aux organisations syndicales pour pousser à la reprise et finalement l’imposer. Cela vaudra à Waldeck Rochet, secrétaire général du PC, d’être ainsi salué par Le Figaro du 4 juin : "Dans l’heure qui a suivi...

116) .. l’allocution du président, il a désamorcé la bombe et consenti à des élections qu’il n’a guère l’espoir de gagner."
Du côté syndical, on s’activait aussi ds le sens de la reprise : "La CGT ne gênera pas le bon déroulement des élections. C’est l’intérêt des travailleurs...

117) .. d’exprimer une volonté de changement." (Séguy) PC & CGT affirment que c’était "une nouvelle chance" pour les travailleurs "de voir garanti ce qu’ils viennent d’obtenir par la lutte", façon d’abandonner un peu plus les grévistes à eux-mêmes au profit du bulletin de vote.

118) La bourgeoisie française répugne encore à laisser le @PCF siéger au gouvernement. Elle ne peut s'y résoudre, dans les années 70, que si la crise provoquait de graves réactions au sein de la classe ouvrière dont le PCF seul pourrait venir à bout. A cette condition, et à...

119) .. cette condition seulement, elle pourrait se résoudre à faire appel aux services du PCF, gendarme influent au sein du mvt ouvrier. Mais si l'ouverture de l'équipe gouvernementale au PS peut suffire, alors elle ne manquera pas d'utiliser cette solution...

120) Or, c'est bien là ce que craint le PCF : la réalisation d'une Union Sacrée limitée au PS et dont le PCF serait exclu. Le PCF craint d'autant plus cette possibilité qu'il sait bien que cela ne gênerait pas outre mesure le PS de renoncer alors au Programme Commun.

121) Aussi la politique du #PCF doit-elle rappeler sans cesse à la bourgeoisie à quel pt il est un parti responsable, capable de contenir d'éventuels troubles sociaux, avertir Mitterrand qu'il aurait tout à perdre à se priver du seul allié influent au sein de la classe ouvrière.

122) Le PCF doit aussi envisager la possibilité d'un abandon du PS et, dans ce cas, limiter au maximum les dégâts. Et éviter que le PS morde, grâce à l'appui qu'il trouverait ds une partie du mvt gauchiste, sur des secteurs que le PCF contrôle mal, au sein de la jeunesse par ex.

123) A cet égard, comme à d'autres, le Chili est un exemple : Allende, grâce aux Jeunesses Socialistes et à l'appui du MIR, avait su trouver, dans les universités, des appuis importants qui avaient gêné le PC chilien.

124) Dans cette situation, la grève générale du 6 décembre 1973 a eu un double objectif : 1 — pour partis politiques et syndicats, une opération pré-électorale visant à montrer que le Programme Commun n'était pas mort et que, face à la crise, il y avait une relève possible...

125) 2 — pour le PCF, montrer, une fois de plus, que sur le terrain de la classe ouvrière, celui de la grève et des manifestations de rue, la seule force qui compte est celle du PCF et de ses dizaines de milliers de militants.

126) Une démonstration qui n'était pas uniquement orientée en direction de la bourgeoisie. Elle visait également le PS et indiquait à Mitterrand que le seul allié qu'il puisse trouver au sein de la classe ouvrière au cas où il viendrait à gouverner était le PCF.

127) Au sein de la jeunesse, malgré des efforts épisodiques, mais réels, notamment dans les facultés, le PCF n'a pour l'instant pas réussi à s'y implanter sérieusement. Les grandes luttes depuis 68 lui ont échappé et sont passées sous la direction des gauchistes.

128) Ce fut le cas lors de l'affaire Guiot, ou qd des dizaines de milliers de lycéens se sont battus pr les sursis et qd, pour la 1re fois, des milliers de collégiens de l'enseignement technique se sont mis en grève : à chaque fois, le PCF est réduit à prendre le train en marche.

129) Mais les préoccupations du PCF au sein de la jeunesse ne sont finalement que des données marginales de la situation. Les perspectives du PCF, ses rapports avec le PS s'inscrivent avant tout dans une conjoncture qui sera marquée par l'ampleur de la crise qui menace et...

130) .. par la vigueur et la conscience des réactions de la classe ouvrière. À cet égard, le jeu du PCF est clair : il fera tout ce qui est en son pouvoir pour démontrer, à chaque étape du développement des luttes, qu'il est le seul parti capable de faire régner l'ordre.

131) 27 juin 1972 : signature du Programme commun de gouvernement — promesses de satisfaire quelques revendications sociales minimum, de procéder à quelques nationalisations, de prendre qqs mesures sur les problèmes de société (force de frappe, peine de mort, proportionnelle...).

132) Le @PCF ne pouvait pourtant pas ignorer à quelle sauce Mitterrand voulait le manger. En 1970, il écrivait : la victoire de l'Union de la Gauche passait par "la formation d'un mvt politique apte à équilibrer d'abord, à dominer ensuite le PC et à détenir une vocation maj.".

133) Le calcul de Mitterrand était de réduire l'influence du PCF, y compris éventuellement en l'associant au gouvernement, le cas échéant. Le congrès d'Epinay — 11 au 13 juin 1971 — s'inscrivait dans une telle perspective.

134) Devant l'Internationale Socialiste à Vienne (1972), Mitterrand explique : "Notre objectif fondamental : construire un grand PS sur le terrain occupé par le PC afin de faire la démonstration que sur les 5 millions d'électeurs communistes, 3 millions peuvent voter socialiste."

135) Mitterrand n'est pas élu en 1974, mais il sort de l'épreuve avec un crédit renforcé dont il était redevable en grande partie au PCF et aux efforts de ses militants. Cela se traduit, dans les mois suivants, par une progression des scores du PS au détriment de ceux du PCF.

136) « Qu'est-ce que le programme commun sinon la variante moderne du programme du CNR ? Il permet la nationalisation des secteurs de pointe. Je pense que si le général de Gaulle vivait, il ne verrait aucun inconvénient à adopter l'essentiel des dispositions économiques du...

137) .. Programme commun de gouvernement, s'il était en situation de les promouvoir, comme en 1944 » (Jean-Pierre Chevènement, juin 1976). Ce qui n'a rien pour rassurer quand on songe qu'en 1944 le PCF affirmait haut et fort que les nationalisations n'avaient rien à voir avec...

138) .. le socialisme, mais jouait sur les illusions accompagnant cette mesure pour inciter les travailleurs à renoncer à toute grève, comme ce fut le cas dans les houillères nationalisées — à propos desquelles les dirigeants du #PCF expliquaient...

139) ..: "Des gens qui n'ont aucun sens de classe n'ont pas compris les changements survenus... Ils oublient que les houillères sont nationalisées, qu'elles sont à nous, qu'elles sont aux camarades et ils osent les assimiler aux exploitations éhontées de jadis". #bullshit

140) Rupture de l'Union de la Gauche (09/1977). Marchais, 12 janvier 1981, 6 mois avant que ses ministres siègent sagement ds un gouv. PS : "Le PS accepte de jouer le rôle de renfort et relais de la droite pr sauvegarder la domination du capital et l'aggravation de sa politique".

141) Victoire de Mitterrand en mai 1981 grâce à l'apport d'une partie des électeurs de Chirac. Autre fait marquant : avec 15,5 %, le @PCF ne retrouvait pas ses scores. Et Mitterrand, alors que rien ne l'y contraignait, choisit de faire entrer des ministres communistes au gouv.

142) Les ministres communistes ne procuraient pas un tremplin au PCF — comme le disait démagogiquement la droite en guise d'épouvantail —, mais c'était au contraire une opération destinée à réduire encore plus son influence électorale et son autorité sur la classe ouvrière.

143) Des ministres pour servir de caution à une politique anti-ouvrière que Mitterrand & le PS se préparaient à mettre en œuvre... Avant même d'en obtenir, titre de @humanite_fr au lendemain de l'élection — encadré bleu-blanc-rouge ! : « QUE LE CHANGEMENT COMMENCE ! »

144) Restait à vérifier le sens de ce changement... Dès septembre 1981, le gouvernement annonce, pour rassurer l'État-Major, qu'un 7e sous-marin nucléaire sera mis en chantier et que, contrairement à l'une des promesses de Mitterrand, le service militaire est maintenu à 12 mois.

145) La décision est prise de nationaliser 5 groupes industriels, 36 banques et 2 groupes financiers, mais les gros actionnaires, et pas seulement les petits, sont copieusement indemnisés — une indemnisation qui est revue à la hausse par le Conseil Constitutionnel.

146) C'est avec cet argent-là que les gros bonnets du monde industriel — Dassault, Ambroise Roux, Vernhes, Riboud et quelques autres — vont ensuite spéculer en rachetant et en revendant des sociétés, des usines, durant toute la période...

147) Après qqs mesures d'annonce — ex. l'augmentation du SMIC, dont le gouv. + Sécu doivent supporter pour moitié la charge —, la douche froide... Tandis que le gouvernement réconcilie "le socialisme & la Bourse" (Bérégovoy), les coups commencent à pleuvoir sur les travailleurs.

148) Mauroy annonce que pour financer le déficit de la Sécurité sociale — Juppé, sors de ce corps ! — il va rétablir le 1 % de cotisation supplémentaire sur les salaires — que Barre avait instauré, puis supprimé démagogiquement, à la veille de l'élection présidentielle.

149) Septembre 1982 : Bérégovoy instaure le forfait hospitalier sous prétexte de combler le "trou" de la Sécurité sociale. Et si le gouvernement diminue d'une heure l'horaire légal de la semaine de travail (les 39 heures), c'était sans imposer aux patrons de la payer... Grèves.

150) A propos de grève : dès octobre 1981, le tout nouveau ministre des Transports du @PCF, Charles Fitterman déclarait, qu'il "se réservait la possibilité de faire intervenir la police" contre des grévistes qui occupaient un poste de triage.

151) Juin 1982 : blocage des salaires + annulation de toutes les clauses qui, dans les accords d'entreprises, instauraient peu ou prou, une corrélation automatique entre l'évolution des prix et celles des salaires. C'est la politique d'austérité, qui commence...

152) En quelques mois, les attaques contre la classe ouvrière et ses droits se succèdent sans relâche. Se multiplient les plans décidant de dizaines de milliers de suppressions de postes dans la sidérurgie, dans la construction navale et dans l'automobile...

153) Réaction du @PCF ? De timides critiques dans @humanite_fr — en rendant responsable bien plus le patronat que le gouvernement — et, au final, soutien au gouvernement. Souvenir : le dirigeant du PCF, Jack Ralite, est ministre du Travail & Emploi au moment de la grève Talbot.

154) À l'occasion du plan acier qui prévoyait le suppression de 25 000 emplois ds la sidérurgie, @humanite_fr proteste violemment — Marchais : "Les communistes ne se coucheront pas. Le PCF n'est pas une femme de ménage" (sic). Mais le soir, vote de la confiance au gouvernement !

155) Décembre 1983, Marchais, qui n'a jamais eu le sens du ridicule : "Le bilan des 2 dernières années [avec les ministres communistes] est bien supérieur à celui qui a caractérisé la période du Front populaire et à celui qui pouvait être fait au lendemain de la Libération".

156) Si finalement le PCF quitte le gouvernement en juillet 1984, c'est moins parce qu'il a avalé des couleuvres, et surtout qu'il en a fait avaler copieusement à la classe ouvrière, qu'à la suite d'un nouveau revers électoral aux élections européennes de 1984 (11,24 %).

157) Ni le PS, ni Mitterrand ne retiennent les ministres communistes. Pour reprendre une expression que Mauroy appliquait au PS, le @PCF avait fait le "sale boulot" et on lui disait, en quelque sorte, qu'il pouvait disposer.

158) De 1981 à 1984, les attaques du patronat et du gouvernement se sont multipliés contre le monde du travail. Alors qu'organiser la contre-offensive aurait été nécessaire, le rôle antiouvrier du gouvernement qui se disait de gauche ainsi que la politique menée par le @PCF et...

159) .. par les syndicats ont contribué au contraire à canaliser la colère, à démobiliser les militants et à démoraliser le monde du travail. Et cela à un moment où la capacité de mobilisation de la classe ouvrière était réelle(ex. "Plan acier" et caractère massif des manifs).

160) .. La méthode ? Une politique consciente de division. Il n'y aura pas de riposte d'ensemble, mais une lutte des sidérurgistes lorrains, une lutte des travailleurs des chantiers navals, une autre des travailleurs de l'automobile, secteur par secteur et même usine par usine...

161) .. Un beau cadeau de la CGT et des autres confédérations syndicales aux politiciens de tous bords et principalement de droite, qui sur le terrain de la défense des intérêts "régionaux" étaient parfaitement à leur aise pour dénoncer la politique gouvernementale.

162) Après la victoire électorale de Mitterrand en 1981, le @PCF a accepté de jouer le rôle de parti de gouvernement que celui-ci lui offrait et qu'il se proposait de jouer depuis des années. Il s'est engagé ainsi à défendre auprès de la classe ouvrière, auprès de ses propres...

163) .. militants, la politique anti-ouvrière décidée par Mitterrand & Mauroy et cela, en échange d'avantages finalement bien maigres : 4 portefeuilles de ministre qui ne lui donnent accès à des postes/avantages/influences dans l'appareil d'État que d'une façon comptée & limitée.

164) En revanche, quand il s'agit de subir les conséquences de cette politique anti-ouvrière, le PCF se trouve en première ligne, groupant dans la classe ouvrière les militants les + combatifs, conscients, influents, et c'est bien pour cela que Mitterrand a estimé le @PCF utile.

165) La plus lourde conséquence : la démoralisation de la classe ouvrière et en particulier de sa fraction militante. La politique anti-ouvrière de l'Union de la gauche contribua à discréditer l'idée même qu'une politique favorable aux intérêts des travailleurs était réalisable.

166) Les militants que leurs dirigeants du #PCF avaient mis au service de cette politique inacceptable, et qui ont usé leur crédit auprès de leurs camarades de travail à la défendre, sont sortis de cette période désorientés, démoralisés, pire : moralement corrompus.

167) A cette profonde démoralisation des travailleurs, il faut ajouter une autre conséquence, profonde, de la politique du PCF au cours de ces décennies : l'altération de la conscience de classe et la quasi disparition de l’idée d’une transformation révolutionnaire de la société.

168) Au début des années 1980, le PCF a continué de mettre en avant les intérêts de la France et des travailleurs français, avec le "produisons français" et une démagogie nationaliste antieuropéenne qui tenait lieu de leurre...

169) .. Il a ainsi combattu l’entrée de l’Espagne, du Portugal puis peu après de la Grèce dans le Marché commun, n’hésitant pas à soutenir tous ceux qui s’en prenaient aux camions, aux camionneurs ou aux marchandises en provenance de ces pays. #vomi

170) Le @PCF a aussi manié la démagogie contre les travailleurs immigrés — l’un de ses élus, à Vitry-sur-Seine, faisant détruire au bulldozer l’accès à un foyer Sonacotra destiné à accueillir 300 Maliens...

171) Georges Marchais expliquait que la France ne pouvait pas accueillir davantage d’immigrés et même qu’il fallait arrêter l’immigration. Une politique qui a eu des conséquences dramatiques à long terme, créant les conditions politiques à la poussée des idées portées par le FN.

172) Dans le même tps, au fil des congrès, les dirigeants du @PCF votaient une série de renoncements programmatiques. L’abandon de la dictature du prolétariat en 1976 a été la + notable. Ils y avaient renoncé depuis longtemps mais c’était un geste pour plaire à l’électorat du PS.

173) Cela eut comme seul effet de faciliter l’entreprise de Mitterrand consistant à se servir du PCF comme marchepied tout en siphonnant ses voix : pour gagner, il avait besoin d’une réserve d’électeurs sur sa gauche et seul le PCF pouvait la lui fournir.

174) En 1979, les ouvriers représentaient encore près de la moitié de ses effectifs. 20 ans plus tard, ils n’étaient plus que 30 % environ. Le PCF restait alors de loin le mieux ancré des partis de gauche dans les milieux populaires. Mais la courbe n’a cessé de baisser depuis.

175) .. Ainsi, en 2013, 75 % de ses adhérents disaient travailler dans le secteur public, dont un quart dans une collectivité territoriale — assez souvent dirigée par le parti lui-même.

176) Fondé il y un siècle pr devenir un parti de la classe ouvrière, et structuré comme tel à partir du milieu des années 20, le PCF est devenu progressivement, à l’image du PS dont il était issu, un parti dont centre de gravité & colonne vertébrale sont constitués par ses élus.

177) Il est encore trop tôt aujourd'hui pour mesurer les répercussions qu'auront sur l'existence même du PCF même l’effondrement électoral du PS avec lequel ses dirigeants vivent en symbiose depuis un demi-siècle. Certains hésitent à rejoindre Mélenchon, d’autres prétendront...

178) .. peut-être le rénover, le "dépasser", à l’instar de tous ses anciens ministres et autres reconstructeurs ou rénovateurs des années 1990-2000 dont pas un seul n’est resté au final dans ce parti où ils avaient pourtant fait carrière...

179) Ces dernières années, le @PCF et ses militants ont servi d’appui aux seules ambitions de Mélenchon — une impasse dont il ne peut désormais sortir que difficilement et qui démoralise toujours un peu plus ses militants.

180) Bilan en 2020, un siècle après le Congrès de Tours : un authentique parti communiste manque cruellement à la classe ouvrière. Ce parti reste à construire.

181) Ce parti devra renouer avec le meilleur de ce que le mouvement ouvrier et le jeune PC ont produit par le passé, de convictions, de dévouement, de qualités humaines, d’engagement, d’expériences.

182) Porter cet idéal n’est possible qu’en se débarrassant du poison qu’ont constitué au sein de la classe ouvrière le stalinisme, le nationalisme et le réformisme. C’est-à-dire en rompant avec tout ce qui constitue la politique même du @PCF depuis des décennies.

183) Si le courant trotskyste est peu influent, il est bien vivant. Il a survécu à bien des modes qui ont emporté tous ceux qui y ont cédé, à l’instar de la ­quasi-totalité des courants apparus au fil des années 1960.

184) Notre faiblesse ne nous permet pas d’attirer aujourd’hui ts ceux que cette société révolte et qui veulent sincèrement la renverser pour lui substituer une société fraternelle, débarrassée de l’exploitation, des frontières et des guerres, c’est-à-dire une société communiste..

185 — fin) Mais c’est sur la base du programme communiste & du capital politique dont le mvt trotskyste représente la continuité, celui de Marx, Engels, Rosa Luxemburg, Lénine, que pourra se reconstruire le futur parti communiste à même d’atteindre ce but. lutte-ouvriere.org/qui-sommes-nou…

Complément :

Que reste-t-il du Tours ?
- Le @PCF, "un grand parti national"
imagizer.imageshack.com/img923/2108/80… - "Un parti réformiste pour bourgeoisie pauvre" imagizer.imageshack.com/img922/8640/pk…

#archiveLO (5 janvier 1971) #CongresDeTours #PCF

Complément :

Décembre 1920 : la naissance du Parti communiste
29 Décembre 2020 journal.lutte-ouvriere.org/2020/12/29/dec…

Fin décembre 1920 à Tours, le congrès du PS décidait par 3 028 mandats contre 1 022 l’adhésion à la IIIe Internationale créée en mars 1919 à l’initiative des bolcheviks...

Complément :

Décembre 1920 : le congrès de tours et la naissance du Parti Communiste journal.lutte-ouvriere.org/2001/01/05/il-… | #archiveLO (5 janvier 2001)

Image : imagizer.imageshack.com/img924/4704/Wo…