Thread by @archeodunum

[À dérouler] #Pillage archéologique, l'importance du contexte ou l'histoire d'un torque.

La presse s'est largement fait l'écho d'une saisie récente chez un pilleur. Une pratique trop courante qui fait de nombreux dégâts sur les sites archéologiques. 1/14
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Parmi le mobilier pillé sur de nombreux sites, un magnifique torque du IVe siècle avant notre ère (gauche, photo @douane_france ) et plusieurs torques et bracelets tubulaires (droite, parmi du mobilier d'autres époques) 2/14

Ce mobilier exceptionnel, probablement pillé sur plusieurs nécropoles, n'est pas sans rappeler celui d'un site fouillé à Saint-Aubin (Aube) en 2014 par une équipe commune Paléotime et Archeodunum sous la direction scientifique de Guillaume Varennes. 3/14

Le site de "la Gloriette" est une vaste nécropole protohistorique, de la toute fin de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer, à flanc de colline. La fouille a mis au jour de vastes tertres circulaires, dont subsistent les fossés périphériques, et des enclos quadrangulaires. 4/14

Parmi les inhumations l'équipe a mis au jour celle d'une femme (ST1108) portant torque, bracelets et anneaux de chevilles tubulaires, du même type que ceux découverts parmi le matériel pillé. 5/14

La sépulture d'un individu du IVe siècle avant notre ère (ST1353) a livré un magnifique torque ouvragé comparable à celui présent dans le mobilier pillé. Prélevé avec soin ce mobilier est stabilisé et restauré par un laboratoire spécialisé (CREAM). 6/14

Le site permet de documenter l'évolution des modes d'inhumations sur quelques siècles depuis un probable monument fondateur. On identifie les indices de richesse et de pouvoir, la démographie (recrutement) des populations, les gestes funéraires aux différentes époques, etc. 7/14

L'étude du mobilier est croisée avec les études anthropologiques et paléopathologiques. L'âge, le sexe, les pathologies des individus inhumés sont ainsi observés. Nos porteurs de torques ont des maladies (tumeur) et des marqueurs d'activité qui racontent leur cadre de vie. 8/14

L'archéologie est notre principale source pour la période protohistorique et ses cultures matérielles, ses savoir-faire, ses échanges culturels et l'organisation des sociétés. Sans cela nos connaissances seraient limitées aux regards biaisés de quelques auteurs antiques. 9/14

Autant d'informations que le pillage au détecteur de métaux aurait irrémédiablement occulté. Le site était gardienné jour et nuit pendant la fouille pour éviter le pillage, le risque est en effet encore plus grand lorsque les vestiges sont à l'air libre. 10/14

Ce qui n'aura d'ailleurs pas empêché l'équipe de prendre un pilleur en flagrant délit dans un champ à proximité. La "détection de loisir" (sic) derrière laquelle ce dernier se retranche est un pillage détruisant le contexte archéologique. 11/14 culture.gouv.fr/Regions/Drac-A…

La fouille a également vu la découverte d'un petit cimetière carolingien, d'un village médiéval et les traces d'une activité viticole à la période moderne. Des éléments qui racontent l'histoire d'un territoire sur le temps long. 12/14

Et nos torques dans tout ça ? Le public a pu les découvrir au détour de l'exposition "Torques & compagnie" au musée @BibracteBeuvray en 2017. Une présentation contextualisée qui les inscrit dans l'histoire des populations qui les ont produits et portés. 13/14

Plus de ressources sur le site de Saint-Aubin :
- Ensembles funéraires protohistoriques et occupations médiévales academia.edu/19278143/Ensem…
- Archeodunum : archeodunum.com/retour-sur-le-…
- Paléotime : paleotime.fr/la-gloriette-s…
- Exposition @BibracteBeuvray : bibracte.fr/media/bibracte… 14/14

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Crédits photos : Archodunum / Paléotime / @douane_france / @BibracteBeuvray