Thread by @RaphaCalame

Les banques peuvent-elles être des alliés de la transition écologique de nos sociétés ?

Cette question a été abordée au sein de cette conférence de @GaelGiraud_CNRS auprès des étudiants de @HECParis, @centralesupelec et @ENS_ParisSaclay :



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Tout d'abord, je vous recommande évidemment d'aller voir la conférence dans sa globalité qui à mon sens permet de comprendre l'approche systémique que l'on devrait adopter pour proposer des solutions pertinentes face à l'urgence climatique :
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On y trouve notamment les constats majeurs du changement climatique et la présentation de tous les enjeux politiques, économiques et financiers.

Ce thread ne présentera donc qu'une toute petite partie des thèmes évoqués dans la présentation : les banques et la transition.
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Pour que les banques financent la transition, une solution possible est de fournir des incitations au crédit "vert" via les ratios prudentiels (édictés par le comité de Bâle). Ces ratios conditionnent les réserves de fonds propres qu'une banque doit détenir ... (4/24)

... pour se prémunir de divers risques liés à ces activités. Cette réserve agit donc à la fois comme un frein (elle réduit de facto le rendement des activités risqués) et comme un "airbag" contre les risques induits par celles-ci. (5/24)

On pourrait ainsi pénaliser les actifs "bruns" (titres de sociétés émettrices de CO2) et réduire la charge en capital pour les actifs verts. Ce système de bonus/malus a le mérite d'être simple et ferait des banques de véritables alliés de la transition. (6/24)

Cependant ce n'est pas si simple : car convaincre les politiques et financiers de la mise en place de telles règles n'est pas gagnée. Pour ce qui est du bonus vert, les banques y sont (évidemment) favorables mais pour le malus brun, pas vraiment... (7/24)

Et c'est tout à fait compréhensible : une large partie de leurs activités y est dépendante (~70% des crédits à l'énergie vont aux hydrocarbures/fossiles selon les dires de @GaelGiraud_CNRS). (8/24)

Tant que les banques auront dans leurs bilans une proportion significative d'actifs bruns, elles seront condamnées à faire du "greenwashing" et feront tout le lobbying nécessaire pour éviter un malus brun dans les ratios prudentiels : question de survie. (9/24)

Mais comment faire pour débarrasser les banques (européennes) des actifs bruns ? 3 solutions sont évoquées par @GaelGiraud_CNRS :
1 - création d'une "Junk" banque qui rachèterait tous ces actifs aux banques.
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2 - on force politiquement la transition écologique sans mesures particulières pour les banques.
3- la BCE rachète (avec décote) tous les actifs bruns des banques et utilise la création monétaire pour compenser les pertes futures attendues liées à ces actifs.
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La solution #1 est très attrayante pour les banques : elle est similaire à celle employée lors de la crise des subprimes pour sauver le système financier. @GaelGiraud_CNRS n'y est pas favorable : les banques continuant de "fumer" alors que le cancer a été détecté... (12/24).

... elles doivent (au moins en partie) assumer les conséquences de leurs décisions et le contribuable ne doit pas payer presque tous les pots cassés.
La solution #2 est attrayante pour un "dictateur vert" ; cependant elle provoque de fait la faillite des banques... (13/24)

... et oublie que les banques sont essentielles à financer toutes les activités économiques (vertueuses ou non) au sein de nos sociétés contemporaines #TooBigToFail.
La solution #3 est celle recommandée par @GaelGiraud_CNRS et paraît la plus pertinente. (14/24)

A mon avis, les banques ne seraient pas fondamentalement opposées (même si la décote ça pourrait faire mal ... mais c'est essentiel pour en tirer les leçons). Et ensuite avec le bonus/malus Bâlois, elles seraient à même d'être des alliés de la transition écologique. (15/24)

Cette solution #3 nécessite d'accepter le fait que la BCE puisse effectuer ce type d'intervention. Au delà des mécompréhensions sur sa faisabilité (où il n' y a pas de débat : ce n'est qu'une histoire d'écriture comptable)... (16/24)

... j'ai surtout l'impression qu'elle semble inconcevable pour de nombreuses personnes au sein des institutions euro. Leurs réticences sont-elles uniquement la conséquence d'un dogme économique (les règles comptables doivent s'appliquer même pour la BCE ,... (17/24)

...peur de l'hyper-inflation, autre ?) ou y a t-il de solides arguments liés à de potentiels impacts néfastes sur l'économie que cette solution pourrait engendrer ? Ce n'est pas très clair pour ma part pour le moment. #CestCompliqué (18/24)

Au delà du bonus/malus Bâlois et de l'ablation des actifs bruns pour les banques, d'autres "chantiers" sont aussi à mener pour donner les bonnes incitations aux entreprises de manière générale à s'axer vers la transition écologique ; 1 seul exemple : (19/24)

La modification des règles comptables pour ne plus valoriser les actifs/passifs en juste valeur (normes IFRS en Europe pour les spécialistes). A minima ne plus appliquer ces règles à tous les actifs bruns qui seraient hautement valorisés aujourd'hui... (20/24)

...alors qu'on sait pertinemment que ces derniers sont destinés à être des actifs échoués et qu'il y a une dette écologique sous-jacente liée à ces actifs (l'information n'est pas prise en compte dans le prix aujourd'hui car les marchés financiers ... (21/24)

... ne sont pas parfaitement efficients...).

Pleins d'autres questions subsidiaires liées à la transition écologique pour les banques mériteraient d'être approfondies mais je vais m'arrêter là pour aujourd'hui.

Merci de m'avoir lu !

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PS : merci à @GaelGiraud_CNRS, aux étudiants de @HECParis, @ENS_ParisSaclay et @centralesupelec pour l'organisation de la conférence (en particulier aux 3 animateurs Valentine Japiot, Matthieu Acker et Eva Leiros) et à val dabian pour le partage sur Youtube.

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Poke : @Heu7reka @bonpoteofficiel @alaingrandjean @Le_Reveilleur @nico_dufrene @timparrique @InstitRousseau

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