1/Indispensable Brice Couturier qui - sur les ondes d'une radio à laquelle je reste fidèle mais trop souvent perméable ou complaisante au wokisme - nous offre de quoi penser et résister.
Témoin cette série de chroniques sur les politiques identitaires venues des Etats-Unis.
2/Quand on proclame que "le personnel est politique", qd l'identité se fait révolutionnaire, quand "parler en tant que" se substitue à "l’échange d’arguments entre personnes jouissant d’un statut épistémologique égal", la "déraison" (D. Murray) s'installe. franceculture.fr/emissions/le-t…
3/Le livre de Douglas Murray rend compte des divisions qui affectent la "communauté" lgbt, entre des militants homosexuels qui aspirent à la normalisation et la tendance queer, intolérante, dont le combat vise à "une transformation radicale de la société". franceculture.fr/emissions/le-t…
4/Armé d'un "verbiage pseudo-savant" (sommairement hérité de Foucault, Gramsci, Derrida), nos "révolutionnaires d’université entretiennent l’illusion d’une authentique lutte politique dans les chaudes serres de leurs campus hyper-privilégiés" (Couturier). franceculture.fr/emissions/le-t…
5/Couturier rappelle aussi les canulars de Pluckrose & Lindsay, piégeant des revues woke par des articles parodiques sur la "culture du viol" chez les chiens, la "raideur masculine" au restaurant, ou un plagiat masqué de Mein Kampf où allemand vs juif devenait femme vs homme !
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Long fil qui me vaudra des inimitiés de toute part. 1/ Ce n’est ni la première ni, hélas, la dernière campagne de ce genre : si l’on était complotiste, on imaginerait volontiers l’extrême droite xénophobe à la manœuvre ; mais, comme Rocard, je préfère « l’hypothèse de la connerie » à celle du complot. Cela dit, c’est une bêtise porteuse d’une signification collective, pas seulement une aberration occasionnelle.
En deux mots : le ridicule de ce type d’affiche ne tient pas seulement à la bêtise de ses concepteurs (qu’il ne faut certes pas sous-estimer), mais à la collision fatale (aux deux sens du terme « fatale » : nécessaire et funeste) entre un code sémiologique et un programme idéologique. Voyons ça de plus près. (Ceux qui veulent abréger leurs souffrances peuvent aller directement au post n°6).
2/Prenons cette affiche fameuse et souvent moquée, destinée à lutter contre le harcèlement de rue. Déplaçons-la dans les années 60. Elle y serait certes toujours aussi laide, mais parfaitement à sa place. Ces comportements détestables existaient bel et bien, et leurs auteurs avaient tous des têtes « bien de chez nous ». Au demeurant, dans cette France, tout le « personnel » des campagnes d’affichage était blanc : le blanc était la couleur générique du Français, dans les publicités comme au cinéma. Flics et voyous, bons et méchants, héros et salauds, tous étaient blancs. Cette affiche serait donc passée parfaitement inaperçue (à ceci près qu’à l’époque, on était moins regardant sur le harcèlement sexuel…).
3/Les mutations démographiques de ces cinquante dernières années ont évidemment changé la donne, et l’image que la France avait d’elle-même s’en est trouvée modifiée. Il fallait prendre acte de cette évolution. Il devenait difficile de perpétuer une image de la société française immuable et figée dans la France de Renoir ou de Duvivier dans la société nouvelle qui émergeait. On a demandé aux communicants d’accompagner cette mutation en faisant plus de place aux minorités. Rien de plus normal, en ce sens, que d’introduire ce qu’on a appelé, d’un terme hélas malheureux, la « diversité ». À moins d’entretenir pendant encore une cinquantaine d’années la nostalgie d’une France qui n’existait plus et n’existera plus, il n’y avait pas d’autre solution. C’était la condition aussi pour que les descendants d’immigrés puissent se sentir accueillis et reconnus comme des Français à part entière.
1/Je sors accablé des jurys de licence et de master. il faut le savoir : des milliers d'étudiants devront cette année leurs notes ou leur diplôme à des devoirs entièrement rédigés par ChatGPT. L'intelligence artificielle produit un nouveau type de plagiat, presque impossible à prouver.
2/Je parle essentiellement des devoirs ou des dossiers préparés à la maison, qui comptent souvent pour moitié dans l'évaluation finale. ChatGPT permet à des étudiants médiocres ou nuls, s'ils passent sous les radars, d'obtenir des 17 en rendant des copies qui ne doivent rien à leurs mérites.
3/Parfois, la fraude est patente : par chance, ChatGPT aura inventé des références bibliographiques ou dit n'importe quoi. Mais c'est de plus en plus rare. Souvent, le prof en est réduit à son intime conviction : il sait que l'étudiant n'a pas le niveau pour rendre un tel devoir, mais il ne peut le prouver formellement.
1/Vous reprendrez bien une dose de prêchi-prêcha inclusif ? Julie Neveux, de l'Église des Linguistes Atterrés, se lance dans une croisade dont l'urgence n'échappera à personne : montrer que "la langue de Molière" est une expression rance, voire raciste. radiofrance.fr/franceinter/po…
2/Dans ce style cool qui fait le charme inaltérable de la subversion subventionnée (et au diable la ponctuation, les adverbes de négation, les accents circonflexes : "le français est à nous" !), elle commence par assener cette évidence : parler de "la langue DE Molière", c'est faire croire que celui-ci en serait le propriétaire ! Comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt, alors que "de" exprime la possession ?
3/Car tous ceux qui grimacent lorsqu'on maltraite la prétendue "langue de Molère" sont des incultes qui ignorent que le français évolue (et qu'"il va très bien, merci") et que les langues s'influencent les unes les autres... Derrière ces ignares, il y a la Waffen-SS de l'Académie française avec son fantasme d'une langue pure, blanche, sans mélange, morte. La "langue de Molière", c'est un peu le "Blut und Boden" des puristes.
Mise au point remarquable de l'excellent @Emmanuel_Debono sur la notion d'islamophobie, piège sémantique et politique. Emmanuel Debono rappelle que "le choix des mots engage".
Les actes antimusulmans existent, la haine antimusulmane existe ; il faut donc les désigner et les condamner comme tels, mais le mot « islamophobie » est la pire manière de le faire.
Quel est le problème ?
1/Le mot "islamophobie" aurait parfaitement pu avoir sa place à côté d'autres notions exprimant l'hostilité à des religions, comme antijudaïsme ou antichristianisme. Certes, il aurait mieux valu dire anti-islam pour que l'équivalence soit parfaite (anti-islamisme aurait créé une nouvelle équivoque). Le suffixe "phobe" introduit une notion de "peur" (et, par extension, d'inimitié), pathologise parfois indûment des positions idéologiques ou philosophiques, mais enfin, le mot avait du sens.
Car la peur de l'islam existe, et la détestation de l'islam existe aussi.
2/Puisque cette peur et/ou cette haine existent, le mot "islamophobie" aurait dû les désigner. D'ailleurs, ceux qui disent "l'islamophobie n'existe pas" sont parfois les mêmes que ceux qui affirment redouter ou détester l'islam.
Que veulent-ils dire alors (du moins ceux qui réfléchissent) ? Ils entendent par là que "l'islamophobie" au sens où l'entendent ceux qui brandissent ce mot est un concept dévoyé, ambigu et dangereux. Hélas, ils ont raison sur ce point précis.
3/De leur côté, que disent les partisans du concept d’islamophobie ? Qu’il serait à mettre sur le même plan que "judéophobie" qui désigne le rejet des juifs. Ils s'empressent d'ailleurs d'ajouter, en s'appuyant sur un semblant de raisonnement linguistique, que c'est l'usage du mot plus que son étymologie ou ses racines qui en définit le sens (ce qui est souvent vrai), en prenant l'exemple du mot "antisémite" qui, comme chacun sait (ou devrait savoir), définit la haine raciale des juifs et non celle des "sémites". Que faut-il penser de ces objections ?
1/Sur le RN et les juifs, voici quelques idées simples qui me vaudront, à coup sûr, des anathèmes des deux côtés.
En résumé, il devrait être possible de constater honnêtement le changement du discours du RN à l’égard des juifs sans tomber dans les bras et dans le piège de ce parti.
2/La transformation d’un parti historiquement antisémite en un parti officiellement hostile à l’antisémitisme doit être reconnue comme un pas dans la bonne direction - tout comme le ralliement officiel du RN à certaines conquêtes sociales ou politiques (le droit à l’avortement, le rejet de l’homophobie, la défense de la laïcité). Si ces changements de cap n’avaient pas eu lieu, on n’aurait pas manqué (à juste titre) de lui en faire grief. Dont acte.
3/De manière générale, tout recentrage d’un parti extrémiste est une bonne nouvelle. En tout cas, affirmer, contre l’évidence, que « le RN n’a pas du tout changé », c’est être aveugle ou de mauvaise foi. Or, ce n’est pas par le déni de réalité qu’on combattra ce parti.
En traquant compulsivement ce qui, dans le RN, demeure de l’ancien parti antisémite (et point n’est besoin de chercher trop longtemps, l’arrière-boutique est peu ragoûtante), on ne fait généralement que confirmer le changement qu’on prétend nier : car, justement, le RN s’emploie désormais à cacher ses antisémites (avec plus ou moins d’habileté) ou à exclure les candidats compromettants qui détonnent imprudemment avec la nouvelle ligne officielle (comme lors des dernières législatives).
1/Dans Libé, entretien à ne pas manquer avec le juriste Yann Jurovics qui met les choses au point sur l'accusation de génocide à l'encontre d'Israël.
"Les éléments constitutifs qui pourraient amener à conclure à la qualification pénale de génocide ne semblent pas présents : rien ne permet de déduire des éléments en notre possession qu’il y a eu une intention de détruire biologiquement un groupe humain en tout ou partie. Ce qui est central dans le crime de génocide, c’est le mobile qui doit être exclusivement d’en finir avec l’existence biologique d’un groupe." liberation.fr/international/…
2/Or, c'est la destruction des combattants qui était manifestement visée, si terrible qu'ait été le nombre de victimes.
"Si une armée aussi sophistiquée que l’armée israélienne tue 45 000 personnes, dont une part significative de combattants, aussi horrible que soit cette réalité de la guerre, je doute qu’on puisse lui imputer une intention génocidaire puisque le comportement et la logique génocidaires veulent qu’on essaie de tuer quasiment tout le monde. Ce résultat mortifère, dont une partie est certainement liée à des comportements pénalement répréhensibles, doit être rapporté à l’ensemble de la population palestinienne."
3/C'est l'intention de détruire un groupe qui fait le génocide, non le nombre, "puisqu’un criminel peut être incompétent ou ne pas parvenir à ses fins, tout comme un génocide peut être stoppé. Ainsi, si on était intervenu, en avril 1994, au Rwanda alors que les miliciens n’avaient tué «que» 10 000 Tutsis [le génocide y a fait plus de 800 000 morts], les responsables auraient quand même pu être poursuivis pour génocide. Pour prendre un autre exemple historique, ce n’est pas le fait que les nazis aient assassiné 6 millions de Juifs qui constitue le génocide, c’est le fait que leur politique criminelle visait à en tuer 11 millions. Le résultat importe peu, c’est l’intention qui compte."