Thread by @juliehenches

tout à l’heure j’étais assise par terre en jupe avec un collant, les genoux relevés (je précise parce que c’est important) et là j’avise un type qui se plante à quelques mètres de moi et qui me regarde fixement d’un air agressif ⬇️

je lui demande s’il a un problème : le type me regarde de haut en bas et me dit « c’est vous qui avez un problème, assise comme ça, vous êtes indécente », je lui dis « partez monsieur », le type me dit « il y a des enfants, vous n’avez pas honte »

je précise que j’étais en haut d’une impasse piétonne vide dans le 20ème, en train de prendre le soleil devant un parc, en jupe et collants noirs, les genoux repliés devant moi et les mains sur les genoux dans une posture qu’on pourrait qualifier d’assise normalement par terre

j’ai pas du tout l’intention de céder à ses intimidations et de lui faire le plaisir de me lever et de partir, alors je lui demande s’il est de la police — et là le type me dit oui je suis de la police municipale et vous allez avoir des problèmes

il vient jusque devant moi en me répétant que je devrais avoir honte, je me lève et je lui demande sa carte, pour prendre une photo.

il me montre une carte de la mairie de Paris, que je n’ai pas le temps de photographier. il me dit « attendez moi là je vais mettre mon uniforme et je reviens ». et il entre dans le parc à côté.

une femme qui a vu toute la scène s’approche de moi et me dit « vous laissez pas impressionner par les brutes, j’ai tout vu, vous étiez pas nue, il n’a pas le droit de vous dire ça. vous inquiétez pas, il ne va rien vous faire ». je tremble de rage, je me mets à pleurer.

j’ai envie de la prendre dans mes bras. dix minutes plus tard le le voilà qui revient, en uniforme de la mairie de paris, accompagné. il me hèle « toujours là vous vous avez pas honte ? » je lui demande à prendre en photo sa carte.

son collègue essaie de l’en dissuader, mais il appelle du renfort. le motif je comprendrai plus tard : « exhibitionnisme ». je suis très en colère. j’appelle un copain qui me dit d’appeler la police de mon côté, on sait jamais ce que lui va raconter.

ses collègues rappliquent. il leur expliquent que j’étais assise les jambes écartées dans une position complètement indécente (ce qui est faux) et je vois rouge. je me remets assise comme je l’étais. ils me disent ok ok ça a l’air d’aller comme position.

ensuite ils m’expliquent qu’il a dû trouver ça pas très approprié. je leur demande s’ils trouvent ça normal que leur collègue s’en prenne à une femme assise à l’entrée d’un parc et qui n’a rien demandé.

ils changent de discours : l’un des deux reconnaît que c’est « une erreur d’appréciation ». oui alors moi je trouve que c’est un comportement de gros con mais soit partons là dessus.

les flics que j’ai appelés arrivent, et face à eux ils expliquent l’erreur d’appréciation. je me remets dans la position, tout le monde convient que c’est plutôt ok. c’est un sketch.

un type qui a tout vu vient confirmer « elle a rien fait il s’en est pris à elle ». ils prennent mon identité « vous rentrez chez vous là mademoiselle ? ok bon courage » bon courage ouais ???

la décontraction du type, je m’en remets pas « oui je suis de la police et vous allez avoir des problèmes ».

bref je vais bien je suis juste très énervée

ce que cette histoire montre, c’est à quel point la place des femmes dans l’espace public est toujours conditionné au bon vouloir du regard des hommes — une bonne femme est une femme qui ne stationne pas dans l’espace public, mais qui va d’un point a à un point b.

à partir de la puberté, pas le droit de s’asseoir et de prendre le soleil innocemment dans la rue, on ne sait jamais quelle pudeur on va choquer.
qu’ils aillent se faire foutre.

merci à toutes et tous pour vos messages de soutien qui me donnent la force vous réalisez pas ♥️
j'ai eu la mairie : ils vont faire une enquête interne et surtout faire attention dans la formation de leur future police municipale ce qui est bien.

si cet incident a de l'écho c'est que ce n'est pas un cas isolé : c'est partout, tout le temps.
police, justice, santé : l'Etat doit former ses agents aux violences sexistes et sexuelles pour que ce ne soit pas le monde dans lequel nos filles (et nos garçons) grandissent.