1/En France, le terme "insécurité" ne désigne pas la violence sous toutes ses formes, mais seulement celle qui convient au récit d’extrême-droite et à la vision bourgeoise du monde. Il faut de la banlieue, de l’immigré, du pauvre, du manifestant. Tout le reste passe à la trappe :
2/Il n’y a qu’à voir l’absence d’intérêt médiatique pour une affaire choquante, qui en dit long sur la violence dans notre société : une cheffe d’entreprise a commandité l’assassinat d’un syndicaliste proche des gilets jaunes via un ex des renseignements. rtl.fr/actu/justice-f…
3/C’est lorsque ce syndicaliste, Hassan T, s’est présenté aux élections de représentants du personnel que la patronne a voulu passer à l’action, craignant, a-t-elle raconté aux enquêteurs, que « des syndicats se déclarent (…) après on perd l’esprit familial ».
4/La couverture médiatique de l'évènement est essentiellement régionale. Nul "débat" BFM ou CNews sur l'insécurité vécue par les syndicalistes, qui, sans aller toujours jusqu'à ce cas extrême, subissent pressions et intimidations dans le monde du travail.
5/L'évènement est commenté mais sous l’angle du pur fait divers, et contrairement à la moindre "violence" dans les banlieues ou les manifestations, ne fait l’objet d’aucun débat, ou "décryptage", ne participe pas au grand raout selon lequel la société serait "de + en +violente".
6/On a davantage entendu parler de cet ex-militaire qui, après être venu violenter le compagnon de son ex-conjointe et alors qu’il avait déjà été condamné 4 fois pour violences conjugales, a ouvert le feu sur des gendarmes en Dordogne. lepoint.fr/faits-divers/d…
7/Mais là encore, le lien avec "l’insécurité" n’est pas fait : tous les médias ont parlé d’un "forcené" et non d’un "terroriste" et ont retiré de ses actes leur caractère systémique et social. Si cet homme avait été arabe, l’évènement aurait été couvert sous l’angle du terrorisme
8/BFM aurait programmé trois débats sur "Islam et violences envers les femmes". Mais dans son cas, et alors qu’il avait en sa possession une arme puissante, les rédactions ont immédiatement choisi le terme de « forcené », par lequel on ne désigne rien d’autre que la violence.
9/En pathologisant la violence, les médias lui ont retiré son sens, pourtant assez clair et hélas banal : un homme qui croit qu'il a des droits sur une femme, qu'il la possède, qu'il la contrôle. C'est terriblement répandu et à l'origine de 90 meurtres de femmes en 2020.
10/C'est une insécurité qui pèse sur les femmes et leurs familles. Et pourtant, ça ne fera pas non plus l'objet de "débat", "décryptages", "analyses" de la part des journalistes et politiques spécialisés dans la dénonciation de l'insécurité en France. Sacrés hypocrites.
11/Oui, il y a une insécurité qui monte en France, mais pas celle dont celles et ceux qui se sont donnés le monopole de cette notion parlent. Les policiers meurent deux fois moins au travail qu'il y a 20 ans, mais les ouvriers du BTP et les agriculteurs toujours énormément.
12/Le terrorisme est un acte statistiquement rare, les féminicides sont des évènements courants, encore largement incontrôlés. La violence envers les syndicalistes et toutes celles et ceux qui luttent contre les injustices est quotidienne. Mais ça, Zemmour s'en contrefout.
13/ Il y a deux visions de ce qui se passe autour de nous : celle des bourgeois désormais ralliés à l'extrême-droite, pour qui la seule violence est celle des dominés ; et celle de ceux qui considèrent que les rapports de domination constituent la première des insécurités.
1/DÉCOUVREZ L'HOMME LE PLUS INCOMPÉTENT DU CAPITALISME FRANÇAIS :
Thierry Breton est commissaire européen au marché intérieur depuis 2019, récompense d’années de travail acharné et de grosses responsabilités au service de la France et de plusieurs grandes entreprises.
2/Ingénieur de formation, ancien élève de l’École Alsacienne (là où grandissent tous les rejetons de la grande bourgeoisie parisienne), il dirige dès le début de sa carrière plusieurs grandes entreprises, dont Thomson à la fin des années 90.
3/Avec le soutien financier de l’État, il tente de redresser le groupe d’électronique mais s’obstine à racheter des filiales tout en laissant tomber l’activité phare et montante de l’entreprise – la production de téléviseurs en France.
1/Je suis gêné par l'énoncé "ne pas se dire de droite ou de gauche c'est être de droite" : c'est un poncif de gens très "politisés", très convaincus. La plupart des gens, en France comme ailleurs, ne se situent pas politiquement. Cela ne veut pas dire qu'ils sont de droite.
2/Chez nous, la part de gens qui ne se sentent proche d'aucun partis ou d'aucun bord politique augmente depuis dix ans. Les personnes qui se disent "de gauche" sont plutôt minoritaires, celles qui refusent de se positionner sont majoritaires.
3/Je différencierais donc bien les gens bien nés et aisés comme Vianney qui refusent ce clivage, comme Macron en son temps, parce qu'ils n'assument pas d'être de droite (et de vouloir moins de protection sociale, plus de pouvoir pour les patrons, moins de démocratie etc.)
1/ANTISÉMITISME ET ANTICAPITALISME : Quand nous analysons une domination de classe, nous proposons la seule grille de lecture qui ne permet fondamentalement pas l'usage de concepts racistes ou antisémites. D'abord parce que nous lions la domination à des paramètres matériels :
2/Si la bourgeoisie domine, dans le système capitaliste, ce n'est pas parce qu'elle est juive ou, surtout dans le cas français, catholique : c'est parce qu'elle vole le travail des autres depuis plusieurs générations, et parce qu'elle a profité pleinement de la colonisation.
3/La religion ne joue qu'un rôle secondaire, en justifiant, a posteriori, cette domination de classe. Le christianisme a pu justifier la traite négrière et la colonisation. Encore aujourd'hui, la famille Mulliez fait précéder ses assemblées générales d'actionnaire par une messe.
1/C'EST QUOI UN BOURGEOIS ?
Je suis content qu'on dise de plus en plus "bourgeois" . Mais en l'utilisant à tort et à travers, on vide le terme de sa portée critique. Moi-même ça m'arrive d'en faire un usage immodéré. Or, n'est pas un bourgeois votre pote qui a des goûts de luxe :
2/La classe bourgeoise est la classe dirigeante dans notre système capitaliste. Elle cumule direction du travail via les entreprises, direction de l’Etat et direction des médias. Cette classe sociale regroupe les personnes qui possèdent les moyens de production et leur famille.
3/C’est-à-dire tous ceux qui ont du patrimoine financier et immobilier productif : posséder des logements que l’on loue à d’autres, et pas simplement posséder son propre logement. Et assez d'actions pour avoir une place dans les orientations stratégiques d’entreprises.
1-POURQUOI LE BURN-OUT S'ÉTEND : Le burn-out, ou épuisement professionnel, est une maladie professionnelle non reconnue qui fait des ravages à mesure que les conditions de travail se dégradent. En France, les troubles psychologiques constituent le premier motif des arrêts longs
2-Tandis que les arrêts longs pour trouble psychologique ont été multipliés par deux en l’espace de trois ans, passant de 14 % à 32 % des motifs. Les réponses apportées sont individuelles et peu efficaces. Le gouvernement envisage de lutter contre ces arrêts plutôt que leur cause
3- En 2017, le gouvernement et sa majorité ont mis en échec la proposition de loi LFI de reconnaissance du burn-out, ou épuisement professionnel, en raison de son supposé manque de consistance. Il serait trop difficile à définir, à répérer. C'est parfaitement faux :
La question qu'on me pose à toutes les présentations de Parasites et Frustration : "comment peut-on politiser les gens et les amener à se révolter ?"
Ma réponse : arrêter de considérer que "les gens" ne seraient pas politisés ou révoltés. Parfois, ils le sont même plus que vous.
De nombreux éléments, surtout en ce moment, montrent que la plupart des gens savent bien ce qu'il se passe. Mais ils ne voient pas comment agir ou pensent que c'est foutu et que le mieux qu'ils puissent faire et de s'occuper de leurs proches et d'eux-mêmes. Comment les blâmer ?
Nous avons d'un côté des directions syndicales qui n'ont rien trouvé mieux, face a une mobilisation historique, de relâcher la pression un mois pour voir (on a vu, tous les sujets de la bourgeoisie et de l'extrême droite ont occupé le débat public laissé vacant)