«Arabe de service» : le journaliste Taha Bouhafs est jugé ce mercredi pour avoir insulté la policière Linda Kebbab.

L'audience se tiendra à 13h30 devant le tribunal correctionnel de Paris ⬇️
lefigaro.fr/faits-divers/a…
J’ai oublié de préciser : je serai évidemment à l’audience pour vous tenir au courant !
Taha Bouhafs vient d’arriver sur place. Il porte un t-shirt sur lequel est écrit «1871, La Commune de Paris».
Il y aura 20 dossiers avant le procès de Taha Bouhafs, nous indique une policière. Les journalistes sont invités à patienter à l’extérieur de la salle en attendant.
Les journalistes ont finalement pu rentrer dans la salle d’audience. Il y aura donc 20 dossiers avant le dossier «Bouhafs / Kebbab».
Dans la salle d’audience on peut notamment voir Abdoulaye Kanté (policier) ou encore David Guiraud (porte-parole jeunesse à LFI).
Me Arié Alimi et Me Yassine Bouzrou, les avocats de Taha Bouhafs, sont dans la salle d’audience.

Linda Kebbab et son avocat, Me Thibault de Montbrial, viennent d’arriver à l’instant.
Les avocats de Taha Bouhafs ont soulevé plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité (QPC).

Le procureur les estime «pas recevables».

Le tribunal s’est retiré quelques instants. L’audience est suspendue.
Me Arié Alimi soulève désormais des questions de nullité.

Le fond du dossier n’a toujours pas été abordé.
«Qui a signé l’acte de poursuite ? On ne sait pas qui a signé pour le procureur de la République», explique Me Arié Alimi.

Il estime que cela entraîne «l’annulation de l’acte de poursuite».
Les débats sur des questions de QPC se poursuivent.

Le fond de l’affaire n’a toujours pas été abordé.
«Linda Kebbab est une syndicaliste qui utilise son origine pour invisibiliser le racisme dans la police», estime Taha Bouhafs à la barre.

«La formule n’était pas la bonne mais il n’y avait pas d’intention raciste», poursuit-il.
Plusieurs témoins venus soutenir Taha Bouhafs sont désormais auditionnés.

Le premier est Noam Anouar, un fonctionnaire de police suspendu pour violation du devoir de réserve. Il dénonce «le racisme au sein de l’institution policière».
Éric Coquerel (député LFI) vient d’entrer dans la salle d’audience.
Amar Benmohamed, un policier qui a dénoncé le comportement de ses collègues, s’exprime désormais devant le tribunal.

Il reste encore plusieurs témoins.
Plusieurs policiers défilent à la barre. Ils témoignent de discriminations (en raison de leur origine ou de leur orientation sexuelle) dont ils ont été victimes au sein de la police ou de discriminations envers des mis en cause. Ils dénoncent l'inertie de leur hiérarchie.
La militante féministe "décoloniale" Françoise Vergès prend désormais la parole.

Selon elle, "arabe de service" est une expression politique et sociale qui recouvre une instrumentalisation d'individus et met en lumière une stratégie du racisme.
Eric Fassin, sociologue et professeur à Paris VIII, témoigne à son tour à la demande de la défense.

"Peut-on isoler une scène entre deux individus de toute une histoire sociale ? Le racisme est lié à une histoire", explique-t-il.
L’audience, qui dure maintenant depuis plus de 6h, est suspendue jusqu’à 20h45.

Linda Kebbab s’exprimera, si elle le souhaite, après la suspension.
"J'ai été souillée par cette injure", explique Linda Kebbab à la barre, des sanglots dans la voix et au bord des larmes.
"C'est comme si je n'avais pas d’intelligence, pas de compétence, pas de courage. Mais que j'étais là parce que je suis une arabe et que c'est la seule raison pour laquelle on me connaît (...) je suis policière parce que j'aime mon métier", poursuit-elle, très émue.
"Je refuse de dire que le racisme est systémique dans la police (...) Ce qui est systémique dans la police c'est l'omerta", explique-t-elle, citant l'absence de prise en compte des problématiques des agents de terrain.
"Il y a un an je me suis sentie souillée, rabaissée, stigmatisée, assignée. C'est comme si on me disait : 'tu aurais dû avoir un autre rôle en rapport avec tes origines'", explique Linda Kebbab à la barre, toujours très émue.
"Vous êtes censé lutter contre le racisme mais vous assignez les gens", dit Linda Kebbab à Taha Bouhafs.

Elle poursuit : "Je ne suis pas une indigène, je suis Française !".
Les avocats vont maintenant plaider.
"Quand on regarde le parcours de Mr Bouhafs, on voit qu'il est dans une logique de fracturation de la société. Le message du tweet est une infraction pénale", plaide Me Thibault de Montbrial, l'avocat de Linda Kebbab.
Me Thibault de Montbrial dénonce "la logique de la revanche" portée par la mouvance antiraciste. Il met en garde contre "des fractures mortifères".
"La stratégie indigéniste, c'est de tout faire pour que les jeunes d’origine étrangère ne rentrent pas dans l’universalisme républicain. Ce discours, c'est 'soit tu es leur larbin et tu nous trahis, soit tu es leur victime'", plaide Me Thibault de Montbrial.
"Je suis fasciné par Monsieur Fassin. Il a eu une peine absolue à démontrer que les propos tenus (par T.Bouhafs) n'étaient pas racistes. Il a dit : 'le racisme, c’est la façon dont c’est ressenti'", explique le procureur, en référence à l'émotion de Linda Kebbab à la barre.
"Le propos est intrinsèquement raciste et tombe sous le coup de la loi", tranche le procureur.

"On la réduit à son origine, on l'essentialise (...) Je vous demanderai de stigmatiser le propos", poursuit-il en s'adressant aux juges.

Il demande 1500 euros d'amende.
"Taha Bouhafs était légitime à prononcer cette formule (arabe de service)", estime Me Yassine Bouzrou, dénonçant "les silences assourdissants" de Linda Kebbab sur le racisme dans la police.
"Linda Kebbab a été mandatée pour fermer les yeux sur les actes racistes dans la police", accuse Me Yassine Bouzrou.
«L’intention raciale, c’est l’auteur. Est-ce que Taha Bouhafs a l’intention d’inférioriser et de stigmatiser le groupe «arabes» ? C’est ça la vraie question», plaide Me Arié Alimi.
Nous sommes dans la salle d’audience depuis maintenant près de 10h. Les paupières commencent à être lourdes 😅
«Linda Kebbab tient un discours, une posture sociale et politique écoutée par beaucoup de gens, où elle dit qu’il n’y a pas de racisme dans la police. C’est ça le noeud du problème», estime Me Arié Alimi.
«Mr Bouhafs parle de Mme Kebbab en tant que syndicaliste de police. Il n’a aucune animosité personnelle. Le problème c’est qu’elle tient un discours qui utilise son origine pour invisibiliser les victimes du racisme et protéger une institution raciste», dit Me Arié Alimi.
«Je suis très fier de défendre Taha Bouhafs et d’être son ami», lâche Me Arié Alimi à la barre, visiblement ému, après avoir raconté son parcours de Grenoble à Paris.

Il demande aux juges de ne pas le condamner car sinon «un pas sera franchi».
«Je suis un citoyen francais comme Linda Kebbab. Je critique la France pour contribuer à l’améliorer. Je visais son discours, pas son origine. Je visais sa place dans le champ social et politique. Je continuerai à me battre contre toutes les oppressions», conclut Taha Bouhafs.
⚠️ Le tribunal rendra sa décision le 28 septembre 2021 !
Merci à ceux qui ont suivi mon thread 😉

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