Thread by @VapolitiqueCH

Le thread sur le rapport EU Nicotine Users Survey 2020: quelques éléments à retenir ou à discuter...
35,292 participants résident dans l'UE, dont 34,991 utilisateurs d'au moins un produit de nicotine (exclus les légumes solanacées)
Forte ("sur")représentation de vapoteurs

27,758 ex-fumeurs dans l'enquête de l'ETHRA :
97.2% citent la vape comme aide effective à leur arrêt tabagique,
1,9% le snus,
2.8% les substituts nicotiniques pharmaceutiques
0.6% les médicaments,
0,2% les actions de l'OMS...
ethra.co/images/Rapport…

Snus et nicotine pouches : 73.6% des utilisateurs de snus dans l'UE, ayant fumé dans leur vie, ont arrêté de fumer.
En Suède où il est en vente légale, les usagers de snus ayant fumé sont 85,6% à avoir arrêté de fumer. Les encore fumeurs sont pour les 3/4 fumeurs occasionnels

Snus en Suède: 43.3% des ex-fumeurs suédois ont cité le snus comme aide effective à l'arrêt.
Le snus est interdit dans le reste de l'UE.
La Suède a le plus bas taux de fumeurs de l'UE (~7%) et surtout le plus bas taux de maladies liées au tabagisme.
mdpi.com/1660-4601/13/1…

Dans l'enquête d'ETHRA, 30.9% des fumeurs actuels dans l'UE se disent intéressés à essayer le snus s'il était légal.
La principale raison pour l'essayer est la réduction des risques pour 75% des interrogés.
Puis réduire le coût par rapport à fumer et arrêter de fumer pour >60%...

Autre moyen d'éviter de fumer pour consommer de la nicotine: la vape bouscule les habitudes depuis 10 ans.
Plus de 32'000 répondants à l'enquête ETHRA sont vapoteurs.
83.5% des vapoteurs, ayant déclaré avoir fumé, ont arrêté de fumer

- 97% des vapoteurs estiment la réduction des risques comme une raison importante de leur adoption de la vape. 98% estiment cette raison importante pour continuer de vapoter
- le désir d'arrêter de fumer a été un moteur à l'adoption de la vape pour 90.2%

La possibilité d'ajuster les appareils et les e-liquides est reconnue comme importante par 82.7%.
C'est un élément essentiel dans la démarche de reprise d'autonomie des usagers qui arrêtent de fumer.
N'autoriser que les pods pré-remplis serait une régression sur cet aspect

Après + de 4 ans de mise en oeuvre de la directive TPD, ses conséquences sont mesurables.
L'une d'elle mise en lumière par l'enquête de ETHRA est la nette augmentation du volume d'e-liquide consommé par jour par les vapoteurs: de 3 ml en 2013 à 10 ml en 2020

Cette augmentation de volume consommé est corrélée à une baisse de la concentration en nicotine des e-liquides utilisés.
L'effet bien-connu d'autotitrage des consommateurs de nicotine inhalée explique le phénomène de compensation.

Deux éléments de la TPD paraissent être impliqués dans ce phénomène:
- la limite de volume de 10 ml des fioles et la limite de nicotine à 20 mg/ml ont poussé une large partie des usagers vers des liquides très peu dosés en nicotine et compenser par le volume consommé.

65.9% des vapoteurs utilisent des e-liquides à <6mg/ml de nic.
Ceci est lié au phénomène des shortfills, des flacons d'e-liquide de + de 10 ml, qui coûtent ~1/2 moins chers que l'équivalent en 10 ml.
Mais les shortfills ont au final de très bas taux de nicotine (moins de 6 mg/ml)

La TPD a produit ainsi un 1er effet pervers avec la limite à 10 ml des fioles nicotinées.
Leur prix élevé a chassé une large partie des vapoteurs vers une alternative à très faible taux de nicotine, insuffisant pour éviter un effet compensatoire pour beaucoup d'usagers.

Le facteur coût est évidemment clef sur le sujet. Les vapoteurs se réfugient vers les short-fills à cause de l'augmentation des prix.
87% achèteraient des flacons plus grands pour réduire le coût en cas d'abrogation de la limite des 10 ml.

Remarque: Je ne sais pas si les fonctionnaires à Bruxelles ont conscience des conditions de vie de la population générale. A lire leur rapports etc., ils me donnent souvent l'idée de croire que tout le monde a un pouvoir d'achat confortable comme le leur...

L'autre limite de la TPD de 20 mg/ml max de nicotine a tiré vers le bas le taux de nic. des e-liquides et du coup vers le haut le volume consommé.
Avant la TPD, 23.5% des vapoteurs ayant arrêté de fumer avaient utilisé un liquide à + de 20 mg/ml
doi.org/10.3390/ijerph…

Un quart des vapoteurs de l'enquête pensent qu'ils diminueraient leur conso d'e-liquide si la limite de 20 mg/ml était relevée
Et plus de 30% des fumeurs qui vapotent déjà pensent que cela leur permettrait de complètement lâcher la cigarette

1er constat, la TPD a poussé une large partie des vapoteurs vers une conso plus importante d'e-liquide à faible taux de nicotine avec les deux limitations sur les flacons d'eliquide.
On devine aussi que ces limites ont empêché des fumeurs de totalement passer au vapotage.

Pourtant, les deux-tiers des fumeurs de l'enquête aimeraient arrêter de fumer.
Parmi eux, un quart pointe l'entrave du coût des alternatives à risque réduit.
Et 23.8% ne savent pas la raison pour laquelle ils n'arrêtent pas de fumer malgré leur désir...

La part de fumeurs qui voulent arrêter de fumer mais en sont empêchés par le coût des moyens de réduction des risques varie selon les pays.
La perception de cette barrière à l'arrêt tabagique est corrélée au niveau des taxes anti-vapotage

Ce rôle des coûts dans la réduction des risques illustre en creux la dimension de classe sociale du sujet. Le tabagisme est devenu un problème des pauvres.
Et cela nourri un grand mépris de classe sur la réduction des risques (lire le Monde pour illustration)

Dans les pays les plus répressifs, l'accès aux produits de vapotage est aussi une entrave à l'arrêt tabagique. Les licences spéciales en Finlande, le monopole d'Etat en Hongrie, les interdictions d'achats à distance constituent des freins. Qui devraient être mieux évalués...

L'étude ITC 4 countries de 2017 avait déjà mis en lumière le poids des réglementations dans l'arrêt tabagique à l'aide du vapotage.
Mais à la lecture des rapports de la Commission Européenne, cet aspect ne semble pas l'intéresser... on se demande pourquoi
academic.oup.com/ntr/article/19…

En plus d'empêcher des fumeurs d'arrêter de fumer, les pays avec les réglementations les plus coercitives contre le vapotage, poussent les usagers vers des sources alternatives et/ou des achats à l'étranger.
Avec une bien moindre sécurité sanitaire des produits.

Cela entraine aussi la dévastation du secteur des magasins de vape spécialisés. En Finlande, 72% d'entre eux ont fermés en 2017 suite aux mesures anti-vape du Gvt.
Ils sont pourtant l'un des principaux lieux d'arrêt tabagique au Royaume-Uni et en France.
mdpi.com/1660-4601/15/2…

Une des conséquence de la politique anti-réduction des risques en Finlande est que le taux de tabagisme en 2018 est le même qu'en 2013, malgré beaucoup d'effets d'annonce ronflant sur le sujet de la lutte anti-tabac.

Quelles seraient les réactions des vapoteurs européens si la Commission réussit à imposer à toute l'UE des mesures comme en Finlande ou en Hongrie ?
1) En cas de taxe élevée: 61% pensent se tourner vers des sources alternatives et 28% craignent de recommencer de fumer

2) Si l'UE interdit les arômes de vape lors de la révision de la TPD, 71% pensent se tourner vers des sources alternatives et 28% (aussi) craignent de recommencer de fumer

En somme, les autorités européennes ont les cartes en main pour détériorer la situation, pousser des millions de vapoteurs vers des sources parallèles ou retourner fumer, et dégouter quelques dizaines de millions d'européens des instances européennes.

A l'opposé, elles peuvent aussi profiter de l'opportunité pour améliorer la réglementation. Révision des limites contre-productives vues plus haut, et donner au public un accès ouvert aux informations qu'elles collectent déjà sur les produits de vapotage

Question de choix politique entre une perspective de pourrissement de la situation contre la vape, ou le développement d'une politique de réduction des risques qui pourrait permettre aux près de 100 millions de fumeurs européens d'éviter le fardeau sanitaire du tabagisme.
fin

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